Cette année, le Ramadan est à cheval entre juillet et août. La période estivale est de plus en plus courte pour les professionnels du tourisme. Tout en restant prudents, les opérateurs ne semblent pas trop inquiets.
Le tourisme interne reprĂ©sente Ă peine 26% du secteur au Maroc. Et lâambition affichĂ©e par le ministre actuel, Lahcen Haddad, est de porter Ă 40% la contribution de la demande domestique. Comment y arriverâ? «âEn optant pour lâanimation et en proposant des packages innovantsâ», a-t-il proposĂ©, lors dâune confĂ©rence organisĂ©e par le Club Entreprendre. La proposition est dâautant plus dâactualitĂ© que le ramadan tombe cette annĂ©e en pleine saison estivale.
LâannĂ©e derniĂšre, beaucoup de Marocains rĂ©sidant Ă lâĂ©tranger (MRE) ont Ă©tĂ© obligĂ©s dâavancer leur date de retour. Ainsi, la saison estivale avait dĂ©marrĂ© dĂ©but juin, pour se terminer entre le 1er et le 10 aoĂ»t. «âLâannĂ©e derniĂšre, nous avons enregistrĂ© une baisse de 30% de lâactivitĂ©â», confie Rita Damir, associĂ©e gĂ©rante de Playa del Mar, une plage privĂ©e de Tamaris, Ă proximitĂ© de Casablanca.
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Plan dâaction spĂ©cial ramadan
Les responsables des plages privĂ©es sont conscients que lâannĂ©e en cours risque dâĂȘtre plus sĂ©vĂšre si rien nâest entrepris. «âNous avons menĂ© une rĂ©flexion pour choisir la meilleure date pour lâouverture de nos portes. En parallĂšle, un plan dâaction a Ă©tĂ© spĂ©cialement conçu pour le mois de ramadanâ», explique Rita Damir.
Sports et loisirs durant la journĂ©e, gastronomie et animation dĂšs le coucher du soleil, telles sont les grandes lignes de ce plan. Câest ainsi que sont prĂ©vus des ftours avec animations, des packs familiaux ou pour enfants (-50% sur le prix des transats, -30% sur les offres de dĂ©jeuner). Lâobjectif est dâaugmenter le trafic. Une fois le client sur place, tout lâenjeu sera de lâinciter Ă consommer.
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Sport et bien-ĂȘtre Ă la carte
En attendant de se dĂ©cider Ă ouvrir leurs portes, dâautres se sont dĂ©jĂ jetĂ©s dans le bain. A lâimage dâAquaparc qui accueille ses premiers nageurs. Le rush des clients qui veulent profiter des derniĂšres semaines avant le ramadan oblige les responsables Ă ĂȘtre en permanence sur le terrain. Impossible donc de les joindre pour avoir des informations sur leurs prĂ©paratifs. La mythique piscine, Tahiti Beach, a Ă©galement ouvert plus tĂŽt. «âNous avons concoctĂ© des offres spĂ©ciales pour la famille. Le thĂšme spĂ©cial de cette annĂ©e sera le sport et le bien-ĂȘtreâ», nous apprend Virginie Castallan, responsable de communication de Tahiti Beach. Mais il faudra attendre la mi-juin pour avoir plus dâinformations. Car il nâest pas question de partager ses secrets, au risque de se voir copier.
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Une offre pour la clientĂšle Ă©trangĂšre
MalgrĂ© ces amĂ©nagements, les professionnels sont conscients que la baisse de lâactivitĂ© risque facilement dâatteindre 40% pendant le ramadan. Pour sauver la mise, certains dâentre eux espĂšrent un afflux de clients Ă©trangers. «âBeaucoup de nos clients Ă©trangers prĂ©fĂšrent venir durant les pĂ©riodes oĂč il nây a pas beaucoup de monde. Cette annĂ©e, ils seront bien servisâ», explique le gĂ©rant dâune plage privĂ©e Ă Casablanca. Cette situation arrange certains touristes qui profitent du peu dâaffluence pour avoir plus de libertĂ© et profiter de toute lâattention du staff.
Pour les voyagistes, la clientĂšle Ă©trangĂšre constitue une cible privilĂ©giĂ©e en vue de sauver la saison. «âNous devrions surtout promouvoir cette saison Ă lâinternational, en vantant le cĂŽtĂ© festif du mois sacrĂ©, aprĂšs la rupture du jeĂ»ne. Il nây a, Ă mon sens, aucune incompatibilitĂ© entre lâexercice de la foi et les activitĂ©s ludiques, une fois le devoir religieux accompliâ», explique Fouzi Zemrani, prĂ©sident fondateur du club des rĂ©ceptifs Marrakech Atlantique. Il ne sâagit donc pas de «ârĂ©inventer la roueâ», mais de mettre en place des animations adaptĂ©es, des tournois sportifs, des confĂ©rences, et surtout des offres adaptĂ©es aux enfants. «âIl faut proposer le ramadan aux touristes Ă©trangers comme un Ă©vĂ©nement exceptionnel, quâils ne vivront pas ailleurs, et en dehors de ce mois. Nous voyons bien que les expatriĂ©s sâadaptent, avec bonheur, Ă cette pĂ©riodeâ», ajoute Zemrani.
Pour leur part, les Marocains sâadapteront, si les horaires des repas sont respectĂ©s, si lâoffre est allĂ©chante et sâils peuvent vivre leur ramadan sans gĂȘne. Dans lâoptique de convaincre les MRE de passer ce mois sacrĂ© au Maroc, les professionnels doivent concevoir des soirĂ©es thĂ©matiques durant lâĂ©tĂ©. Bien entendu, il faut que lâoffre hĂŽteliĂšre suive. Mais si certains hĂŽteliers ont dĂ©jĂ une idĂ©e prĂ©cise des actions Ă entreprendre pour sauver la saison, dâautres nâont aucune visibilitĂ©. Câest le cas par exemple du groupe Accor Maroc. «âNous nâavons pas encore de visibilitĂ© sur les offres du Ramadanâ», nous affirme un cadre du dĂ©partement communication du groupe. Seule information sĂ»re, la mise en place dâoffres pour les familles marocaines et de promotions pour la rupture du jeĂ»ne.
A nâen point douter, les Marocains veulent passer un mois de jeĂ»ne sans se priver. Les Ă©trangers, eux, souhaitent dĂ©couvrir ce mois au Maroc, sans rĂ©duire leurs libertĂ©s ni changer leurs habitudes. Aux professionnels dâidentifier rapidement les cibles prioritaires pour leur proposer des offres adĂ©quates et allĂ©chantes. Dans le cas contraire, en plus de la crise Ă©conomique et du Printemps arabe, le Ramadan servira, cette annĂ©e encore, dâalibi pour justifier une Ă©niĂšme saison ratĂ©e.
Abdelhafid Marzak |