La CIMR sera ïŹn prĂȘte pour le lancement du nouveau systĂšme de retraite, positionnĂ©e en acteur majeur du futur rĂ©gime complĂ©mentaire obligatoire du privĂ©. Entretien avec son PDG, Khalid Cheddadi.
A son arrivĂ©e Ă la tĂȘte de la CIMR, Khalid Cheddadi et son Ă©quipe ont enclenchĂ©, de front, plusieurs chantiers. Mais le plus stratĂ©gique demeure le dĂ©veloppement des NTI et la monĂ©tique pour rĂ©duire lâafïŹux dans les guichets de la Caisse et amĂ©liorer les dĂ©lais de rĂšglement des pensions. Bilan dâĂ©tape.
Comment se porte aujourdâhui la CIMR et combien comptez-vous dâafïŹliĂ©s ?
KHALID CHEDDADI : La pĂ©rennitĂ© du rĂ©gime de la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) vient dâĂȘtre conïŹrmĂ©e par le cabinet Actuaria, mandatĂ© par la Commission technique pour mener lâĂ©tude sur la rĂ©forme de la retraite. Le nombre dâentreprises afïŹliĂ©es Ă la CIMR a progressĂ© de 6,8 % pour atteindre 4 400 unitĂ©s en 2009. Dans ce contexte, les produits techniques ont augmentĂ© de 14 % Ă plus de 4,4 milliards de dirhams. Par ailleurs, nous comptons 259 000 actifs cotisants, en hausse de 4,5 % et les pensions versĂ©es aux retraitĂ©s ont crĂ» de 3,8 % Ă 2,5 milliards de dirhams.
Comment Ă©volue votre portefeuille de placements et quelle est votre stratĂ©gie dâinvestissement ?
Nos rĂ©serves qui, en valeur comptable, dĂ©passent les 17,5 milliards de dirhams gĂ©nĂšrent des revenus ïŹnanciers de 1,5 milliard de dirhams, soit un rendement de 9,5 %, ce qui est exceptionnel. Ainsi, par exemple, notre portefeuille Actions a surperformĂ© lâindice MASI de 1 000 points de base. Notre politique dâinvestissement est encadrĂ©e par une charte et un rĂšglement dĂ©ïŹnissant les objectifs de la gestion ïŹnanciĂšre et les choix stratĂ©giques. Nous avons identiïŹĂ© 6 classes dâactifs, Ă savoir les actions cotĂ©es, les obligations, les fonds dâinvestissement, lâimmobilier, les infrastructures et les produits structurĂ©s. Nous avons ensuite dĂ©terminĂ© lâallocation optimale de ce portefeuille sur ces diffĂ©rentes classes. Lâallocation cible est constituĂ©e Ă concurrence de 37,5 % en obligations, de 37,5 % en actions cotĂ©es, de 10 % en investissements dâinfrastructure et de 5 % respectivement en fonds dâinvestissements, en placements immobiliers et en produits structurĂ©s. Quant Ă notre philosophie de gestion, elle sâappuie sur deux principes. La stratĂ©gie de placement est arrĂȘtĂ©e en interne, avec lâappui dâexperts externes, spĂ©cialisĂ©s dans diffĂ©rents domaines. Et la mise en Ćuvre est dĂ©lĂ©guĂ©e Ă des spĂ©cialistes, Ă lâissue dâune mise en concurrence pour sĂ©lectionner les plus performants.
Depuis votre nomination, quels sont les chantiers dont vous vous ĂȘtes chargĂ© ?
Ă lâissue dâun diagnostic rĂ©alisĂ© en 2004, nous avons identiïŹĂ© plus de 200 actions dâamĂ©lioration dans tous les domaines. Aujourdâhui, notre stratĂ©gie est axĂ©e, entre autres, sur lâenrichissement de lâoffre de services, la simpliïŹcation des processus, lâoptimisation des coĂ»ts de gestion et le suivi de la qualitĂ© de service. Nous avons Ă©galement fait le choix stratĂ©gique dâexploiter toutes les potentialitĂ©s des NTI, plus particuliĂšrement dâInternet. Nous avons ainsi mis en place depuis quelques annĂ©es la tĂ©lĂ©-dĂ©claration des salaires par les entreprises adhĂ©rentes. Nous sommes Ă©galement en train de ïŹnaliser le tĂ©lĂ©paiement en faveur des entreprises et nous avons lancĂ©, en 2009, la e-liquidation. Celle-ci permet aux adhĂ©rents dâinitier les demandes de pension de leurs collaborateurs sur notre portail. Dans la mesure oĂč toutes les dĂ©marches sont effectuĂ©es en ligne et dĂšs lors que les dossiers sont complets, la demande de pension est traitĂ©e dans les 48 heures. 2010 sera lâannĂ©e de lancement de la tĂ©lĂ©-adhĂ©sion et de la tĂ©lĂ©-immatriculation des afïŹliĂ©s. Pour les retraitĂ©s, nous mettons en place CIMR Dialcom, qui permet Ă nos clients dâobtenir des informations personnalisĂ©es, Ă travers leur compte sur notre portail ou via un serveur vocal interactif â le premier au Maroc dans le secteur de la retraite â, ou encore Ă travers la plateforme tĂ©lĂ©phonique dĂ©diĂ©e aux allocataires.
En attendant lâusage de lâInternet, vos guichets continuent de connaĂźtre une forte afïŹuence. Comment y remĂ©dier ?
Nous procĂ©dons de deux maniĂšres, Ă la fois en amĂ©liorant les conditions dâaccueil quâil soit physique, par tĂ©lĂ©phone, courrier ou Internet, et en Ă©liminant les raisons qui poussent nos retraitĂ©s Ă avoir recours Ă la CIMR. Outre le service Dialcom, la e-liquidation, entrĂ©e en vigueur en 2009, Ă©vite Ă nos futurs retraitĂ©s dâavoir Ă se dĂ©placer Ă la CIMR pour liquider leur pension et accĂ©lĂšre les dĂ©lais de traitement des dossiers. De mĂȘme, nous avons dĂ©veloppĂ© notre rĂ©seau qui compte cinq agences rĂ©gionales et une agence centrale. ParallĂšlement, en 2009, nous avons lancĂ© en partenariat avec la Banque Populaire, la carte Rahati, une carte de paiement bancaire qui dispense le retraitĂ© de prĂ©senter rĂ©guliĂšrement un certiïŹcat de vie pour bĂ©nĂ©ïŹcier de sa pension. Sachant que nos clients choisissent, en gĂ©nĂ©ral, de venir dans nos agences pour remettre ce document. DĂ©sormais, muni de sa carte dâidentitĂ© et de la carte allocataire, le porteur de Rahati peut se prĂ©senter Ă nâimporte quel guichet de la Banque Populaire pour activer sa carte et continuer Ă percevoir sa pension, soit sur son compte bancaire, soit via la carte sâil nâest pas bancarisĂ©. Les nouvelles liquidations sont effectuĂ©es avec la carte Rahati. Celle-ci sera dĂ©ployĂ©e progressivement en faveur de tous les afïŹliĂ©s dâici la ïŹ n de cette annĂ©e.
OĂč en est la revalorisation du point ?
En 2003, la CIMR Ă©tait en proie Ă une situation ïŹnanciĂšre difïŹcile. DâoĂč la dĂ©cision de rĂ©cupĂ©rer la part salariale conïŹĂ©e jusque-lĂ aux compagnies dâassurance. Par ailleurs, les entreprises ont contribuĂ© Ă travers une surprime de 30 % par rapport Ă leur contribution normale. De leur cĂŽtĂ©, les actifs cotisants ont acceptĂ© une baisse de rendement du rĂ©gime. Quant aux allocataires, ils se sont soumis Ă un gel du point de retraite, avec un taux de 0,7 % par an, entre 2003 et 2010. Ă partir de 2011, les pensions seront revalorisĂ©es, en fonction des rendements par la CIMR. Le taux servi qui sera arrĂȘtĂ© par le conseil dâadministration, devrait ĂȘtre supĂ©rieur Ă 0,7 %.
Quâen est-il de votre stratĂ©gie en faveur des PME/PMI ?
Depuis le 1er janvier 2009, la CIMR propose une offre spĂ©ciïŹque Ă cette cible. Ă toute entreprise employant moins de 50 salariĂ©s, la Caisse permet de cotiser sur la partie du salaire supĂ©rieure Ă 6 000 dirhams, qui correspond au plafond couvert par la CNSS. Lâemployeur peut Ă©galement procĂ©der Ă des rachats de points ponctuels pour complĂ©ter lâĂ©pargne et amĂ©liorer le niveau de retraite de ses salariĂ©s. Cela peut se produire au moment des primes de ïŹ n dâannĂ©e par exemple.
Quelle sera la place de la CIMR dans le nouveau paysage de la retraite ?
La commission technique devrait boucler son rapport dans les prochaines semaines et le transmettre Ă la commission nationale. La suite dĂ©pendra du calendrier des membres de cette commission. Quoi quâil en soit, le schĂ©ma qui semble se dessiner sâappuie sur un rĂ©gime de base uniïŹĂ© auquel sâajoutent deux rĂ©gimes complĂ©mentaires obligatoires, lâun pour le secteur public, lâautre pour le privĂ©. Le rĂ©gime complĂ©mentaire pour le secteur privĂ© sera construit Ă partir du portefeuille de la CIMR. Il devrait comporter 120 000 entreprises â celles inscrites Ă la CNSS â et deux millions de salariĂ©s. GrĂące Ă son expertise, son savoir-faire et aux investissements nĂ©cessaires Ă la modernisation, la CIMR est aujourdâhui en mesure de prendre en charge le rĂ©gime complĂ©mentaire obligatoire pour le secteur privĂ©.
Propos recueillis par Mouna Kably |