Mezouar a créé la surprise, à Fès, en annonçant le report du congrès et la détermination du RNI à rafler le maximum de places aux législatives.
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Ce dimanche 22 mai, à Fès, devant ses plus fidèles soutiens du Comité central du parti, Mezouar a réussi le tour de force de retourner l'arrivée surprise de l'ex-patron du RNI à son avantage. L'apparition de Mustapha Mansouri, que l'on croyait rangé sous une autre bannière politique, a permis de présenter l'image d'une formation politique qui use sans modération de la réconciliation, grâce à une accolade chaleureuse accordée à l'ennemi d'hier.
Sur le fond, Mezouar n'a pas eu beaucoup de difficultés à convaincre ses ouailles de la nécessité de reporter le congrès. Lors d'une conférence de presse, organisée à Rabat le lendemain de la rencontre de Fès, Mezouar a indiqué que « par ce report, le RNI entend se consacrer entièrement à la préparation des prochaines échéances électorales, dont le référendum sur la nouvelle Constitution et les élections législatives et régionales ».
Durant près d'une heure et demie, Mezouar s’est posé en « alternative ». Ebauche de programme électoral ? Si le discours n'est pas forcément électoral, le président du RNI n'a pas caché la fébrilité de son parti avant les prochaines échéances. C'est d'ailleurs pour cela que le Comité central du parti a reporté la tenue de son 5e congrès national, prévu initialement à la fin du mois de juin.
« Cette décision émane de la volonté du parti d'adhérer aux mutations et aux réformes profondes que connaît le Maroc », a précisé l'homme, soulignant la nécessité d'une mobilisation au sein du parti « en vue de préserver son unité, de développer l'action politique militante responsable et de consacrer la place du RNI dans le paysage politique national ». Ainsi, Mezouar n'hésite pas à ratisser large pour faire taire les critiques et ramener les brebis égarées.
Pistes et « choix refondateurs »
Alors que le comité central a insisté sur le renforcement de la démocratie interne, la mise en place des mécanismes d'arbitrage, le règlement des différends, la création des organisations parallèles, la consolidation de la place des jeunes et de la femme dans les organes du parti, et le traitement de la question de la communication, le patron du parti de la colombe a dévoilé la détermination du RNI à élaborer une liste de pistes et de « choix refondateurs » à opérer pour « restaurer la confiance ».
Dans son intervention, le président du parti a souligné que le RNI avait « réagi positivement » au mouvement des jeunes du 20-Février, estimant que la dynamique qu'il a créée a fait « tomber à l'eau l'argument de l'aversion des jeunes pour la politique ». Mais restaurer la confiance ne signifie pas serrer la main à tout le monde et à n'importe qui. A Fès, le patron des indépendants ne s'est pas gêné de dire tout le « bien » qu'il pensait de ces mouvements de foule, en apparence spontanés : « Les salafistes, les disciples de Yassine et Annahj Addimocrati ont infiltré le mouvement du 20-Février et ont accentué leur pression sur la rue au service d'un agenda précis. »
Mezouar a-t-il réussi à éviter au RNI une crise interne ? Si les refuzniks sont toujours à l'affût, il semble que l'homme a réussi à calmer le jeu avec le report du congrès. Après avoir traversé une zone de turbulences, le RNI devrait se présenter en rang serré à une bataille électorale qui s'annonce rude et sans pitié.
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