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Sahara Les tribus Ă  couteaux tirĂ©s  
actuel 102, vendredi 8 juillet 2011
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L’odyssée de l’ODESA, une nouvelle organisation sahraouie, ponctue un feuilleton à rebondissements où chaque tribu place ses pions…


***

C'était dans l’air depuis des mois, voire plus : l’activisme de la nouvelle élite du Sahara a finalement débouché sur la création d’une association du nom d’ODESA (Organisation démocratique sahraouie pour le pluralisme).

C’est donc la première fois que les Sahraouis unionistes se regroupent au sein d’une organisation pour peser dans la gestion du dossier du Sahara. La nouvelle organisation tiendra son congrès constitutif le 24 juillet, à Laâyoune.

Des rencontres préliminaires ont déjà eu lieu, depuis la fin du mois de juin à Laâyoune, entre les activistes de différentes tribus pour débattre de la plateforme de l’organisation. Douze associations basées à Laâyoune, en Espagne et en Belgique ont pris part aux discussions.

L’organisation a pris la forme d’une coordination nationale des tribus et des ONG pour le Sahara. Lors d’une réunion tenue le 25 juin à Laâyoune, la coordination a annoncé son engagement en faveur de la nouvelle Constitution du Royaume et a appelé les Sahraouis à voter « Oui » lors du référendum du 1er juillet.

Cette réunion préparatoire a vu la participation de 19 tribus du Sahara parmi les plus représentatives. Cette décision appuie, selon un membre fondateur de l’ODESA, « le souhait de faire de la nouvelle Constitution une base pour l’édification d’un cadre démocratique ouvert, se basant sur le pluralisme et la garantie des spécificités régionales ».

Déséquilibre politique et social

Mais ce que les membres de cette nouvelle ONG ne disent pas, c’est qu’elle veut aussi contrer les lobbies traditionnels de la région, et demander la reddition des comptes à ceux qui ont participé à créer une situation de crise au Sahara, surtout dans le domaine de la gestion de la chose publique.

La mainmise de ces lobbies a favorisé un déséquilibre politique et social dans une région marquée par un tribalisme qui a barré la route aux générations montantes. Une réalité marquée par la domination du champ politique par les Ould Rachid et autres Derham.

Surtout quand on sait que les élections au Sahara sont avant tout une affaire de notables. Cette donne ne laisse aucune chance aux nouvelles générations et ne favorise guère le renouvellement des élites politiques au Sahara.

Une situation politique et sociale lourde de conséquences comme on a pu le constater lors des événements de Sidi Ifni, et ceux beaucoup plus proches de Gdim Izik où Laâyoune a failli basculer dans le chaos.

De « nouveaux justiciers »

La tenue du congrès de l’ODESA intervient au moment où le CORCAS (Conseil royal consultatif des affaires sahariennes) est arrivé au terme de son mandat en attendant une nouvelle configuration qui devrait être annoncée depuis quelques mois.

Selon Brahim Bilali, membre de la commission des droits de l’homme au CORCAS et chef de file des réformateurs : « Notre initiative réfute toutes les formes de folklore et commissions d’enquête de façade qui créent un climat de frustration. Nous demandons aussi à l’Etat de ne plus tolérer le trafic d’influence et l’abus de pouvoir au profit des lobbies au Sahara. »

Il est permis toutefois de s’interroger sur le bien-fondé de « ces nouveaux justiciers » quand on sait que cette nouvelle dynamique, qui se base sur une autre forme de tribalisme, intervient après la montée au créneau de la tribu Izarguiene.

Le 9 octobre 2010, une soixantaine de membres de cette tribu, à leur tête Bichr Ould Haidar, ex-pacha de Tarfaya et oncle d’Aminatou Haidar, s’étaient rassemblés à Rabat pour soumettre un mémorandum aux hautes autorités du pays. Les membres de la tribu Izarguiene voulaient protester contre leur exclusion systématique par les autorités locales, et même par l’administration centrale.

Aujourd’hui, une chose est sûre : la rivalité entre le clan des Ould Errachid, qui émargent à l’Istiqlal, et Mohamed Cheikh Biadillah du PAM sera également au rendez-vous du 24 juillet à Laâyoune.

Preuve que chacun aiguise ses couteaux, il y a quelques mois, Hamdi Ould Errachid, député maire de Laâyoune, et Mohamed Cheikh Biadillah, secrétaire général du PAM et président de la deuxième Chambre, ont constitué, chacun de leur côté, une association des élus du Sahara.

Le 22 janvier, lors d’une rencontre à Laâyoune, Biadillah a célébré le baptême de l’Association des élus du Sahara, qui englobe des parlementaires, des élus locaux et des Chambres professionnelles des provinces du Sud.

Cette association vient se substituer à l'Association des parlementaires du Sahara, créée en décembre 2009. Une semaine plus tard, soit le 30 janvier, Hamdi Ould Errachid annonce la création de l’Association des parlementaires des provinces du Sud ! Là encore, l'association est composée de députés, de conseillers et de membres des Chambres professionnelles des provinces de Laâyoune, Tarfaya, Boujdour, Smara, Oued Eddahab et Ousserd.

Hamdi Ould Errachid s’est contenté de rameuter les élus du Sahara concernés par le conflit avec le Polisario. Alors que Biadillah a étendu son association aux députés de toutes les régions y compris celles ne relevant pas des territoires récupérés…

Mohamed El Hamraoui

CORCAS

En attendant  la restructuration

Depuis un an, tout le monde attend les nouvelles nominations au CORCAS devant mettre fin à la mainmise des Ould Errachid. Sauf que Khalli Henna Ould Errachid n’est pas homme à se laisser distancer.

Malgré cette guerre sourde, la restructuration ne saurait tarder. Le souverain l'a annoncée, lors du discours du trône, et le mandat du CORCAS a expiré le 25 mars.

A l’occasion du discours de la Marche verte, le souverain a annoncé la promulgation d’un Dahir pour le nouveau Conseil, sur la base de réformes substantielles, à savoir une « démocratisation de sa composition, en faisant en sorte que celle-ci procède exclusivement des instances, des chioukhs et des personnalités ayant la qualité représentative, et en renforçant son ouverture sur les nouvelles élites, notamment parmi les organisations de la société civile locale ».

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