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Achoura : Un business explosif  
actuel n°168, mardi 20 novembre 2012
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Chaque annĂ©e, le Royaume se transforme en champ de bataille, le temps de Achoura. Au fil des ans, cette fĂȘte s’est transformĂ©e en une journĂ©e d’accidents dus  aux pĂ©tards et autres feux d’artifices. Des produits pourtant prohibĂ©s par loi.


C’est le calme avant la tempĂȘte. A quelques jours de Achoura, les prĂ©paratifs vont bon train pour satisfaire les premiers clients de cette fĂȘte religieuse. Les marchands ambulants ont troquĂ© leurs chaussettes, pulls et autres « hmouz » habituels, contre une marchandise d’un tout autre genre. C’est que, chaque annĂ©e, le scĂ©nario est pratiquement le mĂȘme. A l’approche de la fĂȘte de Achoura, dixiĂšme jour de Muharram, premier mois de l’annĂ©e musulmane, parents et enfants frĂ©quentent le plus cĂ©lĂšbre quartier commercial de Casablanca. Objectif : s’équiper en pĂ©tards et autres feux d’artifices en vue de les utiliser durant la semaine de Achoura. Les vendeurs ambulants habituĂ©s du quartier Derb Omar ont vite fait d’occuper les lieux de passage stratĂ©giques. Les nouveaux arrivĂ©s, opportunistes, prennent place dans les quelques endroits encore libres.

 

Renouveler l’engouement

Pour commercialiser leurs produits, les fournisseurs rivalisent d’ingĂ©niositĂ©. Ils sont allĂ©s jusqu’à donner Ă  leurs articles des noms de personnalitĂ©s politiques emblĂ©matiques du Printemps arabe. « L’engouement sur ce modĂšle sera inhabituel, mĂȘme si le produit en lui-mĂȘme n’est pas nouveau. Il suffit de voir la rĂ©action des clients qui ont dĂ©jĂ  fait leurs courses », analyse un vendeur. Surtout que les prix de ces artifices sont accessibles : entre 15 dirhams et 150 dirhams, pour des marges variant de 10 dirhams Ă  45 dirhams selon le type d’artifice. Le principe mĂȘme d’attribuer des noms n’est pas nouveau. Chaque annĂ©e, les fournisseurs s’appuient sur des Ă©lĂ©ments de l’actualitĂ© Ă©conomique, politique ou encore sportive pour baptiser leurs marchandises. Mais d’oĂč proviennent ces produits ? Comment sont-ils introduits au Maroc ?

Il y a encore quelques annĂ©es, ces produits pouvaient ĂȘtre importĂ©s sans aucune difficultĂ©. « Depuis les attentats du 16 mai 2003, la donne a changé », partage un transitaire sous couvert d’anonymat. Les premiers mois, il Ă©tait devenu nĂ©cessaire d’obtenir une autorisation d’importation du ministĂšre du Commerce. « Une circulaire Ă©tait alors envoyĂ©e aux services de la douane afin de les informer de l’arrivĂ©e de ces produits », se rappelle notre transitaire. En effet, les dispositions de l’arrĂȘtĂ© n° 1308-94, du 19 avril 1994, fixent la liste des marchandises faisant l’objet de mesures de restrictions quantitatives Ă  l’importation et Ă  l’exportation. « Dans cette liste, les artifices font bel et bien partie des produits soumis Ă  une licence d’importation », prĂ©cise RajaĂą Farrouk, transitaire Ă  Casablanca. Une fois la marchandise au Maroc, le distributeur pouvait faire l’objet de plusieurs contrĂŽles afin de s’assurer que la commercialisation s’effectuait correctement, en respectant un certain nombre de critĂšres. « Aujourd’hui, cette autorisation n’est plus accordĂ©e, prĂ©cise le transitaire avant de conclure, il n’y aucun doute, les produits qui circulent sur le marchĂ© marocain ont tous Ă©tĂ© introduits de maniĂšre illĂ©gale. » MalgrĂ© cette interdiction, les stocks de ces produits sont de plus en plus massifs. Et la demande ne fait qu’augmenter.

 

Campagnes de sensibilisation

Pourtant les saisies se font assez rares. Fin 2011, les services de police de TĂ©mara procĂšdent Ă  la saisie d’une grosse quantitĂ© de produits pyrotechniques. La valeur de la marchandise, composĂ©e essentiellement de pĂ©tards et de feux d’artifices, est estimĂ©e Ă  20 000 dirhams. Mais les efforts fournis par les diffĂ©rentes administrations n’ont aucun impact sur le dĂ©veloppement de ce marchĂ©. Les professionnels de l’import continuent Ă  alimenter leurs rĂ©seaux de distribution. Et ceux qui ont fait de ce crĂ©neau leur business ne peuvent plus l’abandonner. L’utilisation de ces artifices est une habitude qui s’est « incrustĂ©e » dans nos traditions depuis quelques annĂ©es. Au point de dĂ©ranger, d’ailleurs. C’est pourquoi les associations de protection des consommateurs s’activent depuis quelques mois pour attirer l’attention des parents sur les dangers des artifices. « L’annĂ©e derniĂšre, nous avons menĂ© une campagne de sensibilisation, en partenariat avec l’association Afak, afin d’alerter les parents d’enfants en bas Ăąge sur les risques que prĂ©sente l’utilisation de pĂ©tards et artifices », explique Madih Ouadih, prĂ©sident de l’association Uniconso, pour la protection des consommateurs. Des supports d’affichage mobiles ont sillonnĂ© les rues pour l’occasion. Plusieurs centaines de familles ont Ă©tĂ© approchĂ©es. Cette annĂ©e, l’objectif est plus difficile Ă  atteindre. « Nous manquons cruellement de fonds », se dĂ©sole Ouadih.

 

Quand ça se termine aux urgences

Si les autoritĂ©s et les associations s’activent contre ces produits, c’est parce qu’ils prĂ©sentent un rĂ©el danger pour la santĂ© des citoyens, en particulier les enfants. Les mĂšches courtes et les Ă©clats d’objets envoient beaucoup d’imprudents aux urgences. « Contrairement Ă  ce l’on pense, les pĂ©tards sont trĂšs puissants. Certains modĂšles peuvent blesser. Le non-respect du mode d’emploi du fabricant peut mĂȘme causer l’amputation d’un doigt, voire plus », explique SaĂŻda Salah, mĂ©decin chef des urgences de l’hĂŽpital Mohamed Bouafi, Ă  Casablanca. Notre mĂ©decin en sait quelque chose puisque, chaque annĂ©e, la mĂȘme histoire se rĂ©pĂšte. D’aprĂšs ses statistiques, 43 enfants ont Ă©tĂ© admis durant les trois derniers jours de Achoura en 2010, dont 21 cas d’imprudence. En 2011, le nombre de cas d’imprudence enregistrĂ©s Ă©tait de 18. En moyenne, le service d’urgence reçoit trois enfants blessĂ©s, toutes les 12 heures. Durant cette pĂ©riode, les brĂ»lures oculaires et celles occasionnĂ©es quand le pĂ©tard explose entre les mains sont le plus frĂ©quemment traitĂ©es aux urgences, suivies des traumatismes crĂąniens causĂ©s par les fusĂ©es qui viennent exploser au niveau de la tĂȘte des passants. « On se souvient tous de la mort, en 2002, d’un jeune homme suite Ă  l’explosion d’un pĂ©tard prĂšs de sa nuque », partage une infirmiĂšre.

 

Prise de conscience

« Cependant, force est de constater que d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale le nombre de blessĂ©s admis aux urgences pour imprudence, durant cette pĂ©riode, diminue chaque annĂ©e », prĂ©cise Abdelaziz Haris, directeur du Centre hospitalier prĂ©fectoral (CHP) El Fida Mers Sultan. De plus en plus de parents prennent conscience du danger que reprĂ©sentent ces produits. Probablement grĂące au nombre grandissant d’histoires de victimes de ces jouets « explosifs » qui ne font pas que des heureux. A quelque chose malheur est bon.

Abdelhafid Marzak

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