Cadette de sa famille, elle surprendra tout le monde en marchant sur les traces de son père. Yasmine mènera son cursus universitaire et professionnel sans jamais perdre de vue l’intérêt du groupe familial Pharma 5. Retour sur un parcours sans faute.

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Tel père, telle fille. Yasmine Lahlou Filali, docteur en pharmacie et lauréate de l’université René Descartes Paris V, a tout naturellement repris le flambeau, à la tête du groupe familial, Pharma 5.

Pourtant, quand la jeune Yasmine décroche, en 1992, son baccalauréat, elle est à mille lieux de penser qu’elle marchera sur les traces de son père, Abdallah Lahlou Filali, secrétaire général de l’AMIP (Association marocaine de l’industrie pharmaceutique).

« En fait, c’est ma sœur aînée qui nourrissait l’ambition de devenir pharmacienne comme papa. » Mais le destin en décidera autrement. Sa sœur optera pour un tout autre cursus, un diplôme en gestion puis Sciences Po.

La jeune Yasmine qui éprouvait, elle, une véritable passion pour le cheval, rêvait de devenir vétérinaire. Au final, elle passera onze années en France, transitera par l’Université de l’observatoire Paris V, « comme papa », et c’est à elle que reviendra la lourde tâche de diriger les affaires familiales.

Sans regret ? « Aucun, puisque, pour pratiquer le métier de vétérinaire de chevaux, il fallait que je vive en Europe. Pour moi, la question ne se posait pas et à la fin de mes études, c’est tout naturellement que je suis rentrée au pays », assure la jeune Maroco-Autrichienne.

Mais auparavant, elle prend le soin de se spécialiser dans l’industrie du médicament et d’acquérir, à l’issue d’un stage de DESS, une expérience de trois ans chez Bayer.

Elle transitera par le site de production basé à 200 kilomètres de Paris, avant d’intégrer le siège en tant que chef de projet du médicament générique. Un plan de carrière tout tracé puisque Pharma 5 s’apprêtait justement à se lancer dans la production du médicament générique.

«Dès 1991, mon père rachète l’outil de production des laboratoires Bayer au Maroc et récupère l’équipe de production de l’un de leurs sites, dans le centre-ville de Casablanca. »

Pharma 5 se lancera alors dans la production de comprimés,  sirops et autres gélules et pommades, sous licence de divers laboratoires européens. Huit ans plus tard, comble du hasard, Yasmine intègre le même groupe en France lors de son stage de fin d’études.

Fin 2001, elle rentre au Maroc et assure, aux côtés de son père, la bonne marche de Pharma 5 en supervisant divers projets de développement de médicaments génériques. Cinq ans plus tard, elle décide de prendre du recul après l’échec d’un premier mariage.

Elle s’envole pour Paris où elle entre aux laboratoires Guerbet, spécialisé dans les produits injectables, en tant que responsable Contrôle Qualité.

Comme rien n’est dû vraiment au hasard dans le parcours de Yasmine, Pharma 5 s’apprête, justement à ce moment-là, à lancer la production du médicament stérile. « Chez Guerbet, j’ai pu travailler sur le site de production à la tête d’une équipe de 40 personnes et maîtriser tout le process », reconnaît Yasmine.

En 2008, retour au Maroc où elle s’occupera de la gestion de l’ensemble de la production de Pharma 5 avant de décrocher, une année plus tard, le précieux sésame, à savoir le titre de pharmacien responsable. Et pour cause, tout médicament destiné à la consommation ne peut être mis sur le marché sans l’aval du pharmacien responsable.

Pharma 5 évoluera au fil des expériences successives de Yasmine à l’étranger.Créée au début des années 90 par Abdellah Lahlou Filali, l’entreprise est destinée, au départ, à la distribution de médicaments. Depuis, le groupe constitué de 5 filiales spécialisées, devient leader dans la production du générique.

En prenant le relais, Yasmine continue de nourrir de fortes ambitions pour Pharma 5. D’ailleurs, depuis son retour de France, elle initie régulièrement de nouvelles extensions, pour adapter la production de médicaments aux exigences du marché domestique.

Projet de plateforme logistique

Mais cela ne l’empêche pas de prospecter de nouveaux débouchés à l’étranger, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. D’ailleurs, Pharma 5 vient de décrocher l’autorisation d’écouler sa production en Arabie saoudite.

« Le Maroc est particulièrement bien positionné dans la région car il bénéficie d’une expérience de 50 ans dans l’industrie pharmaceutique et est le premier pays au Maghreb à avoir investi dans la production de l’antibiotique générique », rappelle Yasmine.

Plus que jamais, la jeune pharmacienne responsable de 36 ans croit aux atouts compétitifs de Pharma 5. Elle cite d’emblée la qualité des installations alignée sur les normes européennes et l’expérience développée dans le domaine du médicament générique.

« Nous venons de réaliser une opération en Libye et il nous est arrivé d’effectuer plusieurs expéditions vers l’Irak, durant la guerre du Golfe, via un organisme de l’ONU », souligne-t-elle.

Quant au marché africain, il recèle un potentiel important. Pour améliorer sa force de frappe, Pharma 5 a dédié une équipe qui assure la prospection et le suivi de ces marchés. Parmi les zones à fort potentiel, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Cameroun qui totalisent 60% du chiffre d’affaires réalisé dans la région.

Un autre projet, actuellement en cours, compte pour Yasmine Filali : la réalisation d’une plateforme logistique qui assurerait une meilleure disponibilité des produits dans les divers pays de la région.

« Dans les deux prochaines années, nous disposerons d’une capacité suffisante pour satisfaire l’ensemble de ces demandes, sachant que notre intérêt stratégique concerne d’abord l’approvisionnement du marché local. »

Ainsi, bien du chemin a été parcouru par Pharma 5 depuis le lancement en 2001 du premier magasin de stockage, sur le site de Bouskoura qui, peu à peu, se transforme en un véritable complexe industriel.

La plateforme logistique en gestation n’est qu’une nouvelle pièce que Yasmine Filali compte ajouter à l’édifice réalisé avec la complicité de son père.

Mouna Kably