Le secrĂ©taire dâEtat Ă lâEmploi, Laurent Wauquiez, a rĂ©clamĂ© des mesures coercitives contre la dĂ©localisation des centres dâappels.
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Mesure de diversion pour un gouvernement empĂȘtrĂ© dans les affaires politico-financiĂšres ou volontĂ© de rassurer une opinion publique inquiĂšte de la mauvaise santĂ© de lâemploiâ? Il y a de quoi sâinterroger aprĂšs la sortie de Laurent Wauquiez prĂ©conisant des mesures pour contraindre les entreprises françaises Ă recourir Ă des centres dâappels basĂ©s en France. Et donc faire travailler des salariĂ©s français et non pas marocains, tunisiens ou mauriciens. Parmi les pistes Ă©voquĂ©esâ: taxer les appels Ă©mis par une plateforme situĂ©e Ă lâĂ©tranger, aider au recrutement ou Ă la formation, passer des conventions entre Etat et entreprises notamment si celles-ci sont publiques et, enfin, informer de maniĂšre transparente de la provenance dâun appel.
La polĂ©mique sâemballe
Il a suffi dâun article de presse et dâune intervention sur une radio privĂ©e pour que la polĂ©mique sâemballe. On veut en savoir plusâ? Impossible. La communication du secrĂ©taire dâEtat oppose une fin de non-recevoir Ă toute demande dâinterview avec lâintĂ©ressĂ©. «âLaurent Wauquiez reviendra sur le sujet lors des assises quâil rĂ©unira Ă la rentrĂ©eâ», indique-t-on dans son entourage. Ni la date ni la liste des invitĂ©s ne sont visiblement arrĂȘtĂ©es. Ses conseillers seraient en vacances. Etonnant, alors que le secrĂ©taire dâEtat est au cĆur dâune nouvelle polĂ©miqueâ: la collecte de fondsâââĂ la Cityâââpour le financement de son micro-parti politique dans le cadre de ses fonctions de ministre. Pourquoi de telles mesuresâ? Le secteur reprĂ©sente 250â000 emplois en France. Pour le ministre, ce nâest pas assez, alors que les effectifs augmentent rapidement hors des frontiĂšres. Ainsi, seuls 10â000 emplois existaient Ă lâĂ©tranger en 2004, contre 60â000 aujourdâhui, dont la moitiĂ© au Maroc. Laurent Wauquiez est aussi revenu sur lâengagement pris en 2005 ââmais non tenuââ par la profession de crĂ©er 100â000âemplois dans les cinq annĂ©es Ă venir. La goutte qui a fait visiblement dĂ©border le vase, câest lâannonce dĂ©but juillet de 830 suppressions de postes en France chez TĂ©lĂ©performance. Et aucune Ă lâĂ©tranger. Ces mesures peuvent-elles aboutirâ? Loin de prendre immĂ©diatement des dĂ©cisions, Laurent Wauquiez entend rĂ©unir toutes les parties autour de la table. Mais les intĂ©rĂȘts divergent.
Contradiction
Le Syndicat des professionnels des centres de contacts (SP2C) nâa pas Ă©tĂ© consultĂ© et souligne que le problĂšme est surtout Ă chercher du cĂŽtĂ© des relations entre donneurs dâordres et sous-traitants. Plus les premiers demanderont des tarifs au rabais, plus ils dĂ©velopperont leur activitĂ© au sud, oĂč les coĂ»ts salariaux sont trois fois moindres. Les syndicats de personnels des tĂ©lĂ©coms sont plus satisfaitsâ: ils rĂ©clament de longue date que les appels dâoffres passĂ©s par les entreprises publiques comprennent une obligation de recourir Ă des centres dâappels basĂ©s en France. Sauf quâavec des tarifs plus Ă©levĂ©s, il y aura une contradiction avec une volontĂ© affichĂ©e de performance de ces entreprises.
Quant Ă lâopinion publique, trĂšs affectĂ©e par la crise, elle rĂ©clame des baisses de tarifs de certains services, mais elle est opposĂ©e Ă ce que lâemploi puisse se crĂ©er Ă lâĂ©tranger. Autre contradiction, et pas des moindresâ: taxer un service rendu depuis lâĂ©tranger par un opĂ©rateur français revient Ă dĂ©courager lâinvestissement Ă lâinternational des entreprises hexagonales. Or, de nombreux opĂ©rateurs installĂ©s au sud de la MĂ©diterranĂ©e sont des filiales dâentreprises françaisesâ: Webhelp, TĂ©lĂ©performance, Teletech, etc. DĂ©but juillet, lors du forum Ă©conomique France-Maroc tenu au siĂšge du patronat français en prĂ©sence de Christine Lagarde, cette derniĂšre nâa cessĂ© de vanter le rĂŽle du Maroc comme partenaire Ă©conomique des entreprises françaises⊠Vous avez dit contradictionâ?
Cyril Bonnel Ă Paris |