Bien dĂ©cidĂ© Ă jouer un rĂŽle majeur dans la rĂ©alisation des objectifs du Plan Maroc Vert, le groupe CrĂ©dit Agricole du Maroc sâengage dans un nouveau plan de dĂ©veloppement GCAM 2010-2013.
Le groupe CrĂ©dit Agricole du Maroc (CAM) a bien compris que le Plan Maroc Vert constituait une vĂ©ritable aubaine pour doper son activitĂ©. La banque publique sâest donc mise en ordre de bataille pour accompagner efficacement cette stratĂ©gie nationale de modernisation du secteur agricole, tout en sâentourant dâun maximum de prĂ©cautions pour prĂ©server ses engagements dans un domaine hautement risquĂ©. Le spectre du passĂ© continue de planer sur cette institution Ă la force de frappe unique â grĂące Ă un rĂ©seau particuliĂšrement Ă©toffĂ© et lâexpertise de terrain de ses Ă©quipes â, mais qui Ă©tait au bord de la banqueroute sous le poids de ses crĂ©ances en souffrance, il y a moins de dix ans seulement. Ă peine sortie, avec succĂšs, dâune phase de restructuration, elle enchaĂźne aujourdâhui, avec un plan de dĂ©veloppement « GCAM 2010-2013 ». Objectif : consolider les performances rĂ©cemment rĂ©alisĂ©es tout en parachevant sa rĂ©organisation.
StratĂ©gie commerciale spĂ©ciïŹque
DĂ©sormais, le groupe CAM nâa plus rien Ă envier Ă ses concurrents locaux. Il est constituĂ© dâune banque commerciale dont les rĂšgles de fonctionnement sont alignĂ©es sur celles du secteur bancaire, autour de laquelle gravitent plusieurs ïŹliales spĂ©cialisĂ©es par mĂ©tiers, comme Aldagro (banque dâaffaires) ou Salaf Akhdar, la nouvelle entitĂ© dĂ©diĂ©e au crĂ©dit Ă la consommation. « Celle-ci constitue dĂ©sormais lâun des vecteurs de dĂ©veloppement de notre clientĂšle de particuliers et professionnels et prĂ©sente un fort potentiel de croissance pour les annĂ©es Ă venir », assure Karim Tajmouati, membre du directoire. ParallĂšlement, un travail de segmentation de la clientĂšle a donnĂ© lieu Ă la crĂ©ation de nouvelles entitĂ©s dotĂ©es de rĂ©seaux de distribution dĂ©diĂ©s et dâune stratĂ©gie commerciale spĂ©ciïŹque. Ainsi, outre la banque commerciale qui reste axĂ©e sur une clientĂšle Ă©ligible au crĂ©dit bancaire, quâelle soit urbaine ou issue du monde rural, le groupe CAM vient de mettre sur les rails, en fĂ©vrier 2010, une nouvelle ïŹliale, Tamwil El Fellah qui, elle, est exclusivement dĂ©diĂ©e aux agriculteurs non Ă©ligibles au ïŹnancement bancaire classique. ParallĂšlement, la Fondation Ardi a pour vocation de distribuer le microcrĂ©dit aux petits agriculteurs dĂ©sireux de ïŹnancer notamment des activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus. DĂ©sormais, le rĂ©seau dâagences de CAM, qui ïŹgure parmi les plus denses du secteur bancaire, compte plus de 400 points de vente implantĂ©s dans toutes les rĂ©gions du Royaume, y compris les plus reculĂ©es. La nouveautĂ© rĂ©side dans le fait que ce rĂ©seau est segmentĂ© en fonction de la clientĂšle cible et de ses attentes. Certaines agences assurent donc la mission de service publique (le ïŹnancement de lâagriculture), dâautres sont tournĂ©es vers les entreprises ou encore vers les professionnels et particuliers. « Notre programme de dĂ©veloppement prĂ© voit lâouverture de 50 nouveaux points de vente chaque annĂ©e dâici Ă 2013 », prĂ©cise Jamal Eddine Jamali, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral et membre du directoire du CAM.
Organisation par ïŹliĂšre
ParallĂšlement, le groupe a adoptĂ© pour son cĆur de mĂ©tier â Ă savoir le ïŹnancement et lâaccompagnement de lâagriculture et lâagro-industrie â une organisation spĂ©cialisĂ©e par ïŹliĂšre pour coller davantage aux orientations du Plan Maroc Vert. Une organisation qui sâappuie essentiellement sur lâexpertise capitalisĂ©e par les Ă©quipes dans ces domaines. « Ă travers cette nouvelle organisation, prĂ©cise le directoire, nous avons voulu anticiper la mise en Ćuvre du Plan Maroc Vert en mobilisant une enveloppe globale de 20 milliards de dirhams en faveur du CAM, de Tamwil El Fellah et de la Fondation Ardi. » Ces ressources vont permettre au groupe et Ă ses ïŹ liales de garantir un ïŹnancement Ă tous les segments de clientĂšle « quâelle soit bancable ou non Ă©ligible au crĂ©dit bancaire, comme les multiples petites exploitations agricoles arrimĂ©es Ă la stratĂ©gie nationale », indique Jamali. Ce sont 50 % des exploitations agricoles intĂ©grĂ©es dans le Plan Maroc Vert qui seront ïŹnancĂ©es par Tamwil El Fellah.
Des rĂ©saux spĂ©ciïŹques bien distincts
Le fonds de stabilisation prudentielle mis en place par lâĂtat est dotĂ© dâune enveloppe de 50 millions de dirhams et prend en charge 60 % des impayĂ©s des petits exploitants aïŹ n de prĂ©server leurs revenus. « Ce nâest pas un fonds de garantie Ă proprement parler, mais un fonds de stabilisation. Sachant que tous les projets ïŹnancĂ©s par Tamwil El Fellah sont agrĂ©Ă©s par lâĂtat, il est donc normal que celui-ci en assume une partie du ïŹnancement », tient Ă souligner Mohamed El Ayyadi, directeur gĂ©nĂ©ral adjoint et membre du directoire. Dâici 2013, Tamwil El Fellah sâengage Ă desservir 100 000 clients Ă travers un rĂ©seau dĂ©diĂ© de 150 agences et une enveloppe globale de 5 milliards de dirhams. De son cĂŽtĂ©, la Fondation Ardi pour le microcrĂ©dit sâapprĂȘte Ă toucher 200 000 agriculteurs via 320 antennes grĂące Ă des ressources dâun montant de 20 milliards de dirhams. « MĂȘme si la banque commerciale, Tamwil El Fellah et la Fondation Ardi disposent de rĂ©seaux spĂ©ciïŹques bien distincts, rien ne nous empĂȘche dâadopter une approche rĂ©gionale transverse qui soit gĂ©nĂ©ratrice de synergies, en nous appuyant sur lâexpertise et la connaissance du terroir de nos antennes rĂ©gionales », relĂšve Tajmouati. Ă ce jour, les efforts de restructuration engagĂ©s par le groupe CAM ont permis de renforcer le bilan de la banque et dâamĂ©liorer ses performances ïŹnanciĂšres de façon notable depuis 2008. Sachant que lâobjectif ultime du top management est dâaugmenter la capacitĂ© dâintervention du groupe dans sa mission de service public, Ă savoir le ïŹnancement et la modernisation du monde rural. DĂ©sormais, le groupe CAM sâinscrit dans une dynamique irrĂ©versible dâamĂ©lioration de ses performances. Ce qui lâincite Ă renforcer rĂ©guliĂšrement ses fonds propres pour, Ă la fois, rester en ligne avec les normes prudentielles imposĂ©es par Bank Al-Maghrib, et disposer de ressources sufïŹsantes pour mener Ă bien ses chantiers structurants. Si ses statuts prĂ©voient que lâĂtat en conserve le contrĂŽle (au moins 51 % du capital), CAM pourrait toutefois envisager dâouvrir son capital ou dâen cĂ©der une partie en Bourse, avant la date-butoir de 2013. Une bouffĂ©e dâoxygĂšne qui lui permettrait Ă la fois de parachever son plan de dĂ©veloppement et dâaccompagner le monde rural dans des conditions optimales.
Mouna Kably |
CAM met le paquet sur la gestion des risques
Câest lâun des chantiers de la rĂ©organisation qui a requis le plus dâefforts au cours de 2009. « Et pour cause, une gestion du risque efïŹciente reste le seul moyen de minimiser les pertes et de maximiser les gains » , assure Mohamed El Ayyadi. Jusquâen juin 2007, CAM bĂ©nĂ©ïŹciait du rĂ©gime dĂ©rogatoire par rapport au respect des normes prudentielles imposĂ©es par la Banque centrale. « Depuis, nous nous conformons, au mĂȘme titre que les autres banques, aux rĂšgles de Bank Al-Maghrib. » ParallĂšlement, le groupe sâest dotĂ© dâun dispositif de sĂ©curitĂ© pour limiter les risques (crĂ©dit, opĂ©rationnel et de taux) liĂ©s Ă la forte croissance de son activitĂ©.
Ce dispositif sâappuie sur quatre niveaux de contrĂŽle, qui va de lâautocontrĂŽle au contrĂŽle gĂ©nĂ©ral. Depuis 2009, CAM dispose dâune structure dĂ©diĂ©e Ă la gestion globale des risques. Celle-ci est constituĂ©e de plusieurs pĂŽles (risque de crĂ©dit, risque management, audit et veille mĂ©tiers). Ce nouveau dispositif de sĂ©curitĂ© mobilise, Ă lui seul, plus de 300 personnes, soit prĂšs de 10 % du personnel de la banque.
En dĂ©ïŹnitive, les efforts successifs visant Ă limiter la dĂ©gradation du risque se sont avĂ©rĂ©s payants. « Pour preuve, depuis trois ans, les rapports des commissaires aux comptes nâont soulevĂ© aucune rĂ©serve par rapport aux normes prudentielles en vigueur. » Autre Ă©vĂ©nement marquant dans le parcours tumultueux du CAM : la valorisation positive de sa banque commerciale que viennent dâeffectuer deux banques dâaffaires de la place, CFG Group et Atlas Capital. Elle sera prĂ©sentĂ©e, dans les prochaines semaines, au Conseil de surveillance du groupe. |
Des indicateurs ïŹnanciers au vert
Ă ïŹn 2009, et malgrĂ© un contexte Ă©conomique difïŹcile, le groupe CAM a amĂ©liorĂ© de 7 % ses ressources et de 11,4 % ses encours de crĂ©dits sains, tandis que le taux de crĂ©ances en souffrance est tombĂ© Ă 7 % (contre 40 % en 2003). Hors agriculture, ce taux ne dĂ©passe pas 3 %. Le groupe CAM revient de loin si lâon se rĂ©fĂšre aux performances rĂ©alisĂ©es en 2003. Depuis, tous les indicateurs ont triplĂ© entre 2003 et 2009. Ainsi, les dĂ©pĂŽts sont passĂ©s de 14 milliards (dont 12 milliards de crĂ©ances en souffrance !) Ă 47 milliards de dirhams (dont 42 milliards de crĂ©ances saines). Quant au total bilan, il a connu une croissance fulgurante, de 20 milliards Ă 63 milliards de dirhams en sept ans.
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80 chantiers structurants
Pour parachever sa rĂ©organisation, le groupe CAM a lancĂ© pas moins de 80 chantiers structurants avec lâaide dâun cabinet conseil. Ces chantiers concernent six axes majeurs : lâefïŹ cience opĂ©rationnelle ; la performance commerciale ; le capital humain ; la gouvernance ; le dispositif global de sĂ©curitĂ© ; la modernisation du rĂ©seau. Pour mener Ă bien ces chantiers, 400 cadres ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s en interne et les deux tiers de ces projets seront livrĂ©s dĂ©but 2011.
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Coup dâenvoi de Fellah-trade.com
Câest le nouveau portail que vient de lancer le groupe CAM pour tenir informĂ©s les opĂ©rateurs des diffĂ©rentes ïŹliĂšres agricoles et agroalimentaires. Fellah-trade.com met Ă©galement Ă leur disposition une gamme de prestations destinĂ©es Ă les aider dans la promotion et la rĂ©alisation de leurs projets. Le portail couvre lâensemble des ïŹliĂšres concernĂ©es par le Plan Maroc Vert : fruits et lĂ©gumes ; cĂ©rĂ©ales et lĂ©gumineuses ; lait, viande rouge et aviculture ; sucre et corps gras, pĂȘche et enïŹn tourisme et activitĂ©s Ă©conomiques en milieu rural. Outre lâactivitĂ© et lâenvironnement rĂ©glementaire de chacune des ïŹliĂšres, Fellah-trade.com diffuse des conseils spĂ©ciïŹques Ă travers des ïŹches techniques et capsules vidĂ©os. Sont Ă©galement communiquĂ©es des informations actualisĂ©es relatives Ă lâapprovisionnement en intrants et facteurs de production.
Concernant la commercialisation des produits par ïŹliĂšre, le portail propose une base de donnĂ©es de plus de 180 pays qui traite des tendances Ă©conomiques, offre des Ă©tudes de marchĂ© gratuites et assure une veille personnalisĂ©e. En outre, des services pour la prospection concernent 650 places de marchĂ©, complĂ©tĂ©s par des ïŹ ches conseils destinĂ©es Ă faciliter lâapproche de nouveaux marchĂ©s Ă lâexport. Le portail dĂ©cline enïŹ n lâoffre ainsi que les notes pĂ©riodiques dâanalyse rĂ©alisĂ©es par la salle des marchĂ©s du CrĂ©dit Agricole du Maroc. |
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