24 ans après sa première élection au poste de secrétaire général du MP, l’inoxydable Mohand Laenser veut rempiler pour un tour.
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Pour ceux qui en ont assez des dinosaures de la mouvance populaire, il va falloir repasÂser. Ă€ dĂ©faut de Mahmoud Archane plombĂ© par un passĂ© sulfureux, les militants du cru devront s’attendre Ă supporÂter Laenser pour une autre investiture. En effet, le 11e congrès national du MouÂvement populaire (MP) qui se tiendra du 11 au 13 juin Ă Rabat, s’achemine vers le maintien de Mohand Laenser au poste de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Mais un « j’y suis, j’y reste », ça se prĂ©pare. La mise en scène est apparemment bien ficelĂ©e.
Ă€ quelques jours du congrès auquel parÂticiperont plus de 2 500 congressistes, les dĂ©s semblent dĂ©jĂ jetĂ©s, mĂŞme si la comÂmission juridique a soumis au congrès des amendements qui, une fois adoptĂ©s, vont semer la discorde au sein de la vieille garde du parti. Le premier amendement est relatif au mandat du secrĂ©taire gĂ©nĂ©Âral qui ne devra pas dĂ©passer deux manÂdats ; 20 % des instances dirigeantes du parti devant ĂŞtre rĂ©servĂ© aux jeunes et aux femmes. Le plus significatif est la supÂpression du poste de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adÂjoint et de prĂ©sident du parti.
Optimisme de rigueur
Ă€ l’issue de l’opĂ©ration de fusion entre les trois composantes de la mouvance popuÂlaire en 2006, le MP, le MNP (Mouvement national populaire) et l’UD (Union dĂ©moÂcratique), les participants au 10e congrès avaient Ă©tĂ© contraints d’accepter la crĂ©aÂtion d’un nouveau poste de secrĂ©taire gĂ©ÂnĂ©ral adjoint attribuĂ© Ă Mohamed Fadili, ex-UD, et la mise en place d’une fonction taillĂ©e sur mesure pour Mahjoubi AherÂdane, fondateur du MP et ex-MNP, qui a Ă©tĂ© ainsi nommĂ© prĂ©sident du MP Ă vie. Au sein de la commission prĂ©paratoire du 11e congrès, on affiche un optimisme de rigueur : « l’ère des rentes politiques est rĂ©volue, dĂ©sormais il n'y aura que le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral pour diriger le parti, le seul poste qui ne connaĂ®tra pas de chanÂgement, c’est celui du prĂ©sident qui reste honorifique et sera rĂ©servĂ© uniquement Ă Mahjoubi Aherdane. » Selon la mĂŞme source, les structures du parti seront elles aussi resserrĂ©es puisque le conseil natioÂnal sera composĂ© de 250 membres et le buÂreau politique de 30 membres dont 10 % seront attribuĂ©s aux membres du conseil national. Le quota de 20 % qui sera attribuĂ© aux jeunes et aux femmes va Ă©carter des instances dirigeantes plusieurs anciens tĂ©nors. Ce sont ainsi 50 postes au conseil national et 6 postes du bureau politique qui vont ĂŞtre rĂ©servĂ©s Ă ces catĂ©gories, comme le stipule la loi sur les partis poÂlitiques. Une dĂ©cision qui fait grincer des dents la vieille garde, exceptĂ© bien entendu le trio gagnant, Aherdane-Laenser-Fadili. MalgrĂ© tout ce ramdam, Mohand Laenser part grand favori puisqu’il a pu neutraliÂser les voix contestataires et se prĂ©parer Ă reprendre du service. Le seul candidat qui fait vraiment le poids devant l’actuel secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral reste Mohamed Fadili.
Mohamed El Hamraoui |
Trois questions à Lahcen Haddad Président de la commission de la plateforme politique du 11e congrès
Le mouvement populaire va-t-il encore une fois jouer la carte du monde rural et de l’amazighité ?
Lahcen Haddad. En rĂ©alitĂ©, aujourd’hui, le MP est prĂ©sent dans toutes les rĂ©gions du Maroc ; sur le plan sociologique, le mou vement devient beaucoup plus urbain. C’est une mutation sociale, il y a plusieurs personnes qui s’intĂ©ressent au MP dans les villes. Il y a toujours une grande comÂposante amazighe mais le parti s’ouvre Ă toutes les composantes de la sociĂ©tĂ© ma rocaine. Pour la première fois, on va dĂ© battre de l’option libĂ©rale, il y a un cou rant très fort au sein du MP qui se prĂ© sente comme libĂ©ral. C’est un mouvement qu’on retrouve dans les villes et qui est pour l’économie de marchĂ© et la libertĂ© d’entreprise. Ce mouvement constitue un courant parallèle au courant amazigh et rural. Le congrès va essayer de crĂ©er une synergie entre les deux composantes dans le sens d’un parti libĂ©ral, qui appelle Ă plus d’attention au monde rural et aux zones dĂ©favorisĂ©s et montagneuses. Le congrès va aussi appeler Ă l’institutionnalisation de la langue amazighe dans l’administra tion et la vie publique.
Quels sont les nouveaux amendements introduits aux statuts du parti ?
Le principal changement concerne les ins tances du parti, comme le conseil national et le bureau politique, qui vont être plus ramassés. Le temps du compromis et de la rente politique est révolu, en dehors des décisions du congrès qui devra élire les structures représentatives, aucune autre voix n’aura droit au chapitre. Le congrès va consolider l’unification de toutes les tendances populaires en un seul bloc.
Cette nouvelle formule ne va-t-elle pas créer des mécontents ?
On ne se fait pas d’illusions, il y aura tou jours des mĂ©contents, mais on ne peut plus fonctionner de cette façon. Aujourd’hui ce sont les bases qui devront choisir. Les congrès rĂ©gionaux ont choisi les congres sistes en toute libertĂ© et maintenant, c’est Ă eux de dĂ©signer leurs reprĂ©sentants. On a bien essayĂ© de maintenir l’équilibre entre les trois composantes pendant quatre ans mais ça n’a pas donnĂ© de rĂ©sultat. C’est la cause mĂŞme des mauvais scores aux Ă©lecÂtions de 2007. Le Mouvement s'est engagĂ© dans une nouvelle voie, celle de la rĂ©unifi cation des diffĂ©rentes composantes de la famille populaire (Mouvement populaire, Mouvement national populaire et Union dĂ©mocratique) ; tout d'abord rĂ©concilier le MP avec une histoire riche en militan tisme et ensuite constituer une force de proposition, Ă l'heure des grands dĂ©fis qui attendent le Maroc.
Propos recueilli par M. E. H |
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