Le Maroc sĂ©duit toujours les majors internationaux de lâhĂŽtellerie. En tĂ©moigne le nombre de nouvelles implantations et les projets dâextension hĂŽteliĂšre. Philippe Doizelet, directeur gĂ©nĂ©ral de Howarth HTL (France), spĂ©cialiste du conseil en hĂŽtellerie, restauration et loisirs, dĂ©cortique lâoffre Maroc et propose des vecteurs de positionnement. Entretien.
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actuel. Quel regard portez-vous sur lâhĂŽtellerie marocaine ?
Philippe Doizelet : Au Maroc, lâhĂŽtellerie est Ă plusieurs vitesses car elle rĂ©pond Ă plusieurs logiques. Mais, globalement, lâoffre Maroc est riche et trĂšs diversifiĂ©e. Il sâagit seulement de la repenser pour mieux lâadapter aux nouveaux besoins. Câest une invitation Ă la crĂ©ativitĂ© et Ă lâinnovation par une meilleure catĂ©gorisation des types dâhĂ©bergement, dâoffres et de pratiques qui sây rattachent.
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ConcrÚtement, quels vecteurs de positionnement préconisez-vous ?
En premiĂšre ligne, il y a le segment trĂšs haut de gamme qui est destinĂ© Ă une clientĂšle dâaffaires internationale. Câest un marchĂ© assez restreint, mais il est en plein dĂ©veloppement car il correspond Ă des besoins croissants au Maroc puisque lâĂ©conomie marocaine se dĂ©veloppe ainsi que les Ă©changes, et pas seulement avec lâEurope.
Aujourdâhui, de plus en plus dâacteurs internationaux sâintĂ©ressent Ă ce segment notamment Ă Casablanca. En revanche, lâhĂŽtellerie 4* est un maillon faible au Maroc mĂȘme si elle a bĂ©nĂ©ficiĂ© rĂ©cemment de lâarrivĂ©e de nouveaux opĂ©rateurs, avec lâouverture de nouvelles unitĂ©s comme Novotel ou Barcelo.
Je pense que ce crĂ©neau reprĂ©sente une rĂ©elle opportunitĂ© pour les opĂ©rateurs marocains qui peuvent sây intĂ©resser par le biais de la franchise. Idem pour lâhĂŽtellerie 3* qui est, aujourdâhui, le parent pauvre de lâindustrie hĂŽteliĂšre au Maroc.
Pourtant, un rĂ©el besoin se fait sentir de plus en plus pour ce type dâhĂ©bergement notamment dans les rĂ©gions. Avec lâavĂšnement du TGV qui se mettra bientĂŽt en place et lâessor des infrastructures routiĂšres et autoroutiĂšres, les Marocains qui se dĂ©placent Ă travers le Royaume ont besoin de solutions dâhĂ©bergement adaptĂ©es et accessibles.
Aujourdâhui, hormis quelques unitĂ©s dont la chaĂźne des Ibis, le Maroc en est encore Ă ses balbutiements sur ce segment qui dispose dâun rĂ©el potentiel. Câest une opportunitĂ© pour les chaĂźnes marocaines qui peuvent dĂ©velopper leurs propres unitĂ©s Ă©conomiques.
Concernant les structures de loisirs, elles rĂ©pondent Ă un modĂšle diffĂ©rent basĂ© sur le tour opĂ©rateur. Dans leur logique de distribution, ce nâest pas la marque hĂŽteliĂšre qui est mise en avant mais plutĂŽt celle du TO.
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Il y a aussi les maisons dâhĂŽtesâŠ
En effet, ce type dâhĂ©bergement constitue un avantage comparatif pour le Maroc puisquâelles structurent son identitĂ© touristique. Mais les diffĂ©rentes maisons dâhĂŽtes, prises bout Ă bout, constituent une myriade dâunitĂ©s assez significatives mais elles restent trĂšs atomisĂ©es.
Elles ne sont pas construites sur le mĂȘme modĂšle hĂŽtelier et nâobĂ©issent pas aux mĂȘmes rĂšgles. Dans certaines villes comme FĂšs et Marrakech, ce type dâhĂ©bergement est plĂ©biscitĂ© par les consommateurs.
Aujourdâhui, ce mode particulier vient concurrencer le modĂšle classique basĂ© sur le tour opĂ©rateur qui, dans certaines destinations, a atteint son seuil dâinvestissement. En effet, le modĂšle qui comporte lâhĂ©bergement en hĂŽtel 3* proposĂ© aux tours opĂ©rateurs, dĂ©veloppĂ© il y a trente ans, doit ĂȘtre repensĂ©. En rĂ©alitĂ©, il faut inventer de nouvelles logiques pour garder le cap.
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Quels sont les maillons faibles qui plombent encore lâessor de lâindustrie hĂŽteliĂšre au Maroc ?
Câest le sempiternel problĂšme de la formation. Le manque de ressources humaines qualifiĂ©es constitue le principal maillon faible de cette industrie. Dâailleurs, cela a poussĂ© certains groupes prĂ©sents au Maroc Ă dĂ©velopper leurs propres centres de formation comme câest le cas pour le groupe Accor qui a montĂ© son acadĂ©mie. A cĂŽtĂ© de cela, il y a la culture du service, quâil ne faut pas confondre avec la culture hospitaliĂšre marocaine, et qui fait aussi dĂ©faut.
Propos recueillis par Khadija El Hassani |