Seuil électoral, découpage administratif ou quota des femmes et des jeunes, la moisson a été bonne pour les partis politiques qui sont globalement satisfaits d’avoir imposé leurs propositions à Taïb Cherkaoui.
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C'est Nabil Benabdellah qui est content. Le PPS a mené la fronde déclenchée par les petits partis contre les grands pour obtenir un seuil électoral de 6%. Taïb Cherkaoui a ainsi réussi l’exploit de mettre d’accord tous les partis sur cette limite de 6% concernant les listes électorales locales, et de 3% s’agissant de la liste nationale, qui permet aux groupuscules de survivre.
Le seuil électoral équivaut au nombre minimal de voix nécessaires pour obtenir un seul siège. Il est donc égal au quotient électoral qui rapporte le nombre de voix exprimées au nombre de sièges à pourvoir.
A l’issue de la réunion qui a eu lieu vendredi dernier, entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques les plus représentés au Parlement (les partis de la Koutla, le groupe des quatre – UC, PAM, RNI et MP –, le PJD…) et les petites formations, tout le monde était d’accord sur les formules électorales à insérer dans le projet de loi organique relative à la Chambre des représentants.
Eviter la balkanisation
Quelque 16 petits partis avaient formé un front uni avant de soumettre leurs propositions communes au ministère de l’Intérieur. Bien leur en a pris, puisque le seuil de 6% défendu par les grosses formations signifiait tout bonnement la disparition de ces « hizbicules » du champ politique national.
Avec 3%, ils sont préservés. Le Parti de la justice et du développement (PJD) et l’Istiqlal, favorables au seuil électoral le plus élevé, présentaient l’initiative comme une mesure efficace pour lutter contre la balkanisation du champ politique national.
Au cours de la dernière rencontre avec le patron de l’Intérieur, la plupart des questions en suspens, qui avaient retardé l’élaboration du projet de loi concernant les élections (le seuil électoral, la liste nationale et le découpage électoral), ont été soldées.
Ainsi le principe du découpage électoral qui va désormais prendre en considération les bouleversements qu’ont connus les structures administratives actuelles, avec notamment la naissance de nouvelles provinces, a obtenu le feu vert des leaders politiques.
Le découpage administratif des provinces et des préfectures donnera naissance à une nouvelle carte légèrement différente, avec des réajustements qui tiennent compte de l'évolution démographique.
Mais comme le découpage n'est pas neutre, l’opération consistant à redessiner les circonscriptions est un geste très politique qui suscite toujours beaucoup de mécontents parmi les partis. Ainsi, on soupçonne toujours l’Intérieur de favoritisme.
Dans la foulée, les partis et l’Intérieur se sont également mis d’accord pour consacrer 60 sièges aux femmes et 30 autres de la liste nationale aux jeunes. Une semi-victoire pour les femmes et les jeunes dont l’âge a été relevé à 40 ans au lieu de 35 ans, comme proposé dans la première version de l’avant-projet.
Mais les délais sont tellement serrés que l’on se demande comment l’on pourra respecter la date du 25 novembre qui semble maintenue pour la tenue du scrutin législatif. Car l’adoption des textes proposés par le conseil des ministres doit transiter par le Parlement qui, lui, peine à démarrer.
Abdellatif El Azizi |