Des promesses plus réalistes, un discours plus lisse, le gouvernement Benkirane présente sa feuille de route pour les cinq prochaines années. En voici l'essentiel.
Le programme gouvernemental ne ressemble pas au programme du PJD. Moins ambitieux – ou plus réaliste –, le plan d’action de l’équipe Benkirane est un mix des programmes des partis de sa coalition.
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Les islamistes ont quand même pu imprimer leur empreinte, notamment sur le volet identitaire. Dans le « livre blanc », remis à la presse à l’issue du discours de Benkirane, l'islam et l’identité nationale unificatrice figurent à la une.
C'est le premier pilier du programme du nouveau gouvernement. Dans son allocution, le chef du gouvernement a tenu à souligner que les langues arabe et amazighe seraient « renforcées, dans un cadre garantissant l'unité et la diversité » du Royaume, en précisant que « l'identité marocaine se distingue par la place prééminente accordée à l'islam ».
Le Printemps arabe traverse également en lame de fond la déclaration de politique générale. Le triptyque « dignité-liberté-justice sociale » est clairement mentionné dans le programme et le chef du gouvernement ne manquera pas non plus de dire que sa déclaration s’inscrit dans le cadre « de la dynamique démocratique que connaît le monde arabe ».
Il n'oublie pas cependant de souligner l'attachement du Royaume « à la religion de l'islam tolérant, la monarchie constitutionnelle, la démocratie et la défense de l'intégrité territoriale », laquelle constitue la priorité des priorités.
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Forte connotation sociale
Côté économique, le nouveau gouvernement table sur un taux de croissance de 5,5% pour les quatre prochaines années.
L’objectif, c’est aussi de « maîtriser l'inflation autour de 2%, réduire le taux de chômage à 8% et le déficit budgétaire à 3% (6% du PIB attendus en 2011) durant les quatre années à venir », a déclaré Benkirane, seize jours après la formation du gouvernement, sachant que le Maroc a enregistré une croissance de 4,5% en 2010 et s'attend à un taux de 4% à 5% en 2011.
Officiellement établi à 9,6%, le taux de chômage devrait également être ramené à 8% à l’horizon 2016. Pour ce faire, le gouvernement entend bien poursuivre les programmes déjà enclenchés (Taahil, Moukawalati, Idmaj) et propose d’en ajouter trois nouveaux autres.
Il s’agit de Moubadara (Initiative) qui « vise à encourager le recrutement au sein des associations actives dans les services sociaux et pédagogiques », de Taatir (Encadrement) qui consiste à « octroyer des bourses aux diplômés-chômeurs pendant une longue durée, durant leur stage de reconversion » et, enfin, du plan Istiaab (résorption) qui aura pour mission « de créer un système incitatif pour le basculement de l’informel à l’économie structurée ».
Ce sont ces trois nouvelles mesures que propose donc Benkirane pour « diminuer l’impact du chômage des jeunes, et réduire les inégalités sociales » qui constituent les grands défis du gouvernement. Et surtout calmer les ardeurs de la contestation sociale.
Par ailleurs, tout en considérant la lutte contre la corruption comme un « axe de première importance » de l'action de son équipe, Benkirane a souhaité l'éradication de l'illettrisme en ramenant son taux à 20% (contre 30% actuellement, selon les chiffres officiels).
Son programme promet aussi la création d'un « fonds public d'assurance sociale pour les démunis ».
Figure également au programme la construction de logements sociaux, notamment un produit nouveau ciblant les classes moyennes, pour réduire le déficit de 840 000 à 400 000 unités, et « accélérer la mise en œuvre des projets de villes sans bidonvilles ».
Le salaire minimum à 3 000 dirhams a disparu des promesses du PJD. Dans son programme, le gouvernement promet « d'œuvrer pour une hausse graduelle du SMIG ». Pour rappel, c’est la mesure attendue par 71% des Marocains, d’après le sondage réalisé pour actuel (N°120).
Ali Hassan Eddehbi |