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Open Sea : Sauve qui peut  
actuel N°169, jeudi 22 novembre 2012
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Attention, danger. A dĂ©faut d’adopter une stratĂ©gie maritime complĂšte, le secteur disparaĂźtra. L’Association marocaine de droit maritime et aĂ©rien, tout en tirant la sonnette d’alarme, vient de proposer une sĂ©rie de mesures pour garantir l’indĂ©pendance du pays en la matiĂšre.


Que faut-il faire pour sauver le secteur de la marine marchande au Maroc ? La question est lĂ©gitime sachant qu’une seule compagnie maritime est toujours en activitĂ©. En effet, la libĂ©ralisation du secteur maritime a Ă©tĂ© improvisĂ©e, ou du moins pas suffisamment prĂ©parĂ©e. D’oĂč les consĂ©quences dĂ©sastreuses sur le secteur. L’Open Sea, accord calquĂ© sur le fameux Open Sky, a Ă©tĂ© lancĂ© au Maroc sur la base d’une simple circulaire. Sans mĂȘme une analyse d’impact sur la balance des paiements. RĂ©sultat : la flotte marocaine a perdu 80% de ses navires. Ceux qui sont encore sous pavillon marocain sont ĂągĂ©s, trop coĂ»teux en termes de rĂ©paration ou tout simplement inaptes Ă  la navigation. Ainsi, douze navires tout au plus sont opĂ©rationnels Ă  ce jour. Aussi le secteur est-il menacĂ© d’extinction. Qu’on le veuille ou non, le Maroc a perdu son indĂ©pendance maritime. Or, plus de 70% des Ă©changes entre le Maroc et l’étranger sont effectuĂ©s par voie maritime. En 2011, le volume des Ă©changes s’élevait Ă  70 millions de tonnes contre 50 millions de tonnes en 2005. Le Maroc perd donc 2,2 milliards de dollars par an, soit 2% de son PIB. A l’opposĂ©, l’Egypte par exemple, Ă  travers le canal de Suez, draine chaque annĂ©e 2,5 milliards de dollars de droits de passage. « Nous travaillons pour le compte des opĂ©rateurs internationaux », lance un professionnel sous couvert d’anonymat. La libĂ©ralisation du secteur maritime est donc une prioritĂ© mais elle doit donner naissance Ă  des compagnies marocaines fortes et compĂ©titives. Alors, comment procĂ©der ?

 

Equilibrer et rĂ©parer  les inĂ©galitĂ©s

Les incitations fiscales sont, du point de vue de l’Association marocaine de droit maritime et aĂ©rien (AMDMA), un moyen efficace pour attirer les investisseurs et leur garantir une santĂ© financiĂšre acceptable. Sur ce registre, l’Association propose l’instauration d’une taxe de tonnage, qui remplacerait l’impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s (IS), Ă  l’image de ce qu’il se passe dans les autres pays. Cette mesure rĂ©duirait la pression fiscale sur les armateurs et garantirait une taxation Ă©quitable en fonction du volume transportĂ©. Des subventions pourront alors ĂȘtre accordĂ©es aux armateurs pour Ă©quilibrer et rĂ©parer les inĂ©galitĂ©s d’exploitation des navires. De plus, il serait intĂ©ressant d’instaurer une taxe sur les nuisances gĂ©nĂ©rĂ©es chaque jour par les 300 navires de passage dans les eaux marocaines. Il s’agit aussi de mettre en place un systĂšme de protection environnementale Ă  l’encontre des armateurs imprudents, Ă  l’image de la France oĂč les rejets d’hydrocarbures en mer sont passibles d’une amende de 15 millions d’euros. Au Maroc, cette amende atteint au maximum la somme ridicule de 1 million de dirhams.

Par ailleurs et pour s’installer au Maroc, les nouveaux armateurs devront en compensation recruter une partie de la main-d’Ɠuvre qualifiĂ©e locale, au chĂŽmage du fait de la faillite de certaines compagnies marocaines. A ce sujet, un code du travail spĂ©cifique au secteur devrait ĂȘtre adoptĂ©. D’autre part, le processus de disparition des compagnies vieillissantes doit ĂȘtre activĂ©. « Il faut accĂ©lĂ©rer leur liquidation, Ă  l’instar de la France oĂč une importante compagnie française a Ă©tĂ© vendue Ă  un franc symbolique Ă  CMA-CGM. On aurait pu procĂ©der de mĂȘme pour sauver Comarit », rappelle Hassania Cherkaoui, prĂ©sident de l’AMDMA.

Autre recommandation : avant de libĂ©raliser le secteur maritime, il serait judicieux de commencer par l’assurance maritime. « Il faut autoriser les armateurs Ă  assurer leurs navires Ă  l’étranger. Cela leur coĂ»terait moins cher », lance notre professionnel. D’autant plus que les assureurs marocains offrent une couverture partielle et rĂ©assurent Ă  95% leurs portefeuilles.

 

Nouveau dispositif

Egalement, l’AMDMA prĂ©conise la mise en place de chantiers navals au port de Tanger-Med qui permettraient d’effectuer des rĂ©parations moins chĂšres pour les navires de grande taille, tel le Marco Polo, le plus gros navire au monde et propriĂ©tĂ© de CMA-CGM. De tels chantiers pourraient aussi ĂȘtre utilisĂ©s pour la rĂ©paration des navires de la marine royale, et limiter les sorties de devises.

Enfin, pour que ce nouveau dispositif fonctionne, il faut un organisme de contrĂŽle. Un conseil supĂ©rieur de la marine marchande pourrait voir le jour pour accompagner la mise en Ɠuvre des stratĂ©gies gouvernementales. Ce conseil opĂ©rerait en amont pour l’élaboration des dĂ©crets et lois et, en aval, pour aider Ă  la prise de dĂ©cisions gouvernementales.

Abdelhafid Marzak

Trois questions  Ă ... Hassania Cherkaoui

PrĂ©sidente de l’Association marocaine de droit maritime et aĂ©rien

« D’ici 2020, nous assurerons le transport de 50% de nos Ă©changes extĂ©rieurs »

 

Si Comarit est rachetĂ©e par une autre compagnie, devra-t-on exiger une remise Ă  niveau de la flotte ?

L’état de la flotte n’est que le symptĂŽme de l’absence d’une stratĂ©gie maritime.  Par exemple, il est scandaleux que l’Open Sea se rĂ©alise par le biais d’une simple circulaire. Il n’est pas non plus question que l’Etat subventionne quoi que ce soit. L’Etat marocain ne doit pas donner de l’argent Ă  nos armateurs. Il doit juste poser sa signature et garantir un contrat-programme.

 

Pourtant, des professionnels pointent du doigt la concurrence des compagnies étrangÚres qui bénéficient de subventions


Ce ne sont pas les subventions qui sont remises en cause, mais le principe de l’équitĂ©. Pour avoir des opĂ©rateurs maritimes compĂ©titifs, il faut tout simplement aligner notre lĂ©gislation sur la rĂ©glementation appliquĂ©e par les autres nations maritimes.

 

Dans le cas oĂč Comarit ne serait pas redressĂ©e, quelles solutions prĂ©conisez-vous pour relever le secteur ?

C’est le contrat-programme qui va fixer des objectifs. Aujourd’hui, 10% de nos Ă©changes internationaux sont couverts par le transport maritime marocain. A l’horizon 2014, nous allons passer Ă  20%, puis Ă  25% en 2016, et Ă  30% en 2018. Pour finir, nous couvrirons 50% de nos Ă©changes par nos propres navires en 2020. Je crois qu’on peut y arriver car nous avons les armateurs capables de le faire. n

 

Propos recueillis par Abdelhafid Marzak

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