MĂȘme si Mezouar affirme que les recettes seront affectĂ©es Ă un fonds dĂ©diĂ© Ă lâinvestissement public, la reprise des privatisations laisse perplexe. Analyse.
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La privatisation revient au goĂ»t du jour. AprĂšs deux annĂ©es de pause, le gouvernement se rĂ©sout Ă se dĂ©lester dâune partie des entreprises publiques qui sont encore dans son giron, pour doper ses recettes, en ces temps de vaches maigres.
Il vient donc de dĂ©cider de sonder le marchĂ© en lançant un appel Ă manifestation dâintĂ©rĂȘt pour la cession de 100% du capital de la SociĂ©tĂ© de Sel de MohammĂ©dia (SSM), pour un montant minimum de 45,3 millions de dirhams. Au-delĂ des contraintes dâordre budgĂ©taire, le gouvernement initie lâopĂ©ration Ă un moment jugĂ© plutĂŽt opportun, compte tenu du dynamisme de la demande et du potentiel de croissance que recĂšle le secteur.
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Finances sous haute tension
Toutefois, et mĂȘme si Salaheddine Mezouar, ministre de lâEconomie et des Finances, a rĂ©cemment affirmĂ© sa dĂ©termination Ă ne pas puiser dans les recettes de privatisation pour financer les dĂ©penses de fonctionnement, force est de constater que le processus est enclenchĂ© Ă un moment oĂč les finances publiques sont sous haute tension du fait, notamment, de lâexplosion des dĂ©penses de compensation. «âLe budget de lâEtat est entiĂšrement autonomisĂ© et les recettes de privatisation seront affectĂ©es en totalitĂ© Ă lâinvestissement via un fonds dĂ©diĂ©â», rassure lâargentier du Royaume.
Il est vrai que, pour ne pas compromettre la rĂ©alisation de tous les grands projets dâinfrastructures et de dĂ©veloppement sectoriel dĂ©jĂ sur les rails, le gouvernement devra se montrer, plus que par le passĂ©, rigoureux dans la gestion des deniers publics. Ce qui suppose la mise en place rapide de mesures draconiennes pour rationaliser les dĂ©penses et rĂ©duire le train de vie de tous les dĂ©partements ministĂ©riels, sans exception.
La rĂ©cente circulaire du Premier ministre, Abbas El Fassi, invitant les ministĂšres Ă se serrer la ceinture, annonce dĂ©jĂ la couleur. Reste Ă savoir si ces recommandations auront un impact rĂ©el sur la maĂźtrise des dĂ©penses publiques dans les prochains mois. Et mĂȘme si Mezouar Ă©carte, du moins pour lâinstant, lâĂ©ventualitĂ© de recourir Ă un nouvel emprunt international, celui-ci paraĂźt incontournable pour bon nombre dâobservateurs. Cependant, il faudra, lĂ aussi, attendre le moment opportun. Pour rappel, le Maroc avait, en octobre 2010, rĂ©ussi Ă lever 1 milliard dâeuros sur une durĂ©e de 10 ans Ă un taux de 4,5% par an. Des conditions jugĂ©es satisfaisantes compte tenu de la tension qui sĂ©vit sur les marchĂ©s internationaux.
Dans lâimmĂ©diat et Ă lâheure oĂč le mot dâordre est lancĂ© pour sâen tenir Ă une austĂ©ritĂ© budgĂ©taire, le gouvernement met donc sur le marchĂ© 453â000 actions de SSM dĂ©tenues par lâOffice national des hydrocarbures et des mines (ONYM), sur le conseil de la banque dâaffaires, Attijari Finances Corp.
Les soumissionnaires potentiels ont jusquâau 13 juin prochain pour prĂ©senter leur offre technique et financiĂšre. Sont particuliĂšrement ciblĂ©s, les exploitants de gisements de sel, des marais salant, mais aussi de gisements miniers ainsi que les opĂ©rateurs du secteur chimique et parachimique.
Dâautres privatisables pourraient emboĂźter le pas Ă SSM, comme Sococharbo, Biopharma et Briqueterie Tuilerie Nord-Africaine. Pour ces trois entitĂ©s, lâaudit a dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© et le placement est en cours. En revanche, pour Ittisalat Al-Maghrib, Marsa Maroc et CIH, le processus nâest pas encore enclenchĂ©. Le gouvernement se rĂ©serve sans doute le meilleur pour la fin.
Mouna Kably |