6 milliards de crédits garantis en cinq ans
Lentement mais sĂ»rement. La garantie institutionnelle gagne du terrain dans le ïŹ nancement des projets des PME. En tĂ©moigne lâĂ©volution des garanties accordĂ©es par la CCG au cours des cinq derniĂšres annĂ©es. « Nous avons multipliĂ© nos engagements par 4 : de 300 millions de dirhams de garanties accordĂ©es Ă 1,4 milliard en 2009 » , prĂ©cise la CCG. Le montant global de ces garanties qui sâĂ©lĂšve Ă 6 milliards de dirhams, a bĂ©nĂ©ïŹ ciĂ© Ă 3 800 entreprises dans tous les secteurs, avec une prĂ©dominance de lâindustrie.
« Des produits pour chaque catégorie de PME »
Entretien avec Azzedine MaĂąch, prĂ©sident dâAmos Partners et ancien banquier
Les pratiques nâont pas changĂ© malgrĂ© des tentatives dâĂ©tablir le dialogue entre la banque et la PME. Lâentreprise est dĂ©faillante en termes de transparence et dâencadrement. Le banquier, lui, privilĂ©gie toujours les garanties personnelles.
Les PME, soit 95 % du tissu industriel, prĂ©sentent des caractĂ©ristiques trĂšs diverses. Que peut-on attendre dâune stratĂ©gie nationale en faveur de la PME ?
AZZEDINE MAĂCH. Du fait mĂȘme que la PME constitue lâessentiel de notre tissu Ă©conomique, on devrait, avant tout, prĂ©ciser son identitĂ©, et afïŹner ses caractĂ©ristiques pour trouver les outils adĂ©quats et assurer son essor. Actuellement, les dĂ©ïŹnitions quâon en donne sont imprĂ©cises. De plus, elles varient dâun systĂšme Ă lâautre, voire mĂȘme dâune banque Ă lâautre. Certaines banques parlent dâun chiffre dâaffaires plafonnĂ© Ă 50 millions de dirhams, dâautres, au double⊠de plus, dans cet ensemble, la trĂšs petite entreprise (TPE) prĂ©domine trĂšs largement. Or, les besoins de la TPE ne sont pas les mĂȘmes que ceux des autres entreprises. De ce fait, les produits de ïŹnancement devraient ĂȘtre diffĂ©renciĂ©s pour rĂ©pondre aux besoins rĂ©els de chaque population de cet ensemble.
Que suggérez-vous concrÚtement ?
Pour ĂȘtre pragmatique et efïŹcace, il faut distinguer trois catĂ©gories de PME : les TPE, les petites entreprises et les moyennes entreprises. Chacune dâelles afïŹche des caractĂ©ristiques propres et doit donc bĂ©nĂ©ïŹcier de produits de ïŹnancement spĂ©ciïŹques. Ensuite, il est important de rappeler les droits et obligations, Ă la fois, de lâentrepreneur et du banquier. Dâailleurs, une commission bipartite de suivi (GPBM-CGEM) avait commencĂ© Ă plancher sur les voies dâamĂ©lioration de la relation banque/entreprise, dans le cadre dâune convention signĂ©e entre les deux parties. Il Ă©tait mĂȘme question dâĂ©tendre ce type de convention aux sociĂ©tĂ©s de leasing et de capital risque notamment. Lâobjectif Ă©tant dâinciter la PME Ă recourir Ă des sources de ïŹnancement autres que le crĂ©dit bancaire.
Quelles avancées avez-vous obtenues dans le cadre de cette convention avec le GPBM ?
Lâun des acquis majeurs concerne lâengagement des banques de motiver leur dĂ©cision, en cas de rejet dâun dossier de crĂ©dit. Lâobjectif Ă©tant dâinciter le chef dâentreprise Ă remettre en question ses pratiques et Ă corriger ses insufïŹsances, avant dâadresser son projet de ïŹnancement Ă une autre entitĂ©, avec de plus grandes chances quâil ne soit pas rejetĂ©. Sans parler des avantages que procurent Ă la PME, la remise en question de ses pratiques et la correction de ses insufïŹsances.
Lâautre plaie concerne les garanties dĂ©mesurĂ©es exigĂ©es par les banques. Vous ĂȘtes-vous attaquĂ©s Ă ce volet ?
Ăvidemment. Nous sommes dans une situation anormale oĂč la banque ïŹnance, non pas la PME, mais le chef dâentreprise (Ă qui on demande des garanties personnelles) qui, Ă son tour, ïŹnance son affaire ! Ă sa dĂ©charge, le banquier invoque le manque de transparence et lâabsence dâune vision stratĂ©gique claire. Pour lever cet obstacle, Bank Al Maghrib a imposĂ© aux PME la certiïŹcation de leur bilan par des experts comptables homologuĂ©s, pour tout ïŹnancement supĂ©rieur Ă 1 million de dirhams. Pour autant, les rĂ©ïŹexes bancaires nâont pas changĂ©âŠ
Les taux dâintĂ©rĂȘt facturĂ©s aux PME ont-ils baissĂ© ?
Tout dĂ©pend de la capacitĂ© de nĂ©gociation des entreprises. Globalement, les grandes entreprises sont dotĂ©es de structures dĂ©diĂ©es Ă la nĂ©gociation des conditions bancaires. La PME afïŹche, elle, des carences en termes de gestion et dâencadrement qui, in ïŹ ne, la pĂ©nalisent. Bien que les taux dâintĂ©rĂȘt aient globalement baissĂ© de 50 % en lâespace dâune dĂ©cennie, les problĂšmes de ïŹnancement de la PME restent entiers. Et pour cause, elle souffre avant tout dâun manque de rĂšgles de gestion. Pour sortir de ce cercle vicieux, lâĂtat doit, via lâANPME par exemple, apporter un soutien en amont pour aider la PME dans le montage de son projet et dans la formation de son encadrement. Des mesures simples et concrĂštes qui font appel au bon sens⊠mais qui tardent encore Ă venir.
Propos recueillis par Mouna Kably |