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Istiqlal Chabat : s'en va-t-en guerre  
actuel n°171, jeudi 6 décembre 2012
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Alors qu'une grande partie des istiqlaliens soutient la fronde contre Chabat et qu'une plainte pour invalider son élection suit toujours son cours, le bouillant secrétaire général du parti de Allal El Fassi n'a qu'une obsession : le remaniement ministériel qui lui permettrait de placer ses hommes au gouvernement.


 

Des militants anti-Chabat qui opèrent une descente musclée à Aïn Sebaâ, d'autres qui empêchent la tenue d'une réunion à Laâyoune… Mais que se passe-t-il à l'Istiqlal ? Sur le plan judiciaire, tout semble indiquer que le nouveau secrétaire général a décidé d’ignorer la plainte déposée auprès du tribunal de première instance de Rabat. L'audience a été reportée au 14 décembre en raison de l'absence de l'intéressé et de son avocat. Sur le plateau de Medi1 TV, Chabat a tout bonnement évacué la question. Visiblement irrité, il a affirmé ne pas connaître les auteurs de la plainte, s'interrogeant même sur leur affiliation à l'Istiqlal ! « Chabat peut raconter ce qu'il veut. Ce qui nous intéresse, c'est la réponse qu'il compte donner à la justice pour réfuter les preuves flagrantes des irrégularités qui ont entaché son élection et celle du bureau exécutif », lui répond Anas Bensouda, membre du conseil national de l'Istiqlal, et signataire de l’action en justice destinée à invalider l'élection de Hamid Chabat à la tête du parti, ainsi que celle du comité exécutif. Car Chabat ne serait pas seul en cause, mais aussi Abbas El Fassi et son bureau exécutif, dont la démission devait se faire la veille du congrès… et qui n'a jamais eu lieu. « Abbas El Fassi est prêt à comparaître pour témoigner de cela », précise toutefois l'un des cadres du parti.

 

L'Istiqlal marginalisé par le PJD ?

Pendant ce temps-là, Chabat multiplie les sorties, les unes plus incendiaires que les autres. Dernière en date, sa prestation télévisée sur Medi1 TV. Comme d'habitude, le secrétaire général du parti de Allal El Fassi a consacré une grande partie de ses critiques à l'équipe Benkirane. « Ils ne nous consultent jamais, notamment sur les mesures impopulaires qu’ils prennent, et qui provoquent la hargne de l’opinion, faisant de nous une cible idéale des critiques populaires puisque nous formons ensemble la majorité », tonne Chabat à notre consœur Ikbal Bencherif sur le plateau de l’émission « 90 minutes pour convaincre ». Le patron de l'Istiqlal considère que son parti, bien que numéro deux de la coalition gouvernementale, est marginalisé par le PJD en la personne du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Il a donc pris un malin plaisir à dénigrer les ministres istiqlaliens, notamment celui de l’Education nationale, Mohamed El Ouafa, ou encore Nizar Baraka, obligé de composer avec le ministre PJD, Idriss Azami Al-Idrissi, qui semble être le véritable patron des Finances.

Mettant en garde contre le risque que « si le PJD continuait ainsi sur sa lancée, il conduirait le Maroc vers les incertitudes de l’avant-discours royal du 9 mars, qui institua la réforme constitutionnelle et la transition démocratique », le maire de Fès a fait feu sur des ministres PJD de plus en plus impopulaires dont les actions iraient à l'encontre des intérêts des plus démunis. D’après lui, la cacophonie ambiante au sein de l'équipe gouvernementale impacte négativement le rendement de tout l’exécutif, tout en adressant des messages contreproductifs à l'opinion publique. « Ne nous voilons pas la face, il y a le feu dans la maison, les Marocains sont en colère contre les augmentations incessantes des prix des produits de consommation, auxquelles le gouvernement semble n’accorder aucune attention », s’alarme Chabat, avertissant, qu’il mettra la pression pour qu’un remaniement ministériel soit effectif au début de l’année prochaine.

Chabat mettra-t-il sa menace à exécution ? « C'est du Chabat pur et simple, le numéro un de l'Istiqlal fait monter les enchères. Il est dans son rôle, mais le remaniement ne dépend pas de lui. Et, quand bien même il le voudrait, à part deux ou trois opportunistes qu'il aurait convaincus d'un strapontin ministériel, il ne trouvera pas grand-monde dans ce parti pour soutenir une telle aventure, porteuse de tous les dangers », explique un des cadres dirigeants de ce parti qui ajoute que l'Istiqlal ne désavouera jamais Benkirane tant que ce dernier aura la bénédiction du Palais.

Cela n'empêchera pas Chabat, par ailleurs patron de l’UGMT, de mener la vie dure à Benkirane. En témoigne la surenchère dans les grèves dont la toute dernière, celle des transporteurs routiers de vendredi dernier, a paralysé en partie le pays.

 

Un mode de gestion passéiste

Maintenant, ce qui est encore plus préoccupant, c'est l'avenir du parti de Allal El Fassi. Les craquements observés au lendemain de l'élection controversée de Chabat ne sont que le prélude de ruptures plus graves qui apparaîtront au grand-jour à l'approche des communales. L'Istiqlal risque ainsi d'être victime de son histoire. Soumis à une discipline rigoriste, sans véritable droit d'expression aux différentes sensibilités qui le traversent, l'Istiqlal, que le pouvoir a longtemps considéré comme un simple outil, paye aujourd'hui le prix de ce mode de gestion passéiste. Chabat, risque tout simplement de contraindre ce grand parti a un avenir incertain. Les luttes intestines pourraient bien désormais dominer sa vie interne. Et cela risque de durer.

Abdellatif El Azizi

El Ouardi veut des excuses

 

C’est l’intervention de Rachid Talbi Alami sur le plateau de « 90 minutes pour convaincre », sur Medi1 TV, qui a mis le feu aux poudres. Le député RNI a brandi une lettre anonyme arrivée sur le bureau de El Habib Choubani et adressée à El Hossein El Ouardi. Cette missive dénonce des pratiques malsaines, comme la corruption au niveau de la Faculté de médecine dont le ministre assurait alors la direction. Chabat n’a pas hésité à accuser le professeur en médecine d’avoir couvert ces irrégularités flagrantes. La réponse de l’intéressé ne s’est pas fait attendre puisque El Ouardi a demandé au secrétaire général du parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat, de s’excuser publiquement pour les propos qu’il a tenus lors de l’émission, ajoutant qu’il se réserve, avec son parti, le droit de recourir à la justice. Dans un communiqué adressé à la MAP, le ministre de la Santé est revenu sur les accusations formulées à son encontre par le secrétaire général de l’Istiqlal et affirme ne pas saisir « les motifs qui se cachent derrière l’évocation, en ce moment précis, de cette question qui devait, en toute logique, être soulevée en février 2012, soit dix mois auparavant ».

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