Elu à la présidence du Conseil de la commune urbaine de Casablanca en 2003, sous les couleurs de l’UC, et reconduit dans ses fonctions en 2009, Mohamed Sajid a plombé l'avenir de la métropole par une gestion calamiteuse de la mairie.
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Quels sont les reproches qui sont adressés à Mohamed Sajid par les élus de l'opposition ? Non-respect de la procédure d’octroi des marchés publics, mauvaise gestion financière, prise de décision unilatérale, frais de déplacements faramineux et injustifiés, etc. Il y a peu, les magistrats de la Cour des comptes régionale, dépêchés par Ahmed Midaoui, se sont particulièrement intéressés aux dossiers épineux de détournement de fonds publics, comme celui du marché de gros des fruits et légumes, ou des abattoirs. Ils ont épluché les contrats obscurs de la gestion déléguée du transport urbain, de l'eau et de l’électricité, de la collecte des déchets… ainsi que ceux des marchés publics, sans oublier les dépenses liées au parc automobile et bien d'autres joyeusetés. Pour l'anecdote, on parle de factures de téléphone du conseil de la ville de Casablanca qui ont totalisé 1,8 million de dirhams en 2010, ce qui équivaut aux communications des 347 lignes GSM utilisées par le maire et ses adjoints.
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« Déficit en gouvernance locale »
Le conseil de la ville de Casablanca est aussi pointé du doigt pour « déficit en gouvernance locale », ce qui veut dire en langage politiquement correct que la ville est pratiquement paralysée par les guerres intestines entre les élus. L'accalmie que le wali a réussi à arracher aux élus de l'opposition en faisant notamment signer, le 12 janvier dernier, un pacte d'honneur aux élus du Rassemblement national des indépendants (RNI), du Parti de la justice et du développement (PJD), du Parti authenticité et modernité (PAM), du Mouvement populaire (MP), du Parti de l’Istiqlal (PI), du Parti travailliste (PT) et du Front des forces démocratiques (FFD), ainsi qu'au maire de la ville de Casablanca, Mohamed Sajid, a permis à ce dernier de tenir la première réunion du conseil sans que les conseillers n'en viennent aux mains. Résultat, cette réunion qui s'est tenue le vendredi 30 mars, s’est plutôt bien passée. Sur les six points qui étaient inscrits à l’ordre du jour, les élus n'ont eu aucun mal à se mettre d'accord sur l'approbation de la caution de la mairie concernant le prêt que Casa Transport doit contracter afin d'achever le financement du projet du tramway. Même chose pour la construction d’une trémie sous le boulevard Abderrahim Bouabid, et la convention de partenariat pour la réalisation des travaux de réaménagement du marché de gros de la volaille. Sans oublier l'élection des six membres du comité de suivi de la gestion déléguée confiée à Lydec. Sajid peut-il respirer pour autant ? « Tout cela n'est que menu fretin, malgré les sourires de convenance, le maire n'a pas réussi à faire plier les conseillers de manière à ce qu'ils votent les comptes administratifs des années 2010 et 2011. Leur examen a été reporté à la prochaine session. Ce qui est une manière de dire à Sajid qu'il n'est pas sorti de l'auberge », explique avec humour l'un des élus qui émarge pourtant à la majorité. En langage codé, le vote du compte administratif équivaut à un blanc-seing délivré au maire par tous les élus. Entravée de nouveau par la cohabitation conflictuelle avec l'opposition, la validation du quitus portant sur les dépenses douteuses de l'équipe Sajid n'est pas pour demain. Cela laisse supposer que les grands chantiers en instance à Casablanca ne connaîtront pas d’issue avant le départ de l’équipe qui gère aujourd’hui la mairie. La métropole est désormais une cité aux multiples chantiers inachevés pour la plupart, une ville indigente par rapport aux besoins urgents de ses résidents, bref une ville invivable.
Abdellatif El Azizi |