Après la récente création du G8, voici l'Alliance du centre. Les divergences idéologiques cachent d'autres motifs de rupture moins louables.
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Mezouar n'a pas fait que des heureux ; les mécontents du G8 ont planché pendant quelques jours avant de lancer leur « Alliance des partis du centre ». La naissance officielle, qui date du 26 octobre, a été suivie de réunions marathon des états-majors du Mouvement démocratique et social (MDS), du Parti Al AhdAddimocrati et du Parti du renouveau et de l'équité (PRE).
Cette initiative intervient quelques jours seulement après l'annonce de la formation d'une grande coalition comptant huit partis : le Rassemblement national des indépendants (RNI), l'Union constitutionnelle (UC), le Mouvement populaire (MP), le Parti authenticité et modernité (PAM), le Parti socialiste (PS), le Parti de la gauche verte (PGV), le Parti travailliste (PT) et le Parti de la renaissance et de la vertu (PRV).
Les dirigeants du nouveau pôle se défendent d'avoir réagi à la création du G8. « Cela fait plus d'une année que l'on avait décidé avec le Mouvement populaire d’étudier la possibilité de former une union de partis ; cette option avait été validée par les bureaux politiques du MDS, d’Al Ahd, du PRE et du MP.
Certains milieux étaient inquiets de cette union. Au même moment, l’union des partis avait été supprimée de la nouvelle loi des partis politiques, ce qui nous avait poussés à abandonner l’option de l’union », explique AbdessamadArchane, le numéro deux du MDS.
« Nous avons été créés par le peuple »
Même si les partis formant cette union sont restés attachés à un cadre commun de coordination, le MP de MohandLaenser a décidé de faire cavalier seul au début, avant de rejoindre le G8.
Selon NajibWazani, secrétaire général du parti Al AhdAddimocrati, « actuellement, il y a une alliance de la droite traditionnelle orientée contre les partis de la gauche et contre les partis à référentiel islamique. Notre alliance n’a aucun problème ni avec la droite ni avec la gauche ou les islamistes.
Il faut préciser que les partis de la droite ont été fabriqués par l’administration. Nous, nous avons été créés par le peuple, nous avons notre liberté d’initiative et nous n’avons aucun complexe vis-à -vis d’aucune alliance ».
C’est la première fois que NajibWazani, qui avait été l’un des artisans de la création du PAM, sort de son mutisme après avoir décidé de quitter le parti du tracteur et fondé le sien. Pour ce Rifain qui réussit toujours envers et contre tous à se faire élire à Nador, l’alliance de droite (G8) a été formée contre les partis de la gauche.
« Cette droite court derrière le pouvoir, ces partis essaient de donner l’impression aux citoyens d’être de grands partis et font main basse sur les médias publics. Nous refusons de classer les partis entre grands et petits, ce sont les résultas du scrutin qui donneront à chacun la place qu’il mérite », s'insurge NajibWazani.
Et c’est avec un discours critique qu'il défend son alliance du centre. « Nous ne sommes pas une alliance cocotte-minute, nous avons été combattus par certains milieux. La loi des partis politiques a même été changée pour que l’union des partis soit abandonnée. »
Une position confirmée par ChakirAchehbar qui affirme que « l’Alliance pour la démocratie » était la dénomination prévue pour l’Alliance du centre : « Certains ont été jaloux de cette appellation et se sont même accaparé la formule. »
Barrer la route aux barons
Concernant les élections, cette alliance formée par des partis qui ont une particularité rurale et régionale espère rafler des sièges dans leurs fiefs électoraux. « Ce qui nous fait peur, c'est l’intervention de l’administration et nous allons la combattre de toutes nos forces.
Nous espérons barrer la route aux barons des élections en appelant à la participation massive des électeurs. L’abstention est devenue un fonds de commerce qui favorise certains partis. »
Interrogé sur le timing de cette nouvelle alliance, AbdessamadArchane affirme que les alliances qui ont fait du tapage médiatique dernièrement sont contre nature : « Notre alliance est homogène et nous n’avons été poussés par aucune partie. »
NajibWazani enfonce le clou : « Les partis de l’administration qui forment l’alliance de droite ne sont pas libres de leur destin, nous au contraire, nous sommes libres de nos décisions. »
Mohamed El Hamraoui