| Au niveau de la hiérarchie du parti, l'heure est aux grandes offensives. Le congrès de Bouznika, qui a élu Mustapha Bakkoury à la tête du PAM, a tenté de dédouaner la formation face à une crise idéologique que ses choix au pouvoir ont pourtant largement alimentée. 
 Un seul ĂŞtre vous manque et tout est dĂ©peuplĂ©. » L'ombre de Fouad Ali El Himma a planĂ© sur l'ouverture du congrès national extraordinaire du PAM. Autre absence remarquĂ©e, celle du chef du gouvernement qui a fait dĂ©fection au dernier moment, prĂ©fĂ©rant mandater quelques-uns de ses lieutenants dont Abdellah Baha.  Mais le clou du spectacle fut sans aucun doute le plĂ©biscite de Mustapha Bakkoury Ă  la tĂŞte du parti du tracteur. L'ex-patron de la CDG a recueilli 352 voix (sur un total de 388), contre 29 pour Samir Goudar, après le dĂ©sistement d'un illustre inconnu, Zouhir El Allioui, apparemment cooptĂ© juste pour amuser la galerie.  Alors que le vĂ©ritable adversaire de Bakkoury, Hakim Benchemass, avait Ă©tĂ© neutralisĂ© la veille avec un cadeau de choix : la prĂ©sidence du conseil national du parti. Mais avant que le sort du nouveau patron du parti du tracteur ne soit scellĂ©, le week-end du 17 au 19 fĂ©vrier Ă  Bouznika n'a pas Ă©tĂ© de tout repos pour Ilyas El Omari et ses lieutenants, les vĂ©ritables architectes du PAM new look. Trois jours de dĂ©bats enflammĂ©s autour de la nouvelle identitĂ© du parti ont dĂ©bouchĂ© sur l'adoption d'une sorte de rĂ©fĂ©rence Ă  une sociale dĂ©mocratie oĂą « un Etat social garantirait l’indĂ©pendance de la justice, la reddition des comptes, la rĂ©partition Ă©quitable des richesses et la prĂ©pondĂ©rance des institutions ». Les dĂ©clarations du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral sortant, Mohamed Cheikh Biadillah, sur le poids de ce parti - stimulĂ© par un score confortable Ă  l’issue des dernières lĂ©gislatives - ne devraient pas cacher la crise que vit le PAM depuis que cette formation a fait la « Une  » des banderoles des manifestants du 20-FĂ©vrier. Lors de la sĂ©ance inaugurale de cette grand-messe du parti, Biadillah a tenu Ă  prĂ©ciser que l’organisation de ce congrès extraordinaire avait lieu un an avant la date initiale prĂ©vue, « une dĂ©cision prise par le bureau national Ă  l’issue des dernières Ă©lections lĂ©gislatives » prouvant qu'il y avait pĂ©ril en la demeure. Le slogan « Pour la consolidation du choix dĂ©mocratique », choisi par le PAM pour son congrès, n'est pas fortuit : on ne se dĂ©barrasse pas de l'Ă©tiquette de « parti du Makhzen » aussi facilement.  Fort de son « rĂ©seau » de notables, de l'appui du Palais et du silence de la classe politique assommĂ©e par des querelles de strapontins, le PAM Ă©tait assurĂ© de dĂ©crocher la chefferie du gouvernement. Pour prĂ©parer et verrouiller la victoire, on avait mis dans la course, un numĂ©ro deux, le RNI, chargĂ© de jouer le lièvre. L'alliance dĂ©mocratique, mort-nĂ©e, tĂ©moigne de ce plan qui a valu Ă  Salaheddine Mezouar la douche froide du 25 novembre dernier. La suite, on la connaĂ®t. L'intrusion inopinĂ©e du 20-FĂ©vrier dans le jeu politique avait mis Ă  l'eau les plans de l'ingĂ©nieur en chef du PAM. Le parti du tracteur est-il  pour autant mort et enterrĂ©, comme le souhaitent ardemment ses ennemis ? Que nenni. Avec leur retour politique en vue, les pamistes tentent Ă  prĂ©sent de reprendre leur offensive contre le PJD qui se dĂ©bat dans les difficultĂ©s gouvernementales, en faisant valoir au passage que dĂ©sormais le PAM « n'est plus le parti du Makhzen mais plutĂ´t celui de tous les Marocains ». « Le parti se trouve maintenant dans une position confortable quantitativement et qualitativement. Il a enterrĂ© le passĂ©, et doit poursuivre son projet avec un enthousiasme intact », s'enthousiasme son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral sortant, Cheikh Biadillah. Abdellatif El Azizi |