Tout le parti... balance les Fassi. La stratégie opportuniste de Chabat le rapproche davantage de la tête de l'Istiqlal.
Pour avorter la guerre fratricide qui menace sérieusement l'avenir du plus ancien parti du Royaume, les caciques de l'Istiqlal ont recouru aux recettes de grand-mère qui ont fait la gloire de la formation. A savoir, en appeler à l'arbitrage des sages dès qu'il y a péril en la demeure. Mais cette médiation, qui devait déboucher sur une sortie de crise vendredi dernier à Marrakech, s'est rapidement transformée en un procès en règle contre Abbas El Fassi.
La rencontre qui s'est déroulée au domicile de M'Hamed Boucetta, l'un des plus anciens piliers de l'Istiqlal, a vu un Abbas El Fassi dans ses petits souliers après la charge violente de ses pairs. Le président du Parlement et le chef du groupe parlementaire istiqlalien l'ont accusé d'avoir sacrifié la stabilité du parti pour assouvir des calculs politiciens étroits. Les membres du bureau politique étaient particulièrement remontés contre le secrétaire général sortant qui, non seulement a eu « le mérite » pour la première fois de l'histoire de ce parti de voir le linge sale déballé sur la place publique mais, de plus, a réussi le tour de force de bloquer la nomination par consensus de son remplaçant, chose inimaginable jusqu'au dernier congrès en date. Sa gestion du cas Chabat a été catastrophique dans la mesure où Abbas El Fassi a fait feu de tout bois pour tenter d'imposer son gendre Nizar Baraka comme le sauveur du parti à la dernière minute. Cette tactique a donné au maire de Fès la stature d'un « chef de guerre » parfaitement bien outillé pour mener le combat contre Abbas El Fassi qui, dans les coulisses du congrès, s'est positionné en « chef de clan ». Sans compter les règlements de comptes familiaux entre Abbas El Fassi et son beau-frère Louafa. Avec en prime, la grosse bourde de ce dernier qui n'a pas hésité à inventer un entretien fictif avec le roi, pour montrer qu'il était en fait le véritable candidat du Palais. Incroyable mais vrai !
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Une commission pour l'Ă©lection
La question du futur patron de l'Istiqlal reste entièrement posée. Une commission composée de Karim Ghellab, Taoufiq Hejira, Abdessamad Qayyouh, Noureddine Mediane, le chef du groupe à la Chambre des représentants, et Mohamed Ansari, son homologue à la Chambre des conseillers, a été créée pour gérer spécialement l’élection du secrétaire général. A la veille d’une nouvelle guerre de tranchées à l'Istiqlal, le seul candidat qui a toutes les chances de prendre les rênes de ce parti reste Abdelhamid Chabat. Pourtant, du côté du bureau politique, on reste confiant dans « un retour à la raison du chef de l'UGTM », qui devrait au dernier moment laisser la place à des profils plus consensuels tels que Abdelwahed El Fassi ou encore Karim Ghellab, Louafa étant définitivement disqualifié. « C'est mal connaître Chabat. Comme Churchill, dont il est un fervent admirateur, l'homme est téméraire, excessif même. Aujourd'hui, il sait qu'il a la baraka et il est convaincu que ses barouds avec un mélange de cynisme et de pragmatisme le conduiront certainement à la tête de l'Istiqlal », explique Abdelmajid Gouzi, le directeur du journal régional de Fès Achourouk. Le politologue, qui a pratiqué Chabat pendant des décennies, explique que le maire de Fès tient toutes les régions du Royaume, à part Rabat et Casablanca qui sont verrouillées par le clan El Fassi. Ses lieutenants ? Abdellah Bekkali couvre le Nord ; les Kayouh, père et fils ont offert au maître de Fès les inspections du Sud sur un plateau d'or ; Nourredine Médiane tient le Rif sous sa coupe et, cerise sur le gâteau, Abdelkader El Kihel peut à tout moment sonner la charge des jeunesses de la Chabiba.
Abdellatif El Azizi |