En 2011, nos chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision ont drainĂ© 1,54âMMDH de recettes publicitaires, en baisse de 11% par rapport Ă 2010. La CAN 2012 est lâoccasion de faire du foot un business juteux. Les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision et les annonceurs, tout comme les joueurs, y trouvent leur compte. Mais plus les sommes dâargent en jeu sont importantes, plus grande est la discrĂ©tion.
La SociĂ©tĂ© nationale de radiodiffusion et de tĂ©lĂ©vision (SNRT) a dĂ», pour acquĂ©rir les droits de retransmission en direct de 10 matchs de la CAN 2012, dont ceux des Lions de lâAtlas, verser la somme de 10 millions de dollars Ă la chaĂźne qatarie Al Jazeera dĂ©tentrice des droits de diffusion de la Coupe dâAfrique des nations.
Cela Ă©quivaut Ă un million de dollars par match. La transaction est loin dâĂȘtre la plus chĂšre. Pour retransmettre la CAN de 2008, la SNRT a dĂ» verser, Ă la place de la chaĂźne ART, 27 millions de dollars Ă la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football (FRMF). De plus, tous les moyens techniques et humains de la SNRT ont Ă©tĂ© mis Ă la disposition de la chaĂźne gestionnaire des droits de diffusion pour la rediffusion du championnat national.
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250 annonceurs
Si autant dâargent est investi dans la retransmission des matchs de la sĂ©lection nationale, les recettes publicitaires attendues devraient en attĂ©nuer lâimpact sur les comptes des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision.
Les 250 annonceurs qui font le bonheur de nos chaĂźnes attendent avec impatience le dĂ©but de la Coupe dâAfrique des nations pour passer leurs nouveaux spots dĂ©diĂ©s Ă lâoccasion. Durant les matchs, lâaudimat explose.
Et les annonceurs veulent profiter de ce pic pour promouvoir leurs produits auprĂšs dâune plus large population de supporters. CĂŽtĂ© tarifs, les chaĂźnes nationales ajustent lĂ©gĂšrement Ă la hausse leurs grilles, tout en veillant Ă ne pas dissuader le moindre annonceur potentiel. «âLes prĂ©visions en recettes publicitaires sont de tailleâ», confie un professionnel.
Mais pour avoir une idĂ©e exacte de la taille du marchĂ© potentiel, actuel a approchĂ© les rĂ©gies publicitaires. MalgrĂ© plusieurs tentatives, la rĂ©gie publicitaire de la SNRT nâa pas donnĂ© suite Ă notre requĂȘte. Idem pour RĂ©gie 3, principale partenaire de la chaĂźne 2M.
A priori, les prĂ©visions sont classĂ©es top secret. Mais les chiffres concernant les recettes publicitaires des matchs Ă©liminatoires, comme celui du Maroc contre lâEgypte, estimĂ©es Ă 205âmillions de dirhams, donnent une idĂ©e approximative de lâenjeu.
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La part des radios
A cette occasion, les radios marocaines ont, elles aussi, une rĂ©putation et un business Ă dĂ©fendre. Leurs auditeurs, ayant gĂ©nĂ©ralement des contraintes les empĂȘchant de suivre la diffusion des matchs en direct Ă la tĂ©lĂ©vision, sont trĂšs exigeants.
Tous les moyens techniques et humains sont donc dĂ©ployĂ©s pour assurer, dans les meilleures conditions, la couverture de la CAN 2012. A titre dâexemple, Radio Mars a dĂ©cidĂ© de sortir le grand jeuâ: six envoyĂ©s spĂ©ciaux, des techniciens sur place et du matĂ©riel de retransmission par satellite. «âLa CAN, câest non-stop sur Radio Marsâ», affirme la rĂ©daction de la station. Seule une Ă©mission dĂ©diĂ©e aux autres activitĂ©s sportives sera tolĂ©rĂ©e durant la Coupe dâAfrique des nations coorganisĂ©e par le Gabon et la GuinĂ©e Ă©quatoriale. Lâespace publicitaire relatif Ă la CAN est par consĂ©quent important. Mais lĂ aussi, les informations sur les recettes publicitaires prĂ©vues sont inaccessibles.
Pour la Fédération royale marocaine de football, en plus des droits sportifs payés par Al Jazeera, ce sont les recettes de sponsoring perçues sur les matchs de la sélection nationale qui alimentent les caisses.
Ces derniĂšres varient, en temps normal, entre 400â000 et 600â000 dirhams mais peuvent atteindre des sommes astronomiques durant certaines rencontres. Ainsi, selon Younes Baghaz, membre de la FRMF, le match opposant les Lions de lâAtlas aux Fennecs dâAlgĂ©rie, le 4 juin 2011, avait gĂ©nĂ©rĂ© 2,5 millions de dirhams de recettes sponsoring. Il est aisĂ© dâimaginer ce que pourraient rapporter les matchs de la CAN.
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Partenariat Ă long terme
Fin 2011, la FRMF a dĂ©crochĂ© trois contrats de sponsoring pour une valeur de 150 millions de dirhams. Ainsi, Maroc Telecom a investi pas moins de 120 millions de dirhams pour dĂ©crocher le titre de «âPartenaire officiel des Ă©quipes nationalesâ», pour les quatre prochaines annĂ©es.
Des sponsors, comme Sidi Ali ou Coca-Cola, ont prĂ©fĂ©rĂ© miser des sommes plus raisonnables, soit 16 millions et 14 millions de dirhams respectivement. Ces montants consĂ©quents ne concernent cependant pas les matchs de la Coupe dâAfrique.
Un autre contrat, probablement plus juteux, a dĂ» ĂȘtre signĂ© Ă cette occasion. Le business du football ne peut se dĂ©velopper quâen attirant plus dâacteurs vers cette «ânouvelleâ» chaĂźne de production. En attendant plus de transparence sur les sommes en jeu, lors des Ă©vĂ©nements sportifs impliquant la sĂ©lection nationale, le marketing du football reste limitĂ© Ă quelques entreprises dotĂ©es des moyens suffisants pour sây investir.
Abdelhafid Marzak
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