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CAN 2012,  omerta sur l’argent du foot
actuel n°125, vendredi 20 janvier 2012
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En 2011, nos chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision ont drainĂ© 1,54 MMDH de recettes publicitaires, en baisse de 11% par rapport Ă  2010. La CAN 2012 est l’occasion de faire du foot un business juteux. Les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision et les annonceurs, tout comme les joueurs, y trouvent leur compte. Mais plus les sommes d’argent en jeu sont importantes, plus grande est la discrĂ©tion. 

 


La SociĂ©tĂ© nationale de radiodiffusion et de tĂ©lĂ©vision (SNRT) a dĂ», pour acquĂ©rir les droits de retransmission en direct de 10 matchs de la CAN 2012, dont ceux des Lions de l’Atlas, verser la somme de 10 millions de dollars Ă  la chaĂźne qatarie Al Jazeera dĂ©tentrice des droits de diffusion de la Coupe d’Afrique des nations.

Cela Ă©quivaut Ă  un million de dollars par match. La transaction est loin d’ĂȘtre la plus chĂšre. Pour retransmettre la CAN de 2008, la SNRT a dĂ» verser, Ă  la place de la chaĂźne ART, 27 millions de dollars Ă  la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football (FRMF). De plus, tous les moyens techniques et humains de la SNRT ont Ă©tĂ© mis Ă  la disposition de la chaĂźne gestionnaire des droits de diffusion pour la rediffusion du championnat national.

 

250 annonceurs

Si autant d’argent est investi dans la retransmission des matchs de la sĂ©lection nationale, les recettes publicitaires attendues devraient en attĂ©nuer l’impact sur les comptes des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision.

 Les 250 annonceurs qui font le bonheur de nos chaĂźnes attendent avec impatience le dĂ©but de la Coupe d’Afrique des nations pour passer leurs nouveaux spots dĂ©diĂ©s Ă  l’occasion. Durant les matchs, l’audimat explose.

 Et les annonceurs veulent profiter de ce pic pour promouvoir leurs produits auprĂšs d’une plus large population de supporters. CĂŽtĂ© tarifs, les chaĂźnes nationales ajustent lĂ©gĂšrement Ă  la hausse leurs grilles, tout en veillant Ă  ne pas dissuader le moindre annonceur potentiel. « Les prĂ©visions en recettes publicitaires sont de taille », confie un professionnel.

 Mais pour avoir une idĂ©e exacte de la taille du marchĂ© potentiel, actuel a approchĂ© les rĂ©gies publicitaires. MalgrĂ© plusieurs tentatives, la rĂ©gie publicitaire de la SNRT n’a pas donnĂ© suite Ă  notre requĂȘte. Idem pour RĂ©gie 3, principale partenaire de la chaĂźne 2M.

 A priori, les prĂ©visions sont classĂ©es top secret. Mais les chiffres concernant les recettes publicitaires des matchs Ă©liminatoires, comme celui du Maroc contre l’Egypte, estimĂ©es Ă  205 millions de dirhams, donnent une idĂ©e approximative de l’enjeu.

 

La part des radios

A cette occasion, les radios marocaines ont, elles aussi, une rĂ©putation et un business Ă  dĂ©fendre. Leurs auditeurs, ayant gĂ©nĂ©ralement des contraintes les empĂȘchant de suivre la diffusion des matchs en direct Ă  la tĂ©lĂ©vision, sont trĂšs exigeants.

 Tous les moyens techniques et humains sont donc dĂ©ployĂ©s pour assurer, dans les meilleures conditions, la couverture de la CAN 2012. A titre d’exemple, Radio Mars a dĂ©cidĂ© de sortir le grand jeu : six envoyĂ©s spĂ©ciaux, des techniciens sur place et du matĂ©riel de retransmission par satellite. « La CAN, c’est non-stop sur Radio Mars », affirme la rĂ©daction de la station. Seule une Ă©mission dĂ©diĂ©e aux autres activitĂ©s sportives sera tolĂ©rĂ©e durant la Coupe d’Afrique des nations coorganisĂ©e par le Gabon et la GuinĂ©e Ă©quatoriale. L’espace publicitaire relatif Ă  la CAN est par consĂ©quent important. Mais lĂ  aussi, les informations sur les recettes publicitaires prĂ©vues sont inaccessibles.

 Pour la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football, en plus des droits sportifs payĂ©s par Al Jazeera, ce sont les recettes de sponsoring perçues sur les matchs de la sĂ©lection nationale qui alimentent les caisses.

 Ces derniĂšres varient, en temps normal, entre 400 000 et 600 000 dirhams mais peuvent atteindre des sommes astronomiques durant certaines rencontres. Ainsi, selon Younes Baghaz, membre de la FRMF, le match opposant les Lions de l’Atlas aux Fennecs d’AlgĂ©rie, le 4 juin 2011, avait gĂ©nĂ©rĂ© 2,5 millions de dirhams de recettes sponsoring. Il est aisĂ©  d’imaginer ce que pourraient rapporter les matchs de la CAN.

 

Partenariat Ă  long terme

Fin 2011, la FRMF a dĂ©crochĂ© trois contrats de sponsoring pour une valeur de 150 millions de dirhams. Ainsi, Maroc Telecom a investi pas moins de 120 millions de dirhams pour dĂ©crocher le titre de « Partenaire officiel des Ă©quipes nationales », pour les quatre prochaines annĂ©es.

 Des sponsors, comme Sidi Ali ou Coca-Cola, ont prĂ©fĂ©rĂ© miser des sommes plus raisonnables, soit 16 millions et 14 millions de dirhams respectivement. Ces montants consĂ©quents ne concernent cependant pas les matchs de la Coupe d’Afrique.

 Un autre contrat, probablement plus juteux, a dĂ» ĂȘtre signĂ© Ă  cette occasion. Le business du football ne peut se dĂ©velopper qu’en attirant plus d’acteurs vers  cette « nouvelle »  chaĂźne de production. En attendant plus de transparence sur les sommes en jeu, lors des Ă©vĂ©nements sportifs impliquant la sĂ©lection nationale, le marketing du football reste limitĂ© Ă  quelques entreprises dotĂ©es des moyens suffisants pour s’y investir.

Abdelhafid Marzak


Les Lions ont leur part du gibier

La CAN est aussi l’occasion pour les joueurs de la sĂ©lection nationale de percevoir des rĂ©munĂ©rations supplĂ©mentaires. Des primes seront versĂ©es par la FĂ©dĂ©ration royale marocaine de football (FRMF) Ă  la sĂ©lection nationale, Ă  l’occasion de l’édition 2012. Mais celles-ci seront conditionnĂ©es.

Ali Fassi Fihri, prĂ©sident de la FRMF, a annoncĂ© que, selon un accord passĂ© avec les Lions de l’Atlas, les joueurs ont acceptĂ© de ne percevoir de primes que s’ils accĂšdent aux quarts de finale de la CAN. Les montants de ces primes restent bien Ă©videmment confidentiels. Mais au cas oĂč l’équipe nationale irait jusqu’en finale, ce montant serait beaucoup plus consĂ©quent. Une source de motivation supplĂ©mentaire pour nos Lions.


Un business parallĂšle

MĂȘme en revendant les droits de retransmission des matchs de la CAN 2012, Al Jazeera continue de concurrencer les chaĂźnes marocaines. La demande sur ses cartes, commercialisĂ©es Ă  1 400 dirhams, est plus soutenue durant la Coupe d’Afrique. « Nos ventes augmentent de 15% minimum durant la CAN », confie, BouchaĂŻb Chouayb, gĂ©rant d’un Ă©tablissement revendeur de cartes Al Jazeera Sport.

 Les particuliers sont de plus en plus nombreux Ă  acheter ces cartes. Preuve en est, l’achat de tĂ©lĂ©viseurs explose aussi durant cette pĂ©riode. « Comme lors des coupes du monde, mais dans une moindre proportion, la vente de tĂ©lĂ©viseurs connaĂźt une hausse de l’ordre de 5% en moyenne Ă  l’approche de la Coupe d’Afrique », confie Chouayb.

 Pour les aider Ă  choisir une marque plutĂŽt qu’une autre, les revendeurs n’y vont pas par quatre chemins. La CAN est une pĂ©riode propice pour les promotions. Les remises peuvent atteindre jusqu’à 30%. Les Ă©crans gĂ©ants remportent l’adhĂ©sion des fans de foot.

 Les supporters marocains y trouvent leur compte, car cela leur permet de s’épargner la pĂ©nible tĂąche de rĂ©server des chaises dans les cafĂ©s archicomble. Les cafĂ©s, eux, continuent de faire de la CAN un argument de vente, au grand dam des distributeurs mandatĂ©s par la chaĂźne qatarie.

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