LâOffice de commercialisation et dâexportation se trouve au cĆur dâune vive polĂ©mique. Les enquĂȘteurs de la commission parlementaire pointent du doigt des blocages et crient au complot. Le top management invoque lâouverture dâune information judiciaire pour mettre fin Ă lâenquĂȘte parlementaire.
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La polĂ©mique autour de lâOffice de commercialisation et dâexportation (OCE) ne cesse de prendre de lâampleur. Dâun cĂŽtĂ©, lâĂ©quipe des enquĂȘteurs parlementaires, prĂ©sidĂ©e par Hakim Benchemmach, de lâautre, le directeur gĂ©nĂ©ral de lâOCE, Najib Mikou, et le prĂ©sident de son conseil dâadministration, Abdellatif MaĂązouz, lâactuel ministre du Commerce extĂ©rieur.
Les premiers se plaignent de blocages visant Ă empĂȘcher le bon dĂ©roulement de lâenquĂȘte parlementaire sur lâOffice. Les seconds invoquent lâouverture dâune information judiciaire suite au rapport de lâIGF sur dâĂ©ventuelles irrĂ©gularitĂ©s au sein de lâOffice.
Il serait question notamment de dilapidation des deniers publics et de cession de biens de lâEtat dans des conditions opaques. Toutefois, le timing des deux enquĂȘtes, Ă quelques semaines de la campagne Ă©lectorale, ouvre la porte aux interprĂ©tations politiciennes liĂ©es au bras de fer qui oppose les deux parties (PAM et Istiqlal).
Quoi quâil en soit, le directeur gĂ©nĂ©ral de lâOCE, Najib Mikou, qui prĂ©cise quâil est, et restera un «âtechnicienâ» et non un politicien, affirme sâĂȘtre dĂ©jĂ prĂ©sentĂ© une premiĂšre fois Ă Rabat devant la commission dâenquĂȘte parlementaire.
«âLa sĂ©ance a durĂ© deux heures pendant lesquelles jâai rĂ©pondu aux diffĂ©rentes questions de la commissionâ», prĂ©cise Mikou. Des questions qui, poursuit-il, se rapportaient essentiellement Ă la pĂ©riode ultĂ©rieure Ă septembre 2008, date Ă laquelle il a pris les commandes de lâOffice.
La direction gĂ©nĂ©rale de lâOffice assure, par ailleurs, avoir fourni Ă la commission dâenquĂȘte lâensemble des documents exigĂ©s «âdix jours seulement aprĂšs avoir reçu lâordre du ministĂšre du Commerceâ».
Réfutant toutes les accusations du président de la commission parlementaire de non-coopération et de blocage, il affirme avoir fourni plus de documents que ce qui lui a été demandé.
«âPlus que toute autre personne, je suis concernĂ© par lâimage de cet Office. Je tiens Ă©galement Ă voir la page dĂ©finitivement tournĂ©e du passif lourd que traĂźne cet Ă©tablissement.â» Pour convaincre, il rappelle son initiative, au lendemain de sa nomination Ă la tĂȘte de lâOCE, relative Ă la demande dâun audit de lâInspection gĂ©nĂ©rale des Finances couvrant la pĂ©riode 2000-2007.
Dâailleurs, cette derniĂšre a rendu son rapport dĂ©finitif le 9 fĂ©vrier, mais ses conclusions demeurent pour lâinstant confidentielles. Cependant, les responsables de lâOCE dĂ©cident, sur recommandation de deux avocats, de dĂ©poser une requĂȘte auprĂšs du procureur gĂ©nĂ©ral du roi pour lâouverture dâune information judiciaire sur les irrĂ©gularitĂ©s relevĂ©es par ledit audit de lâIGF, par ailleurs confortĂ© par le rapport de la Cour des comptes. CâĂ©tait entre mai et juin, se rappelle Mikou.
Fin juillet, le chef du gouvernement, Abbas El Fassi, informe le prĂ©sident de la Chambre des conseillers que le ministre du Commerce extĂ©rieur et le directeur gĂ©nĂ©ral de lâOCE ont dĂ©posĂ© une plainte pour lâouverture dâune information judiciaire sur les irrĂ©gularitĂ©s relevĂ©es au sein de lâOffice par lâIGF. Ce qui prend de court les membres de la commission parlementaire puisque leur enquĂȘte ne peut alors ĂȘtre poursuivie.
Les membres de la commission qualifient cette procĂ©dure dâ«âerreur politiqueâ» et sâinsurgent contre son timing qui «âentrave le bon dĂ©roulement de lâenquĂȘte parlementaireâ».
Dâautant que «âles dysfonctionnements, objet de la plainte de lâOCE, remontent Ă plusieurs annĂ©es sans quâaucune action judicaire nâait Ă©tĂ© entamĂ©e auparavantâ». Par ailleurs, la commission prĂ©cise quâil sâagit seulement dâune plainte relative Ă la gestion de lâOffice alors que lâarticle 67 de la Constitution stipule quâil doit sâagir dâune enquĂȘte judiciaire pour dĂ©cider la suspension de lâenquĂȘte parlementaire en cours.
Autre argument brandi par la commissionâ: alors que le travail de la commission couvre la pĂ©riode allant de la crĂ©ation de lâOffice en 1965 jusquâĂ 2011, la plainte dĂ©posĂ©e par le top management de lâOCE concerne uniquement la pĂ©riode 2005 Ă 2007.
Loin de baisser les bras, les membres de la commission parlementaire haussent le ton et menacent de saisir la Cour constitutionnelle. Calculs politiciens (PAM versus Istiqlal) ou hasard de calendrierâ? Une chose est sĂ»re, le bras de fer autour de lâOCE semble loin de se relĂącher⊠du moins jusquâĂ la fin de la pĂ©riode prĂ©Ă©lectorale.
Khadija El Hassani |