Les dégùts des retards de paiement sont multiples. Non seulement ils assÚchent la trésorerie des PME mais mettent en danger leur pérennité. Témoignages.
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Amine Belmajdoub
(Directeur administratif et financier du Groupe Premium, BTP)
Le recouvrement est trĂšs important pour nous car les dĂ©lais de paiement sont rarement respectĂ©s. Pour lâactivitĂ© Machines, nous accordons 90 jours contre 60 jours pour les piĂšces de rechange et le service aprĂšs-vente.
Mais il existe un Ă©norme Ă©cart entre les clauses du contrat et les rĂšgles du marchĂ©. Les dĂ©lais de 90âjours se transforment en 150 jours et ceux de 60âjours, en 120 voire 150 joursâ! Par ailleurs, 80% de notre chiffre dâaffaires est rĂ©alisĂ© avec dix grands clients. Il est donc difficile de clĂŽturer leurs comptes pour non-respect des dĂ©lais de paiement.
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Karim Mazouzi
(PDG dâAccent, matĂ©riel informatique)
La loi en Europe est trĂšs claire. Vous ĂȘtes payĂ© dans un dĂ©lai de 60 jours. Au Maroc, câest lâanarchie totale. La moyenne des paiements est de 5 mois. Câest dĂ©mesurĂ©â! Les frais bancaires et agios qui atteignent 7,5% Ă©rodent nos marges et plombent notre rentabilitĂ©.
Par exemple, Accent a remportĂ© deux marchĂ©s auprĂšs de lâOFPPT et de la CNSS pour un montant de 3 millions de dirhams avec des dĂ©lais de paiement contractuel de 60 jours. Cela fait 5 mois que nous attendons dâĂȘtre payĂ©sâ!
Le factoringâ? Câest la mĂȘme chose. Pourquoi recourir Ă un service qui me facture des frais Ă©levĂ©s et qui ne me paye pas Ă tempsâ? Je propose la crĂ©ation de guichets uniques pour accĂ©lĂ©rer les procĂ©dures de paiement.
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Karim Tazi
(DG de Marwa, textile)
Nous ne sommes pas directement impactĂ©s par le problĂšme des retards de paiement. Nos clients sont des donneurs dâordre Ă©trangers qui nous paient Ă temps et respectent les clauses contractuelles. Localement, nous traitons avec les magasins qui nous rĂšglent en espĂšces ou par chĂšque, Ă la livraison.
Par ailleurs, les franchisĂ©s tardent parfois Ă nous rĂ©gler mais lâimpact reste minime car lâessentiel de notre chiffre dâaffaires est rĂ©alisĂ© Ă lâexport. Toutefois, il sâagit dâune grande problĂ©matique qui met en danger les ressources financiĂšres de la PME et compromet ses investissements et sa croissance.
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Abderrahim Benkirane
(Président du cabinet Harvest, cabinet conseil spécialisé en entreprise en difficulté)
Plusieurs raisons poussent les entreprises Ă diffĂ©rer leurs paiements. Tout dâabord, il y a la mauvaise foi. Ensuite, le problĂšme de liquiditĂ©s crĂ©e un effet cascade. Mais le plus accablant est que les grands groupes, disposant dâune capacitĂ© financiĂšre importante, font traĂźner les paiements.
Câest dĂ©solant de subir ce diktatâ! Aujourdâhui, une solution Ă ce flĂ©au sâimpose plus que jamais. Certaines PME sont au bord de la banqueroute Ă cause de ces pratiques, surtout celles qui opĂšrent dans le B to B.
Propos recueillis par Mohamed Amine Hafidi
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