La démission de Fouad Ali El Himma de la présidence de la commission des élections du PAM a complètement déstabilisé une formation politique qui a déjà fort à faire avec les critiques de la rue.
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L’information a fait l’effet d’une bombe : « Fouad Ali El Himma a démissionné du PAM ! » Vérification faite, le véritable patron du Parti authenticité et modernité a juste abandonné les deux charges qu’il exerçait au sein de cette formation, à savoir la présidence de la commission des élections et celle du suivi.
Pourquoi une démission aussi hasardeuse au moment où le parti est soumis aux charges violentes des manifestants du 20-Février et des islamistes du PJD ? Le fait de quitter la commission, chargée de donner « la bénédiction » de l’homme fort à tous ceux qui veulent rejoindre le PAM, est une façon comme une autre de faire taire les suspicions concernant une carte politique façonnée sur mesure par la hiérarchie du parti.
Sauf que la stature du personnage ne laisse aucun doute sur les effets de cette démission sur l’avenir du parti. La lettre de démission, qui a atterri sur le bureau de Cheikh Biadillah samedi dernier, a déstabilisé le bureau politique qui ne s’y attendait guère malgré les longues absences de l’intéressé. Première réaction officielle, le refus du bureau politique d’accepter la démission.
Aujourd’hui, en quittant le PAM au moment propice, l’homme témoigne de tout son sens politique. En fait, il y a bien longtemps que FAH attendait simplement que l’occasion lui soit donnée de prendre ses distances avec ce parti.
« On ne le voyait plus depuis des mois et ceux qui mettent son départ sur le compte du 20-Février se trompent sur toute la ligne. Cela fait plus d’une année que l’homme en avait marre de se voir affubler de tous les noms d’oiseaux à cause des dérives des caciques de ce parti », précise un de ses proches.
Appel à la tenue d’un congrès extraordinaire
Le PAM survivra-t-il au départ de FAH ? D’ores et déjà , le « mea culpa » rédigé par les dix membres les plus influents du bureau politique, à la veille de la démission de FAH, a ouvert une brèche béante dans le consensus mou qui caractérisait jusqu’à présent la hiérarchie de ce parti.
Dans ce texte, Salah El Ouadie, Hakim Benchemass, Fatima Saadi entre autres, appellent à la tenue urgente d’un congrès extraordinaire du parti pour sauver ce qui reste à sauver de cette formation.
Pour les signataires du communiqué, « il s’agit de voir pourquoi ce parti créé à partir d’une initiative courageuse, pensée par le Mouvement de tous les démocrates, n’a pas réussi à s’adapter aux impératifs politiques de l’heure ».
Ils accusent en termes à peine voilés, « des parties » qui ont fait capoter le mouvement des rénovateurs, sous prétexte que l’initiative à l’origine de la naissance de ce parti n’avait pas de fondement politique.
La sortie des ex-marxistes léninistes du PAM a été perçue comme « une trahison » par le clan des notables qui ont rejoint le parti dans la foulée. La guéguerre qui s’annonce entre les deux clans, celui des ex-gauchistes qui avaient été approchés pour créer le MTD et celui des nouveaux venus, notables et autres opportunistes dont le seul souci consiste à se hisser dans la hiérarchie, augure mal de l’avenir de ce parti.
Les débats initiés par le MTD sur le champ politique national étaient porteurs de beaucoup d’espoirs. Même ceux qui accusaient ce mouvement de creuser la tombe de formations politiques moribondes ne pouvaient s’empêcher de reconnaître que l’idée avait du bon. Le nouveau venu avait, en fait, levé le voile sur la farce politique qui se jouait dans les coulisses.
Sauf qu’un discours d’opposition reposant en grande partie sur la diabolisation des islamistes n’a pas suffi pour asseoir la pérennité du « parti de l’ami du roi », comme se plaisent à le désigner ses adversaires politiques. Le discours libéral ne passe pas non plus. Car il ne suffit pas d’échafauder une doctrine hétérogène, teintée de modernisme, pour se réclamer de la modernité libérale.
Ce parti se cherche toujours un nouveau discours, habillé de « centralisme démocratique ». Et les dérives de personnages tel Ilyas El Omari tout comme le libéralisme de façade – forcément sans résultat – ont écorné sérieusement le projet PAM.
Qu’est-ce qui attend aujourd’hui ce parti ? Victime d’une série de success stories électorales artificielles, le parti risque de connaître une succession de guerres internes entre les ex-gauchos et les notables attirés essentiellement par la proximité de FAH. Résultat, si l’homme venait à abandonner complètement le navire, ce mouvement politique serait-il capable de régler ses contradictions dans la clarté et la liberté ?
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