Absentes de la premiĂšre tranche de la centrale de Ouarzazate, les entreprises françaises sont dĂ©cidĂ©es Ă se rattraper. Eric Besson a pris la tĂȘte de lâoffensive de charme lancĂ©e en amont de la deuxiĂšme tranche, prĂ©vue fin 2012.
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Le 23 mars dernier, alors que le printemps arabe secoue la rĂ©gion du Maghreb, une cinquantaine dâhommes dâaffaires marocains, soutenus par six ministres, dont Salaheddine Mezouar, vont Ă la rencontre de leurs homologues français.
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Objectifâ: rassurer sur le climat des affaires au Maroc et prĂ©senter les atouts aux investisseurs potentiels. Depuis, lâinitiative semble avoir fait mouche. Moins de quatre mois plus tard, les premiĂšres retombĂ©es sont dĂ©jĂ palpables.
Câest en tout cas ce que laisse supposer lâoffensive de charme menĂ©e par les opĂ©rateurs français qui accompagnaient cette semaine Eric Besson, le ministre français de lâIndustrie, de lâEnergie et de lâEconomie numĂ©rique, lors de sa visite officielle au Maroc. Celle-ci intervient alors que lâAgence marocaine pour lâĂ©nergie solaire (Masen) sâapprĂȘte Ă lancer les appels dâoffres relatifs Ă la deuxiĂšme tranche de la centrale de Ouarzazate, premier site identifiĂ© par le plan solaire Maroc.
Cette fois-ci, les entreprises françaises sont bien dĂ©cidĂ©es Ă se positionner sur ce marchĂ© aux multiples enjeux. Pour la premiĂšre tranche, les entreprises prĂ©sĂ©lectionnĂ©es sont allemandes, espagnoles, italiennes, japonaises, Ă©gyptiennes, et mĂȘme saoudiennes.
Sâen est suivi, en mai dernier, le lancement dâun appel dâoffres par Masen auprĂšs des quatre consortiums sĂ©lectionnĂ©s, suite Ă leur prĂ©qualification pour la rĂ©alisation de la premiĂšre tranche de la centrale de Ouarzazate.
Lâappel dâoffres concerne la conception, la construction, lâexploitation, la maintenance et le financement dâun complexe de production dâĂ©lectricitĂ© par Ă©nergie solaire, dâune puissance de 55 MW.
Pour rappel, le Maroc a annoncĂ© en 2009, la mise en Ćuvre dâun projet de production Ă©lectrique dâorigine solaire dâune capacitĂ© de 2â000 MW via cinq sites. Ouarzazate (500âMW), Beni Mathar (400 MW), Boujdour (100 MW), Foum El Oued (500 MW) et Sebkhat Tah (500 MW).
LâunitĂ© de Ouarzazate ouvre donc la voie pour ce mĂ©gaprojet solaire de 9 milliards de dollars (environ 70âMMDH). En 2020, lorsque ce programme sera opĂ©rationnel, sa production reprĂ©sentera 42% des besoins Ă©lectriques du Maroc. Les autres tranches seront lancĂ©es au plus tard en 2012, pour une mise en production de la totalitĂ© de la centrale en 2015.
Le temps presse et les entreprises Ă©trangĂšres tentent de se positionner pour ĂȘtre au rendez-vous. Ce qui explique lâoffensive dâAreva, de CNIM, de Soitec et autres fournisseurs français.
Dâailleurs, Eric Besson nâa pas manquĂ© dâaffirmer que «âle plan solaire marocain constituait la clĂ© de voĂ»te du plan solaire mĂ©diterranĂ©en». Aussi, les entreprises françaises sont-elles prĂȘtes Ă investir au Maroc pour accompagner ce projet.
Dâailleurs, la sociĂ©tĂ© française Soitec, leader mondial des semi-conducteurs et du solaire photovoltaĂŻque Ă haute performance, vient de conclure un accord avec la Masen pour installer au Royaume un premier dĂ©monstrateur dĂšs dĂ©but 2012.
Au-delĂ de lâintĂ©rĂȘt manifeste des industriels français pour le programme solaire marocain, lâoffensive française sâexplique aussi par lâenjeu de sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique et de dĂ©veloppement Ă©conomique dans la rĂ©gion.
Lâengagement de la France
A lâhorizon 2025, il faudra faire face Ă une forte croissance de la demande en Ă©lectricitĂ©, estimĂ©e Ă 6% par an au sud et Ă lâest de la MĂ©diterranĂ©e. Dâailleurs, le Plan solaire mĂ©diterranĂ©en (PSM) partage la mĂȘme prĂ©occupation, mais Ă plus grande Ă©chelle puisque son objectif est de mettre en valeur le gisement de lâĂ©nergie solaire dans toute la rĂ©gion.
DâoĂč la nĂ©cessitĂ© de redynamiser le Pacte Ă©nergĂ©tique euro-mĂ©diterranĂ©en, lancĂ© en 2008, mais toujours pas concrĂ©tisĂ©. Selon Besson, il va falloir lâadopter dĂ©finitivement au premier trimestre 2012.
Un premier pas sera franchi, dans ce sens, avec lâaccord intergouvernemental qui devrait ĂȘtre conclu entre Rabat et Paris avant fin 2011, pour lâachat Ă long terme dâĂ©lectricitĂ© propre. La France sâengage aussi Ă mobiliser les pays membres de lâUPM, entreprises, bailleurs de fonds et investisseurs, pour concrĂ©tiser le reste du PSM en donnant lâexemple du plan marocain.
Pour donner un signal fort, lâAgence française de dĂ©veloppement (AFD) vient dâaccorder 100,3 millions dâeuros pour soutenir le plan dâĂ©nergie solaire du Maroc. Un argument de taille qui ne manquera pas de peser dans le processus de sĂ©lection.
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