Les socialistes engagent dès le mois de juillet une série de consultations internes pour diagnostiquer les maux du Parti de la rose. La gauche espère ainsi retrouver la forme par la magie des recommandations du colloque national, maintes fois reporté.
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Le parti socialiste a trouvé la cause de ses malheurs : tous les problèmes viendraient d’une organisation interne obsolète ne répondant plus aux attentes des partisans et aux défis de l’action politique. C’est pour cela que l’USFP (Union socialiste des forces populaires) organise, en juillet prochain, un colloque national sur l’organisation du parti, conformément aux recommandations du huitième congrès tenu en 2008.
Signe des temps, le mois d’avril dernier, trois membres dirigeants de l’USFP, dont deux anciens ministres du gouvernement Youssoufi, avaient démissionné du bureau politique en signe de protestation contre la gestion du parti. Mohamed Achâari, Ali Bouabid et Larbi Ajjoul avaient expliqué « qu'il n'était plus acceptable du point de vue aussi bien politique que moral d'assister aux réunions du bureau politique de l'USFP […] C'est un appel pour harmoniser l'action du parti avec les objectifs tracés lors du huitième congrès de l'USFP et qui ambitionnent de dépasser la crise que connaît le projet démocratique ».
En plus de cet appel lancé par trois membres du bureau, s’ajoute la fronde des parlementaires, conseillers et membres du conseil national de l’USFP issus des régions du Sahara qui avaient décidé, au début du mois de mai, de geler leur participation aux affaires courantes des instances du parti en signe de protestation contre la direction accusée de « marginaliser toutes les potentialités du Sahara ».
La question organisationnelle
C’est pour cela que la rencontre de juillet prochain dont la plateforme a été élaborée depuis quelques mois, ambitionne d’identifier les causes de la léthargie ayant affecté la machine du parti ces dernières années. Selon le document qui va être soumis à débat, la question organisationnelle revêt aujourd’hui une importance majeure pour le renouveau du parti. Une organisation permettant de dépasser les dysfonctionnements. Selon une source socialiste, la tenue de ce colloque confirme la conviction partagée par la majorité des USFPéistes que le parti a besoin d’une nouvelle restructuration et d’une modernisation de ses instances. La structure actuelle du parti n’a d’ailleurs connu aucun changement depuis le rapport idéologique élaboré par Omar Benjelloun en 1975.
Le bureau a diagnostiqué quelques erreurs politiques qui ont coûté cher à l’USFP, telles que la déconnexion du parti avec les préoccupations des masses liées au chômage, au dossier de l’habitat ou à la cherté de la vie. Ajoutons à cela l’identification totale avec l’action gouvernementale.
Parmi les autres dysfonctionnements énumérés, le rapport note l’absence de coordination flagrante entre l’idéologie, les valeurs du parti, l’action communale de ses élus et les orientations parlementaire des députés qui émargent à l’USFP.
Autre reproche, les alliances scellées avec des partenaires politiques que rien n'unit à l’USFP – que ce soit dans les communes ou au sein du gouvernement de Abbas El Fassi –, a plombé l’image de parti progressiste dont l’USFP faisait un fonds de commerce juteux. Cette situation a donné l’impression chez les électeurs de base de l’USFP, que ce parti n’avait pas d’autres soucis que la course aux strapontins ministériels. Plus grave encore, au sein du gouvernement, le parti a été marginalisé dans la prise de décisions sur des lois comme le code de la presse, la loi des partis politiques ou les associations. Plus surprenant encore, cette formation qui avait le taux le plus élevé de militants fidèles, a été fortement affectée par le phénomène du nomadisme politique. Il y a quelques semaines, plusieurs cadres du parti à Ouezzane avaient migré vers le PAM, dont un ancien dirigeant de la jeunesse et secrétaire local du parti dans la même ville, et un conseiller à la Deuxième Chambre.
En somme, la révision de l’organisation du parti sur tout le territoire est d’une urgence capitale. Au menu, trouver les moyens de raviver le dynamisme de secteurs vitaux tels que la jeunesse, les femmes, les secteurs professionnels et les organisations de la société civile. D’un autre côté, il va falloir plancher sur l’administration centrale du parti, les conseils régionaux, provinciaux et locaux, en plus du programme des activités au quotidien, avec une stratégie de proximité bien ciblée.
La redynamisation du parti prévoit ainsi l’élargissement de la base populaire vers de nouvelles catégories sociales comme les entrepreneurs et les professions libérales ; une plus grande implication dans les mouvements sociaux et contestataires à l'instar de la défunte UNFP ; la séduction de la jeunesse, des femmes et des intellectuels ; le recadrage de l’action politique dans les grandes villes et un redéploiement urbain et périurbain.
Une priorité incontournable
Il y a également les élections de 2012 qui constituent une priorité incontournable. Sur cette question, il s’agit de définir et d’adopter les procédures et les critères qui détermineront les choix de tel ou tel candidat tout en mettant au point la stratégie de mobilisation des militants et des électeurs.
Selon Habib Malki, membre du bureau politique, « la réussite du colloque national sur l’organisation va donner plus d’assurance à tous les militants qui se posent actuellement des questions sur l’avenir du parti».
Dans la foulée, les socialistes envisagent la suppression du comité central et la restructuration du secrétariat national en plusieurs pôles. Concernant l’épineux problème de l’institutionnalisation des différents courants, le parti n’a pas tranché sur la question, laissant la porte ouverte à toutes les options.
Mohamed El Hamraoui |