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Qui veut la peau de Chabat 
actuel n°146, vendredi 15 juin 2012
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L’inoxydable maire de Fès et tout-puissant prĂ©sident de l'UGTM accumule les dĂ©boires. Ses ennemis se multiplient et la guerre de succession pointe. 


 

Chabat serait-il devenu le nouveau pestiféré de la classe politique ? Celui que tout le monde courtisait ardemment ne rassemble plus les foules. Empêtré dans plusieurs procès impliquant ses fils, le tribun de l'Istiqlal continue certes de ruer dans les brancards mais apparemment sans grande conviction. Après Nabil et Yassine qui ont leur lot de démêlés avec la justice, est venu le tour de Naoufal, le fils aîné, qui a été condamné début mai à trois ans de prison ferme pour détention et trafic de cocaïne. Et ce, au moment où le procès de Nidal, le fils cadet du maire de Fès accusé de détenir une voiture importée de l’étranger avec des documents administratifs falsifiés, est toujours en cours. Alors que Chabat se prépare à parer d'autres coups bas, la question de savoir qui veut la peau de l’édile de Fès, à la réputation sulfureuse, revient avec insistance.

 

Une affaire aux relents politiques ?

Comment Chabat, vĂ©ritable vedette politique, est-il devenu subitement l’homme Ă  abattre ? Quand on cherche Ă  dĂ©crypter ces procès Ă  rĂ©pĂ©tition, la rĂ©ponse n’est guère Ă©vidente. Les fils Chabat ne sont pas des enfants de chĹ“ur. Comme la plupart des enfants des puissants, ils vivent dans l’impunitĂ© absolue, et leurs frasques Ă  Fès relèvent du domaine public. « Il n’est pas exclu qu’ils se situent souvent Ă  la limite de la lĂ©galitĂ© mais, sur un point au moins, Chabat a raison de dĂ©nigrer le principal tĂ©moin citĂ© dans le procès de Naoufal pour trafic de drogue : le dĂ©nommĂ© "Zyatra", un personnage interlope, tantĂ´t indicateur de police tantĂ´t dealer. D’autant plus que tout le monde sait qu’à Fès, Chabat est trop craint pour que quiconque s’avise de tĂ©moigner contre lui », explique une source judiciaire locale. Les arguments de campagne Ă©lectorale reviennent souvent dans la bouche du maire de Fès qui rappelle que le scĂ©nario est dĂ©sormais classique. A l'approche de chaque Ă©chĂ©ance Ă©lectorale, « une affaire Chabat », avec un procès Ă  la clĂ©, est servie Ă  l'opinion publique. Les faits semblent lui donner raison, puisque les communales qui s'annoncent très serrĂ©es reprĂ©sentent dĂ©sormais un duel impitoyable pour toutes les formations politiques, en raison des enjeux financiers et politiques Ă©normes du dĂ©coupage rĂ©gional qui devrait prĂ©cĂ©der les Ă©lections locales. Pour le maire, il n’y a pas de doute, c’est le PAM qui est  derrière la campagne qui le vise. Ilyas El Omari est citĂ© nommĂ©ment comme Ă©tant l’instigateur des « harcèlements » dont sont victimes les membres de sa famille. Ce dernier a d’ailleurs demandĂ© que le ministre de la Justice et des LibertĂ©s, Mustafa Ramid, fasse une enquĂŞte sur les propos de Chabat qui a Ă©mis de gros doutes au passage sur l’intĂ©gritĂ© des juges de Fès.

Le secrétaire général du PAM, Mustapha Bakkoury a, de son côté, demandé officiellement des éclaircissements sur les propos de Hamid Chabat.

Chabat a-t-il de nombreux ennemis ? Il s'agit-là d'un doux euphémisme puisque l'homme, d'une intelligence machiavélique, traite avec tout le monde. Mais il ne se prive pas de mouiller ses partenaires que ce soit en politique ou dans les affaires. « La plupart des ennemis les plus farouches de Chabat faisaient partie de ses intimes dans la gestion des affaires communales et s'ils brûlent tous d'envie de faire tomber leur ancien patron, ils n'ont pas le courage de franchir le pas en raison de leur implication dans les montages financiers douteux de la mairie. Et cela vaut autant pour la majorité que pour l'opposition », affirme un conseiller de l'opposition.

 

Chahuté même au sein de l’Istiqlal

Même à l'intérieur de son propre parti, l’Istiqlal, Chabat n'a pas que des amis, loin de là. La lutte pour la prise de pouvoir entre plusieurs clans a amené son lot de vengeances. Le remaniement des instances dirigeantes du parti au cours du prochain congrès réservera certainement des surprises au patron de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), de plus en plus chahuté par les bases.

Samedi dernier, c'est Ă  l'ouverture du congrès rĂ©gional de KĂ©nitra pour dĂ©signer les congressistes et les membres du conseil national qui trancheront sur la question de la succession Ă  Abbas El Fassi, que la popularitĂ© de Hamid Chabat a Ă©tĂ© mise Ă  rude Ă©preuve.  Abdellah Bekkali, qui devait prĂ©sider les travaux du congrès, a dĂ» battre en retraite devant la charge violente des anti-Chabat qui ont accusĂ© la direction du parti « de chercher par tous les moyens Ă  faire passer des congressistes Ă  la rĂ©putation sulfureuse qui roulent pour Chabat ».  LĂ  aussi, une certaine aigreur parmi les  camarades de Chabat dont beaucoup ne voient pas d’un bon Ĺ“il l’hĂ©gĂ©monie de ce « parvenu » sur le parti des « Fassis » au moment oĂą Abbas El Fassi est contraint de rendre le tablier. Chabat a-t-il une chance de succĂ©der Ă  ce dernier Ă  la tĂŞte de l'Istiqlal ? « Certainement pas, puisque non seulement l’homme a besoin de la bĂ©nĂ©diction du Palais, mais il doit de plus avoir raison du mĂ©pris des grandes familles qui tiennent l’Istiqlal », analyse un cadre du parti. Reste au puissant patron de l’UGTM le loisir de placer ses hommes au bureau politique et Ă  la jeunesse du parti.

 

Des dossiers explosifs

Cela fait certes beaucoup d’ennemis en face de Chabat, qui ont presque tous un compte personnel Ă  rĂ©gler avec le locataire de la mairie de la capitale spirituelle, mais ils ne sont pas les seuls. L'Ă©dile de Fès, qui traite d’égal Ă  Ă©gal avec les gros requins de l’immobilier, aurait des soucis Ă  se faire maintenant que le foncier est l’objet d’enjeux Ă©normes dans la province. RĂ©glements de compte sur fond de dossiers immobiliers ? Possible. Plus qu’ailleurs, Ă  Fès, en raison de la proximitĂ© de la route du kif, sur le terreau favorable de l’immobilier, se dĂ©veloppent, sous la forme de rĂ©seaux d’influence, des associations informelles entre des personnalitĂ©s du monde du haschich, des affairistes, des fonctionnaires et des Ă©lus. Ici, pour l’acquisition d’un terrain, l’obtention de dĂ©rogations, la rĂ©alisation d’une promotion immobilière juteuse, le blanc-seing du maire et celui du wali sont incontournables.  On retrouve dans ce système opaque oĂą règne une forte omerta, des hommes de main, des promoteurs immobiliers qui ne sont pas forcĂ©ment ripoux mais qui ferment les yeux sur l’origine de l’argent dĂ©bloquĂ© par leurs donneurs d’ordre, des banquiers, des fonctionnaires de l’urbanisme. Sans oublier les policiers qui feignent d'ignorer ces transactions douteuses... Contrairement aux mafias Ă©trangères, Ă  de rares exceptions près, nos barons du haschich n’ont pas recours Ă  la terreur pour faire rĂ©gner leur loi, mais tiennent tout le monde Ă  distance grâce Ă  la corruption.

A un certain niveau d’investissement, l’argent sale recyclé dans ces affaires « légales » prend forcément une autre couleur. « C’est à une sorte de Monopoly géant auquel se livrent les narcotrafiquants qu’ils soient de Taounate ou de Ketama ; les hommes d’affaires et les hommes politiques, achetant des biens immobiliers, des commerces divers , des pans entiers de l'économie locale sont peut-être gangrenés par l'argent sale mais qui peut le prouver, histoire de s’attaquer à la pieuvre ? », se désole un gradé de la police qui a récemment quitté la capitale spirituelle. Finalement, si à Fès, Hamid Chabat détient toujours un pouvoir absolu, les rancœurs accumulées au cours d'une gestion communale autocratique de plusieurs décennies et une culture de fier-à-bras du syndicalisme ont fini par exacerber la guerre de succession déjà ouverte à la tête de la mairie.

Abdellatif El Azizi

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