Le Smap Immo, la grand-messe de l’immobilier marocain qui s’est tenue à Paris du 21 au 25 mai, a attiré cette année encore les visiteurs par milliers. Les promoteurs ont présenté des formules originales, des prix accessibles, des services et des lieux inattendus.

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A 38 ans, Ahmed est plutôt satisfait de sa visite au Smap Immo : il vient de réserver un appartement de 60 m2 à 315 000 dirhams, non loin de Rabat, sa ville d’origine. Et pour cela, il a signé un chèque de 110 000 dirhams au titre de la réservation, soit 35 % du prix. Pourtant, l’immeuble n’est pas sorti de terre, il n’a pas visité d’appartement témoin et ne connaissait pas le promoteur avant de venir au salon… Imprudent Ahmed ? On pourrait le penser, mais ils sont pourtant nombreux à avoir une démarche similaire et à se lancer dans un achat immobilier d’impulsion. Nombre de visiteurs ne sont pas propriétaires en France, et financent parfois leur achat avec leurs économies. Ou grâce à une somme providentielle. Aïcha, 54 ans, est de ceux-là : elle a repéré sur le salon l’appartement de ses rêves à Mehdia, pour une somme abordable : 220 000 dirhams, soit un peu moins que son indemnité de licenciement. La raison voudrait qu’elle garde cet argent de côté pour les mois à venir, mais elle sait qu’elle dépensera tout rapidement. Alors, mieux vaut acheter rapidement un appartement qui lui servira pour les vacances et la retraite. Même si elle est consciente qu’il lui faut retrouver rapidement un travail.

Ahmed, Aïcha… et quelque 50 000 autres visiteurs se pressent ainsi chaque année dans les allées du Smap dont c’est la 7e édition. Quatre jours durant, les promoteurs et les banquiers – 140 exposants au total – viennent présenter leur offre à ces Marocains de l’étranger, qui sont 1,2 million à résider en France. Leurs attentes ? Un appartement proche de leur ville d’origine, pour voir la famille en toute indépendance. Pour les vacances, puis pour la retraite.

Des prix attractifs
Certains visiteurs ont aussi une démarche d’investisseur, et veulent acheter pour louer toute l’année ou bien 11 mois par an de manière à profiter d’un mois de vacances. Leur budget ? De l’avis des professionnels, souvent entre 350 000 dirhams et 500 000 dirhams. Alliances Darna, comme d’autres, compte bien séduire les MRE avec ses logements économiques à prix attractifs depuis que l’Etat prend en charge la TVA sous certaines conditions. La crise a érodé les gros budgets, et l’offre est aujourd’hui orientée sur des biens accessibles aux petites bourses. Les promoteurs l’ont bien compris, et tentent d’innover avec des formules originales. Jet Sakane propose ainsi un produit innovant, qu’il baptise la « propriété partagée ». Le principe consiste à acheter un appartement de 80 m2 dans une résidence de haut standing à Marrakech qu'on occupe un mois dans l’année pour un coût de 176 000 dirhams, entretien et charges compris, pendant cinq ans. Le bien est acquis définitivement et transmissible par héritage. Objectif de l’offre lancée en avant-première au Smap : attirer les clients à moyens limités, qui veulent un pied-à-terre pour les vacances. Les retraités sont aussi visés avec une formule d’une durée de 6 mois et un jour afin de pouvoir bénéficier des avantages du statut de résident, notamment la défiscalisation de la pension transférée au Maroc. Reste à savoir comment le promoteur, pour qui il ne s’agit pas de time share, arrivera à se démarquer de la mauvaise réputation de ces formules qui ont fait florès par le passé en Europe.

Car tous les clients ne sont pas forcément prêts à signer les yeux fermés. « Depuis 2008, les acheteurs sont plus exigeants mais disposent de moins d’argent », résume de son côté Mehdi Rida de Allali et Mfadel. Le groupe immobilier, qui commercialise des programmes de moyen et haut standing à Mohammedia et dans le Nord, a réagi en obtenant la certification Iso. D’autres comptent sur leur image de marque, tels Alliances ou les Espaces Saada, la filiale moyen standing de Palmeraie Développement. Jet Sakane, quant à lui, propose un « service après-vente » et promet d’intervenir pour tout problème pendant la première année suivant la livraison.

Rassurer les clients
Autre service destiné à rassurer les clients méfiants : la prise en charge du syndic par une filiale maison, gage de bonne tenue des immeubles. Un nouveau service était également proposé sur le salon : l’accompagnement en investissement immobilier au Maroc. Frédéric Thabault, directeur associé de L2IM, met en contact l’acheteur potentiel avec des promoteurs immobiliers dont les programmes ont été préalablement sélectionnés pour leur sérieux et leur qualité. Clientèle visée : Français et MRE dotés d’un capital de 550 000 dir-hams, tentés par un investissement au Maroc et souhaitant alléger leurs charges en défiscalisant leur placement.

C’est justement l’objectif de certains visiteurs du salon. L’abattement de 80 % sur l’impôt sur le revenu, dû au titre de la pension étrangère versée dans le Royaume, semble attirer les seniors fortunés. « Plusieurs retraités en recherche d’optimisation fiscale mais aussi d’un cadre de vie agréable se sont montrés intéressés », fait remarquer William Simoncelli, présent au Smap où il commercialise le programme haut de gamme Casadiaa. Ces villas de luxe dotées de piscines privées et situées dans un domaine fermé à Casablanca sont tout de même proposées à la vente entre 4,95 millions et 13,5 millions de dirhams. Quant aux portefeuilles moins garnis, ils pourront toujours se rabattre sur l’une de ces villas proposées à 1,2 million de dirhams à Lagzira, non loin de Sidi Ifni, un des lieux les plus insolites et isolés du Maroc.

Cyril Bonnel à Paris