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Istiqlal Cherche leader dĂ©sespĂ©rĂ©ment  
actuel n°103, vendredi 15 juillet 2011
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L’annonce d’une date précise pour les élections législatives représentera le coup d’envoi pour le renouvèlement des instances de cette organisation politique. En attendant, les candidats se livrent une guerre sourde avant le congrès du parti.


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L’éventuel successeur de Abbas El Fassi à la tête de l’Istiqlal n’est pas encore connu, la date du prochain congrès du parti non plus d’ailleurs. C’est le style de l’Istiqlal, tout fonctionne dans une discrétion qui confine souvent au culte du secret.

 

« L’annonce d’un candidat nécessite la bénédiction des ténors du parti ; le parti ne se presse pas car toute précipitation pourrait fragiliser la position d’une formation qui espère toujours arriver en tête lors du prochain scrutin législatif… dont la date n’a pas encore été décidée », explique un cadre du parti.

A la veille des élections, une seule chose est sûre : Abbas El Fassi devra quitter la direction du parti aussitôt que son mandat de Premier ministre arrivera à terme.

Lors du 15e congrès de l’Istiqlal, qui s’est tenu du 9 au 11 janvier 2009, Abbas El Fassi avait été reconduit à l’unanimité pour un troisième mandat de 4 ans.

La commission du statut avait adopté, le deuxième jour du congrès, un article stipulant que « le secrétaire général du parti peut, à titre exceptionnel, briguer un troisième mandat à la tête du parti s’il est chef de l’exécutif ».

Avant cet amendement, les statuts du parti mentionnaient que le secrétaire général ne pouvait briguer qu’un seul mandat renouvelable une seule fois. Et la dérogation a été effectuée à une seule condition : Abbas El Fassi devra quitter le secrétariat général aussitôt que son mandat de Premier ministre arrivera à terme.

L’amendement des statuts du parti a non seulement permis la réélection de Abbas El Fassi pour un troisième mandat, mais aussi donné la possibilité à des ministres comme Karim Ghellab et Yasmina Baddou de siéger au comité exécutif, autrefois réservé aux gardiens du temple de l’Istiqlal.

Ainsi dès que la date du prochain scrutin lĂ©gislatif se prĂ©cisera, l’Istiqlal devra tenir un congrès extraordinaire en vue de dĂ©signer les nouvelles structures dirigeantes dont celles du fameux  comitĂ© exĂ©cutif.

C’est le conseil national qui décidera de la tenue du congrès, car la tradition istiqlalienne veut que le candidat au poste de secrétaire général fasse l’unanimité en son sein. Selon un ténor du parti aujourd’hui en rupture de banc, la désignation du secrétaire général de l’Istiqlal a toujours été une affaire d’Etat au Maroc.

Lors de la disparition de Allal El Fassi, Hassan II avait donné sa bénédiction à M’Hamed Boucetta le jour des funérailles du leader historique. En revanche, Mohamed Diouri, un autre prétendant qui avait été adoubé par les caciques du parti à l’époque, n’avait pas eu la bénédiction du Palais.

Des primaires Ă  la istiqlalienne

« Ce parti fonctionne sur le modèle d’une zaouïa », affirme un jeune cadre de la formation. Pas de primaire ni même de candidature annoncée en public. Actuellement, les candidats potentiels à la succession de Abbas El Fassi se font rares et préfèrent adopter un profil bas de peur de s’attirer les foudres de leurs détracteurs.

Seul un candidat potentiel se permet le luxe de sorties médiatiques au timing bien choisi. M’Hamed El Khalifa a été chargé par le parti de chapeauter la commission qui a préparé le mémorandum du parti concernant les réformes constitutionnelles. Une mission qui lui a permis au passage de huiler la machine électorale après une traversée du désert qui a duré quatre ans.

El Khalifa, ancien ministre, ancien député et ancien maire de Marrakech, est un ténor du parti. En 2009, lors du 15e congrès, sa candidature avait été retirée à la dernière minute, pour céder la place, à l’unanimité, à la reconduction de Abbas El Fassi.

Pourtant M’Hamed El Khalifa avait envoyé, avant le congrès, une lettre à Abbas El Fassi lui demandant de ne pas se représenter pour un troisième mandat…

Aujourd’hui le départ de Abbas El Fassi libère la voie, ce qui ne manquera pas de semer la zizanie au sein du clan El Fassi.

D’autres candidats comme Abdelouahed El Fassi ou Nizar Baraka tentent timidement de se positionner. Mais les deux hommes ne font pas le poids face à M’Hhamed El Khalifa. « Le seul qui pourra concurrencer Khalifa est Mohamed El Ouafa, actuellement ambassadeur en poste au Brésil. E

poux de l’une des filles de Allal El Fassi, il est le candidat idéal pour fragiliser le camp de Marrakech face à celui de Fès », explique un des lieutenants d’El Fassi. L’homme est d’ailleurs connu pour avoir formé au Parlement, avant le gouvernement d’alternance, un tandem de choc avec M’Hamed El Khalifa.

Si Mohamed El Ouafa se porte candidat, c’est  M’Hamed Boucetta, membre du conseil de la prĂ©sidence du parti, qui devra trancher, selon des sources internes Ă  l’Istiqlal. Reste que Nizar Baraka, Abdelouahed El Fassi et Mohamed El Ouafa sont tous trois apparentĂ©s Ă  Abbas El Fassi ! Un facteur qui ne joue guère en leur faveur au moment oĂą les « Fassi » sont rĂ©gulièrement brocardĂ©s lors des manifestations du 20-FĂ©vrier.

Mohamed El Hamraoui

Les franc-maçons du Royaume


Les membres du conseil national de l’Istiqlal, qui composent le Parlement du parti, devront décider à eux seuls de la date du congrès et d’un consensus autour d’un éventuel secrétaire général pour succéder à Abbas El Fassi.

Ils ont chacun un intérêt ou un autre dans un ministère, une direction ou un organisme public. Dès le départ, l’Istiqlal a raflé un grand nombre de portefeuilles ministériels. Dans ces départements, la priorité va aux adhérents du parti. Chaque ministre, directeur, président de commune ou maire a derrière lui tout un réseau de fonctionnaires et de relais dans divers services de l’Etat.


Quelques favoris Ă  la succession


M’Hamed El Khalifa

Le clan de Marrakech

Né en 1939 à Marrakech, ancien ministre de la Fonction publique, sous le gouvernement Youssoufi. Avocat à Marrakech depuis 1964, il a été député de 1977 à 2007. Président du groupe istiqlalien au Parlement depuis 1990, et membre du comité exécutif du parti. Ancien maire de Marrakech, ses détracteurs pourront lui opposer les anciens dossiers de la ville ocre.

 

 

Nizar Baraka

Le chouchou de Abbas El Fassi

Gendre de Abbas El Fassi et petit-fils de Allal El Fassi, il est né en 1964 à Rabat et a intégré l’Istiqlal en 1981. Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Affaires économiques et générales. Il a été élu membre du conseil national du parti en 1989, puis membre du comité central en 1998. Il est membre du comité exécutif depuis 2003.

 

Mohamed Saâd Alami

L’ombre de Allal El Fassi

L’actuel ministre chargé de la Modernisation des secteurs publics est né en avril 1948 à Chaouen. Ancien secrétaire particulier de Allal El Fassi de 1969 jusqu’à son décès en 1974. Il a été élu membre du comité exécutif du parti de l’Istiqlal en 1978, avant d’être reconfirmé jusqu’à ce jour.

 

Adil Douiri

L’outsider

La surprise pourrait venir de Adil Douiri. Le poulain de Hamid Chabat, le puissant patron de la centrale syndicale de l’Istiqlal se positionne doucement mais sûrement. Le président de l’Alliance des économistes istiqlaliens, sorte de cabinet de l’ombre de lobbying économique qui travaille sur la durée, veut capitaliser les énormes efforts fournis par cette structure qui a, notamment, fortement contribué au débat sur la réforme constitutionnelle.

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