L’entrée dans le giron de la BCP est une opportunité pour la banque d’affaires. Upline s’ouvre à de nouveaux métiers pour servir les particuliers et les PME, fonds de commerce de la BCP. Entretien avec Amine Belkeziz, administrateur directeur général d’Upline.
Nouvelle stratégie, nouveau positionnement. Tout en consolidant ses métiers de base en direction des investisseurs institutionnels, Upline mise sur la gestion d’actifs et le corporate.
Quel a été l’impact du départ des fondateurs sur le fonds de commerce d’Upline ?
Il n’y a pas eu d’impact sur l’activité, et le changement d’actionnariat ne nous a pas empêchés de conserver le même esprit d’équipe qui a fait le succès d’Upline. Notre activité est avant tout un métier d’hommes. Le renforcement de nos équipes, entamé depuis le changement de l’actionnariat, constitue un atout de taille pour le développement de notre fonds de commerce.
Que représente pour Upline l’adossement à une grande banque de la place comme la BCP ?
Cela nous a amenés à définir une nouvelle stratégie afin de profiter au maximum et rapidement des synergies avec le Groupe Banques Populaires. Bien entendu, Upline reste une société autonome, mais qui est adossée à un groupe de référence. Pour nous accompagner dans ce processus, nous avons désigné, par voie d’appel d’offres, le cabinet McKinsey. À l’issue d’un travail d’échanges entre notre cabinet conseil et nos équipes, nous avons dégagé deux grandes thématiques. D’une part, la nécessité de consolider les relations avec la banque et d’étoffer la clientèle à travers la gestion d’actifs en s’appuyant sur un réseau de plus de 800 agences. D’autre part, l’activité Corporate est appelée à monter en puissance car la BCP est la banque des PME par excellence avec un portefeuille constitué de près de 80 % par celles-ci. N’oublions pas que la BCP est également la première banque des MRE, la première aussi à financer les infrastructures (comme JLEC et la centrale de Tahaddart). C’est également la première banque marocaine en termes de ressources collectées. Il est donc intéressant pour Upline de puiser dans ce vivier et de s’appuyer sur l’expertise des équipes de la banque dans des métiers spécifi ques. Bien entendu, tout en se concentrant sur ces nouveaux relais de croissance, Upline continuera à développer son cœur de métier tourné vers les investisseurs institutionnels, même si ce dernier semble arrivé à maturité.
Quelle est la stratégie qui vous permettra de vous positionner sur ces nouveaux relais de croissance ?
Il nous fallait avant tout étoffer nos équipes qui comptent actuellement 90 collaborateurs. L’objectif étant d’arriver à 150 à l’horizon 2014. Nous sommes conscients que pour toucher les PME, il nous faut mettre en place un package axé sur le conseil pour les accompagner dans leur restructuration ou le redéploiement de leur activité, et bien sûr, des produits de financement adéquats. Sur ce registre, l’adossement à une banque constitue pour nous un atout indéniable. Par ailleurs, pour augmenter notre force de frappe, nous envisageons de nous appuyer sur Mediafi nance, dont nous détenons 40 % du capital, pour en faire un nouveau vecteur de distribution en tant que banque privée. Nous privilégions également la mutualisation de nos ressources humaines avec Al Istitmar Chaabi, filiale du Groupe Banques Populaires. Celle-ci vient d’être absorbée par Upline Capital Management et ses équipes sont venues renforcer es nôtres. Au niveau commercial, un plan de développement est déployé pour élaborer des produits spécifiques en faveur de la clientèle de la banque. Idem pour Al Wassit qui a été absorbée par Upline Securities et qui assurera désormais l’intermédiation en ligne et l’activité de dépositaire. Pour éviter les doublons, nous avons, par ailleurs, intégré les activités des départements Corporate Finance et Private Equity de la BCP.
Que vont devenir les fonds créés par la BCP ?
Désormais, Upline Investments assurera la gestion des fonds généralistes comme Moussahama I et II. Une deuxième société de gestion de fonds, Upline Multiinvestments, prendra en charge la gestion d’un fonds des fonds dédiés, créé par la BCP. Enfin, un troisième fonds sera dédié à l’immobilier, notamment le fonds touristique Alif, monté conjointement avec le groupe Alliances. Nous travaillons sur le montage d’un autre fonds dédié à l’infrastructure dans les prochains mois. Nous estimons que le moment est propice pour la création de ce fonds car le secteur des infrastructures est très dynamique au Maroc au regard des grands chantiers déjà lancés et programmés.
L’identification de ces nouvelles niches porteuses a-t-elle entraîné le délestage de certaines activités ?
Tout à fait. En nous recentrant sur nos cœurs de métier comme les activités d’intermédiation, de gestion d’actifs et de Private Equity, nous devions abandonner certaines activités accessoires comme Valorim, société spécialisée dans la gestion de syndic immobiliers et Upline assurance, agent exclusif de AXA Assurance Maroc.
En termes de culture d’entreprise, comment comptez-vous concilier votre mode de fonctionnement à l’anglo-saxonne et celui de BCP qui reste une banque publique ?
La BCP a besoin de préserver les spécificités propres d’Upline, notamment la réactivité de nos équipes. C’est dans ce sens que nous conservons l’autonomie de gestion même si le président de notre Conseil d’administration est M. Benchaâboun et que les deux tiers des membres du Conseil sont constitués des directeurs de la banque. Cette composition permet justement de développer des synergies entre la BCP et Upline, tout en conservant la liberté de ton qui est la nôtre.
Propos recueillis par Mouna Kably |