Quatre candidats principaux (*), quatre portraits, et un seul et même programme. On aura un nouveau premier secrétaire, mais peut-être pas un nouveau parti.
Ahmed ZaĂŻdi
Ceux qui ont plus de 40 ans le connaissent bien. Durant plusieurs années, il a été le présentateur vedette du JT principal de la RTM. Il démissionne en 1985 à cause…de la « tutelle de Driss Basri sur l’information ». Zaïdi n’est une figure connue qu’auprès des ittihadis et de ceux qui suivent de près la politique. Du coup, il joue la carte du renouvellement et du sang neuf tant attendus à l’USFP. L’actuel président du groupe socialiste à la première Chambre a confié, en marge d’un récent point de presse à Rabat, qu’il n’avait pas l’intention de briguer le poste de premier secrétaire du parti, et qu’il se contentait d’apporter son soutien à Ahmed Réda Chami. Mais a priori, c’est l’ancien ministre du Commerce et de l’Industrie du gouvernement El Fassi qui l’aurait encouragé à se présenter. Signal fort : lors de cette conférence de presse, Ahmed Zaïdi s’est entouré de la moitié des députés parlementaires de l’USFP, ainsi que des figures historiques, tel que Mohamed Lyazghi.
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Ce qui le fait courir
Homme de l’ombre pendant plusieurs années, Zaïdi croit aujourd’hui que son heure est venue de passer sur le devant de la scène.
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Habib El Malki
Habib El Malki est l’une des figures les plus en vue du parti. Ce professeur d’économie s’est fait connaître lors de sa participation au gouvernement de l’alternance en occupant le portefeuille de l’Enseignement supérieur. C’est un homme de compromis qui évite les clashs. Il est très discret sur les relations entre la monarchie et le gouvernement El Youssoufi. Dans son livre Alternance : la parenthèse désenchantée, il estime que la responsabilité du « blocage de la transition démocratique » en 2002 incombe beaucoup plus aux mauvais rapports entre Abderrahman El Youssoufi et Abbas El Fassi qu’au roi Mohammed VI qui a nommé Driss Jettou ! D’ailleurs, dans de récentes confidences au journal Al Massae, Mohamed Lahbabi, ex-membre du bureau politique et compagnon de lutte de Ben Barka, El Youssoufi et autre Fqih Basri, raconte que Hassan II voulait qu’El Malki succède à Abderrahim Bouabid. Tout un symbole !
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Ce qui le fait courir
S’il a ses chances de succéder à Abdelouahed Radi, grâce notamment au réseau électoral qu’il s’est tissé dans sa région natale de Bejaâd, El Malki « court aussi un autre lièvre », estime un militant du parti : s’assurer une place dans le prochain bureau politique.
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Fathallah Oualalou
Il a été l’argentier du Royaume dans le gouvernement de l’Alternance. Les militants lui vouent beaucoup de respect. « C’est quelqu’un de clean. Il n’a jamais été compromis dans quoi que ce soit, outre qu’il est un universitaire respecté par ses confrères », nous disent en substance les militants que nous avons interrogés. Son problème est qu’il est trop « consensuel ». Ses détracteurs se moquent parfois en rappelant qu’il est le socialiste qui a chapeauté l’opération des privatisations…Un peu populiste tout de même !
Oualalou fait de « la modernisation du parti » son cheval de bataille. Dans sa lettre de candidature, il parle de « l’affirmation de l’identité ittihadie du parti, en œuvrant pour l’actualisation de ses fondements et ses principes, afin de répondre aux questions qui se posent à notre pays lors de cette deuxième décennie du XXIe siècle ». Avouons-le, la formule ressemble davantage à une dissertation qu’à des promesses électorales.
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Ce qui le fait courir
Militant depuis les années soixante, Fathallah Oualalou a toutes les raisons de se présenter. Sa légitimité historique, sa réputation d’homme intègre et sa carrière d’homme d’Etat le donne favori. Pourtant, Oualalou n’a pas de base électorale et ne compte pas de supporters dans les régions, à l’instar d’El Malki par exemple.
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Driss Lachgar
Très médiatique, il est pourtant le moins connu des candidats car Driss Lachgar est un personnage complexe. Il peut retourner sa veste à tout moment, changer radicalement de cap et, cela, les militants le savent bien. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est comment Driss Lachgar s’en sort, à chaque fois, indemne. Il est champion du jeu des compromis et des tractations en coulisses. Ce qu’il propose est à l’image de ce qu’il est : un militant âgé de 58 ans qui a rejoint le parti à 16 ans et grimpé tous les échelons jusqu’à devenir membre du bureau politique, puis ministre. Il veut redynamiser les appareils régionaux, dont certains sont en léthargie depuis dix ans. Quant à ses promesses concernant le rapport entre l’USFP et la monarchie, ou encore les autres partis, il vaut mieux ne pas y prêter attention, car il peut se raviser à tout moment.
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Ce qui le fait courir
Gagner et devenir le zaïm semble être l’ultime ambition de Lachgar.
Ali Hassan Eddehbi
(*) Ils sont en réalité cinq candidats, mais le cinquième, Mohamed Talbi, membre du conseil national et journaliste à Al Ittihad Al Ichtiraki, a lui-même reconnu que ses chances étaient nulles et qu’il se présentait par « acte de militantisme ».
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