L’annonce d’une date précise pour les élections législatives représentera le coup d’envoi pour le renouvèlement des instances de cette organisation politique. En attendant, les candidats se livrent une guerre sourde avant le congrès du parti.
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L’éventuel successeur de Abbas El Fassi à la tête de l’Istiqlal n’est pas encore connu, la date du prochain congrès du parti non plus d’ailleurs. C’est le style de l’Istiqlal, tout fonctionne dans une discrétion qui confine souvent au culte du secret.
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« L’annonce d’un candidat nécessite la bénédiction des ténors du parti ; le parti ne se presse pas car toute précipitation pourrait fragiliser la position d’une formation qui espère toujours arriver en tête lors du prochain scrutin législatif… dont la date n’a pas encore été décidée », explique un cadre du parti.
A la veille des élections, une seule chose est sûre : Abbas El Fassi devra quitter la direction du parti aussitôt que son mandat de Premier ministre arrivera à terme.
Lors du 15e congrès de l’Istiqlal, qui s’est tenu du 9 au 11 janvier 2009, Abbas El Fassi avait été reconduit à l’unanimité pour un troisième mandat de 4 ans.
La commission du statut avait adopté, le deuxième jour du congrès, un article stipulant que « le secrétaire général du parti peut, à titre exceptionnel, briguer un troisième mandat à la tête du parti s’il est chef de l’exécutif ».
Avant cet amendement, les statuts du parti mentionnaient que le secrétaire général ne pouvait briguer qu’un seul mandat renouvelable une seule fois. Et la dérogation a été effectuée à une seule condition : Abbas El Fassi devra quitter le secrétariat général aussitôt que son mandat de Premier ministre arrivera à terme.
L’amendement des statuts du parti a non seulement permis la réélection de Abbas El Fassi pour un troisième mandat, mais aussi donné la possibilité à des ministres comme Karim Ghellab et Yasmina Baddou de siéger au comité exécutif, autrefois réservé aux gardiens du temple de l’Istiqlal.
Ainsi dès que la date du prochain scrutin législatif se précisera, l’Istiqlal devra tenir un congrès extraordinaire en vue de désigner les nouvelles structures dirigeantes dont celles du fameux comité exécutif.
C’est le conseil national qui décidera de la tenue du congrès, car la tradition istiqlalienne veut que le candidat au poste de secrétaire général fasse l’unanimité en son sein. Selon un ténor du parti aujourd’hui en rupture de banc, la désignation du secrétaire général de l’Istiqlal a toujours été une affaire d’Etat au Maroc.
Lors de la disparition de Allal El Fassi, Hassan II avait donné sa bénédiction à M’Hamed Boucetta le jour des funérailles du leader historique. En revanche, Mohamed Diouri, un autre prétendant qui avait été adoubé par les caciques du parti à l’époque, n’avait pas eu la bénédiction du Palais.
Des primaires Ă la istiqlalienne
« Ce parti fonctionne sur le modèle d’une zaouïa », affirme un jeune cadre de la formation. Pas de primaire ni même de candidature annoncée en public. Actuellement, les candidats potentiels à la succession de Abbas El Fassi se font rares et préfèrent adopter un profil bas de peur de s’attirer les foudres de leurs détracteurs.
Seul un candidat potentiel se permet le luxe de sorties médiatiques au timing bien choisi. M’Hamed El Khalifa a été chargé par le parti de chapeauter la commission qui a préparé le mémorandum du parti concernant les réformes constitutionnelles. Une mission qui lui a permis au passage de huiler la machine électorale après une traversée du désert qui a duré quatre ans.
El Khalifa, ancien ministre, ancien député et ancien maire de Marrakech, est un ténor du parti. En 2009, lors du 15e congrès, sa candidature avait été retirée à la dernière minute, pour céder la place, à l’unanimité, à la reconduction de Abbas El Fassi.
Pourtant M’Hamed El Khalifa avait envoyé, avant le congrès, une lettre à Abbas El Fassi lui demandant de ne pas se représenter pour un troisième mandat…
Aujourd’hui le départ de Abbas El Fassi libère la voie, ce qui ne manquera pas de semer la zizanie au sein du clan El Fassi.
D’autres candidats comme Abdelouahed El Fassi ou Nizar Baraka tentent timidement de se positionner. Mais les deux hommes ne font pas le poids face à M’Hhamed El Khalifa. « Le seul qui pourra concurrencer Khalifa est Mohamed El Ouafa, actuellement ambassadeur en poste au Brésil. E
poux de l’une des filles de Allal El Fassi, il est le candidat idéal pour fragiliser le camp de Marrakech face à celui de Fès », explique un des lieutenants d’El Fassi. L’homme est d’ailleurs connu pour avoir formé au Parlement, avant le gouvernement d’alternance, un tandem de choc avec M’Hamed El Khalifa.
Si Mohamed El Ouafa se porte candidat, c’est M’Hamed Boucetta, membre du conseil de la présidence du parti, qui devra trancher, selon des sources internes à l’Istiqlal. Reste que Nizar Baraka, Abdelouahed El Fassi et Mohamed El Ouafa sont tous trois apparentés à Abbas El Fassi ! Un facteur qui ne joue guère en leur faveur au moment où les « Fassi » sont régulièrement brocardés lors des manifestations du 20-Février.
Mohamed El Hamraoui |