Le projet du découpage électoral n’apporte guère de nouveautés et divise les partis plus qu’ils ne le sont déjà.

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Les spécialistes ne le savent que trop, un découpage électoral n’est jamais neutre, et il l’est encore moins au Maroc. A l’heure actuelle, le projet de décret portant la « nouvelle » carte électorale ressemble à une copie conforme de celle de 2007. Sur les 82 circonscriptions dessinées, 67 n’ont subi aucun changement, suscitant l’ire de plusieurs formations politiques. A quelques encablures du jour J, le consensus semble encore difficile à atteindre. Pas très rassurant.

Le front des mécontents

Dès réception de la première mouture du projet de découpage, le Parti justice et développement (PJD) et ceux de la Koutla démocratique (Istiqlal, USFP et PPS) sont montés au créneau.

Leur alibi : plus les circonscriptions sont grandes, moins il y aura de possibilité pour acheter des voix. Ils revendiquent leur élargissement en assemblant les provinces et préfectures de manière à avoir une moyenne de quatre sièges par circonscription.

« Ce découpage encourage l’usage de l’argent sale. Il n’y a aucune logique politique là-dedans, ce sont des calculs électoraux que nous rejetons », s’exclame Abdelhadi Khairat, membre du bureau politique de l’USFP.

Pour ce ténor socialiste, le projet n’apporte rien de nouveau et consacre une quinzaine de circonscriptions avec deux sièges seulement. « Cela ressemble  à un scrutin uninominal ! », lance-t-il. Même son de cloche chez le parti de la lampe qui dénonce un coup de ciseaux tordu. Cependant, le souci de transparence n’est pas le seul motif de cette grogne.

Ces partis ont en effet une forte présence en milieu urbain, où les circonscriptions sont plus larges et la densité démographique plus importante. Le fait de diviser les villes consacre une pratique de l’ère Basri qui consistait à encercler celles-ci par les campagnes lors de l’élaboration de la carte électorale.

L’Intérieur aurait pu mieux faire, semblent-ils dire. D’un autre côté, les libéraux du PAM, de l’UC, du RNI et du MP – et probablement aussi leurs nouveaux alliés au G8 – accueillent volontiers ce projet, arguant qu’il s’inscrit en conformité avec les dispositions de la loi organique sur la Chambre des représentants, approuvée il y a quelques jours.

Au bonheur des notables

En réalité, avec de petites circonscriptions de deux à trois sièges, les notables, qui constituent l’essentiel des candidats de ces formations, se présentent devant un électorat qu’ils connaissent presque individuellement et n’auront de fait aucun mal à caracoler en tête le jour des résultats.

Le ministère de l’Intérieur serait-il en train de favoriser ces partis au détriment des autres ? Mohamed Abied, secrétaire général de l’UC, dément toutes ces accusations. « Ce découpage est conforme  à la loi organique sur la Chambre des représentants. Les partis l’ont validée et certains font aujourd’hui une volte-face incompréhensible. »

Il ajoute : « Nous n’avons rien contre la taille des circonscriptions, mais il n’est pas pratique, dans certains cas, de fusionner les provinces. Au Sahara par exemple, les membres d’une tribu ont un consensus autour d’un même candidat, si on divise la tribu cela risque d’engendrer des animosités locales… N’empêche que l’idéal est, pour moi, d’avoir une seule circonscription pour tout le Maroc. » Amen.

Ali Hassan Eddehbi