Alstom a levé un coin du voile sur le TGV en service au Maroc à partir de la fin 2015 : plus sûr, plus communiquant, plus accessible… Zoom sur ce TGV de dernière génération.

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A quoi ressemblera le TGV qui circulera entre Tanger et Casablanca en décembre 2015 ? Si tous les détails ne sont pas encore arrêtés, Alstom a décidé de lever une partie des interrogations au cours de la livraison, lundi 30 mai, de la première rame du TGV Duplex de troisième génération à son exploitant français, la SNCF.

Pour l’occasion, le fabricant de matériel ferroviaire avait organisé une « marche d’essai » avec la SNCF, entre Paris et Reims, afin de tester les capacités de son nouveau matériel et d’effectuer éventuellement les derniers réglages avant la mise en circulation commerciale à la fin de l’année.

Le bref voyage a permis de prouver que la très grande vitesse reste la carte maîtresse du TGV qui a frôlé les 360 km/h pendant quelques minutes, même si on est encore loin du record battu par le TGV en 2007 : 574,8 km/h. Ce dernier-né de la famille TGV circulera dans cinq pays européens et au Maroc.

Patrick Kron, le PDG d’Alstom souligne à ce sujet que « le TGV Duplex de troisième génération constitue la plateforme qui sera adaptée aux attentes de l’ONCF pour circuler dans le Royaume. »

Au premier abord, tous ceux qui sont déjà montés dans un TGV Duplex – le modèle à deux niveaux – ne remarqueront pas grand-chose. Côté design, on retrouve le style et les tonalités caractéristiques des TGV de la SNCF.

Car l’exploitant ne veut pas que les dernières rames soient dépareillées par rapport à son parc actuel qui compte plusieurs centaines de trains en circulation. Les nouveautés, toutefois, ne manquent pas. Il y a d’abord ces écrans plats qui informent les voyageurs aux points de circulation principaux. C’est le grand changement pour l’utilisateur puisque jusqu’à maintenant les rames de TGV n’étaient équipées que d’écrans de défilement.

Le Sive NG (système d’information voyageur embarqué nouvelle génération) permet de transmettre aux passagers de nombreuses données concernant le voyage : la destination, les gares desservies, le kilométrage restant ou la distance parcourue, la vitesse du train. Mais aussi des informations de toute nature, commerciales ou pratiques pouvant intéresser les voyageurs.

Pour Alstom, qui a mis au point ce système, l’intérêt est surtout son pilotage à distance depuis le sol : en cas de perturbation ou de retard, la compagnie peut informer directement l’usager. C’était là l’un des points noirs de la communication de la SNCF à l’égard de passagers ayant souvent le sentiment d’être « abandonnés » lors d’incidents en rase campagne…

Côté sonore, le nouveau TGV progresse aussi : coordonnée à l’information visuelle, la voix off est capable de s’exprimer dans cinq langues correspondant aux pays traversés par ce TGV dit « euro-duplex ». Enfin, de petits écrans disposés au-dessus de chaque place et indiquant le numéro viennent remplacer les indications statiques. L’intérêt ? L’affichage de la portion de trajet réservée, ce qui « libère » la place pour le reste du parcours.

Une expérience accumulée

Ce nouveau TGV se veut aussi plus accessible aux personnes à mobilité réduite. 10% des places leur sont réservées, et les allées et les toilettes ont été modifiées pour pouvoir les accueillir. Le Sive NG prend également en compte les déficients visuels et auditifs en coordonnant les deux modes d’information. Par ailleurs, la sécurité incendie a été renforcée. Toilettes, nurserie, espaces bagages et armoires électriques seront équipés de détecteurs de fumée.

Pour Alstom, ce dernier-né de la famille TGV est naturellement le fruit de l’expérience accumulée avec les duplex, depuis le début des années 1990, et la signature du premier contrat pour la livraison de ce type de train à la SNCF.

Il s’agissait alors de répondre à la problématique suivante : comment transporter plus de passagers en gardant la même vitesse et la même longueur de rame – 200 mètres – et en économisant de l’énergie ?

La solution a consisté à ajouter un étage aux wagons existants, à l’image des trains régionaux. Résultat : 510 passagers transportés, et 20% d’économie d’énergie. Les premiers duplex roulent ainsi avec succès sur les lignes très fréquentées du réseau Est et Sud-Est français.

Quant à la version duplex de troisième génération, elle a été choisie pour la ligne à grande vitesse Rhin-Rhône qui entrera en service à la fin de l’année. Ce train a été mis au point pour fonctionner sur cinq réseaux européens, avec des tensions électriques et des réglementations différentes en France, Luxembourg, Allemagne, Suisse et Espagne.

Tanger - Casablanca en 2h10 !

L’ONCF a également retenu ces rames pour la liaison Tanger-Casablanca. Elles seront assemblées sur les sites français du groupe pour une livraison en 2015, et une entrée en service commercial en décembre de la même année.

L’année dernière, le contrat signé entre l’ONCF et Alstom a prévu la livraison de 14 rames, pour un montant de 400 millions d’euros, qui circuleront à une vitesse maximale de 320 km/h sur une nouvelle ligne à grande vitesse entre Tanger et Kénitra, puis sur une ligne traditionnelle jusqu’à Casablanca. Avec, à la clé, un temps de parcours sacrément raccourci : de 4h45, on passera alors à 2h10 !

Reste à savoir à quoi ressemblera précisément le TGV marocain : le design sera propre à l’ONCF. On ignore également la gamme de prix des billets. Côté confort, on sait déjà que la climatisation sera « renforcée » pour affronter les fortes températures estivales. Les voyageurs profiteront du fameux système d’information multilingue, vraisemblablement en développement en arabe et en français.

Par ailleurs, le TGV sera équipé d’un dispositif – en développement – de lutte contre les vents de sable, notamment dans le cadre d’un autre marché en cours de négociation avec l’Arabie saoudite. Si ce projet de TGV saoudien se concrétise, la monarchie du Golfe sera le deuxième pays arabe à se convertir à la grande vitesse ferroviaire… après le Maroc.