Des avancées mais aussi des blocages. Casablanca peine à boucler ses chantiers dans les temps. Un vrai défi que les gestionnaires de la ville disent pouvoir relever.
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De blocage en dĂ©saccord, la mĂ©tropole, vaste chantier Ă ciel ouvert depuis des annĂ©es, a du mal Ă boucler ses projets dans les dĂ©lais. Et le bras de fer qui sĂ©vit au sein du conseil de la ville, qui ne sâĂ©tait pas tenu depuis plus dâune annĂ©e, nâest pas pour arranger les choses. RĂ©unis in extremis, alors que Casablanca est au bord de lâasphyxie, les gestionnaires de la ville sont dĂ©sormais conscients quâils doivent mettre les bouchĂ©es doubles pour rattraper le retard accusĂ© par plusieurs chantiers. Une charte dâhonneur a donc Ă©tĂ© signĂ©e, en janvier dernier, pour Ă©viter de nouveaux blocages qui prendraient en otage la mĂ©tropole. Reste Ă savoir si la promesse sera tenue. «âIl nây aura plus de blocage et les grands chantiers seront exĂ©cutĂ©s dans les rĂšgles de lâart et les temps impartisâ», assure Mustapha Lhaya, Ă©lu pjdiste et vice-prĂ©sident dĂ©lĂ©guĂ© en charge des infrastructures. «âDâailleurs, poursuit-il, les grands projets de la ville ont tous Ă©tĂ© votĂ©s Ă lâunanimitĂ© lors de la derniĂšre session du conseil. Pour les plus avancĂ©s, comme le tramway, il nây aura aucun mal Ă respecter le planning de rĂ©alisation. Pour les autres, en revanche, il faudra apporter les derniĂšres retouches, soit au montage financier, soit aux modalitĂ©s dâexĂ©cution avant leur lancement.â». Il sâagit, entre autres, du viaduc de Sidi MaĂąrouf, Ă proximitĂ© de Marjane Californie. TrĂšs attendu, ce grand projet prĂ©voit la construction dâun viaduc de type pont Ă haubans pour dĂ©congestionner la circulation Ă lâentrĂ©e sud de Casablanca. Il prĂ©voit aussi, parallĂšlement, lâamĂ©nagement de deux giratoires circulaires nord et sud implantĂ©s sur la route nationale 11, deux passages souterrains (entre Sidi MaĂąrouf et la RNâ11) ainsi que des bretelles pour le raccordement du trafic en direction de la ville. AnnoncĂ© il y a plus de sept ans, ce projet peine toujours Ă se concrĂ©tiser. Des Ă©tudes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es et les budgets rĂ©estimĂ©s Ă maintes reprises sans quâaucun coup de pioche ne soit donnĂ© Ă ce jour. Les travaux, qui nĂ©cessiteront quatre ans au minimum selon les premiĂšres estimations, devaient dĂ©jĂ dĂ©marrer lâĂ©tĂ© dernier, mais ont Ă©tĂ©, une fois de plus, ajournĂ©s, pour cause de dĂ©saccord entre les diffĂ©rents intervenants sur les modalitĂ©s dâexĂ©cution et de blocage au sein du conseil de la ville. «âAu dĂ©part, nous avions conçu un projet de taille modeste, mais aprĂšs Ă©tude et concertation avec les diffĂ©rentes parties prenantes dont le ministĂšre de lâEquipement, le projet a Ă©tĂ© rĂ©visĂ© et a pris de lâenvergure pour mieux rĂ©pondre aux nouvelles exigences de la mĂ©tropoleâ», prĂ©cise Lhaya. Le vice-prĂ©sident pjdiste rappelle, toutefois, que la direction rĂ©gionale de lâEquipement et du Transport du Grand Casablanca avait dĂ©jĂ lancĂ© un appel dâoffres relatif aux travaux dâamĂ©nagement de lâĂ©changeur et de construction dâun pont sur la RNâ11. Ce projet devrait nĂ©cessiter un investissement de 600 millions de dirhams. Un montant qui pourrait sans doute ĂȘtre revu Ă la hausse, une nouvelle fois, compte tenu des frais dâexpropriation pour apurer lâassiette fonciĂšre nĂ©cessaire Ă son implantation. Sans parler de lâimpact sur le calendrier de rĂ©alisation.
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Des trémies pour décongestionner le trafic
Deux autres projets sont Ă©galement destinĂ©s Ă fluidifier le trafic des principaux points noirs de la ville. Il sâagit de la construction de deux trĂ©mies, la premiĂšre sous le boulevard Abderrahim Bouabid (ex-bd Jerada). Le marchĂ© relatif Ă la rĂ©alisation de cet ouvrage a Ă©tĂ© adjugĂ© pour un montant de 120 millions de dirhams. Le passage souterrain sera construit sous la voie ferrĂ©e de la gare de lâOasis et devrait raccorder directement cette station au boulevard Taddart et Ă la rocade autoroutiĂšre. La deuxiĂšme trĂ©mie ââdont le marchĂ© est Ă©galement adjugĂ©ââ sera construite au niveau de la jonction des boulevards de la RĂ©sistance et Mohammed V. Le coĂ»t des travaux est estimĂ© Ă 220 millions de dirhams. Autre projet votĂ© Ă lâunanimitĂ© lors du dernier conseil de la ville, celui de lâĂ©largissement de lâautoroute urbaine qui passera de 2x2 voies actuellement Ă 3x2 voies sur 20,5 km. Ce pĂ©riphĂ©rique sâĂ©tend depuis lâĂ©changeur, Ă proximitĂ© du siĂšge de lâOCP, jusquâĂ celui de AĂŻn Harrouda.
Le tronçon connaĂźt un trafic intense avec des pics de 140â000 vĂ©hicules par jour. Lâappel dâoffres pour la rĂ©alisation des travaux a Ă©tĂ© remportĂ©, pour un montant de 500 millions de dirhams, par lâEspagnol Copisa. Selon une source de la ville, le chantier sera lancĂ© dĂ©but mai et devrait sâĂ©taler sur 24 mois. Copisa se chargera aussi des travaux dâassainissement, de signalisation, dâĂ©clairage public et de traitement paysager. A noter que ce chantier a accusĂ© aussi du retard puisquâil est dans les tiroirs depuis plus de cinq ans. Un handicap dont le projet du tramway de Casablanca semble, du moins pour le moment, ne pas souffrir. Ses initiateurs soutiennent, en effet, que le timing annoncĂ© pour sa mise en service, Ă savoir le 12 dĂ©cembre 2012, sera respectĂ© scrupuleusement. Pour lâheure, et Ă en croire des responsables de la ville, les travaux de rĂ©alisation de la premiĂšre ligne de Casa Tramway sont dans leur derniĂšre ligne droite. La plateforme de la voie ferrĂ©e serait, aujourdâhui, posĂ©e Ă prĂšs de 90% de la ligne. Dans moins de huit mois, les Casablancais pourront bĂ©nĂ©ficier dâun nouveau moyen de transport qui circulera sur 30 kilomĂštres et reliera, via 38 rames, les quartiers nord-ouest (Sidi Moumen, Moulay Rachid) Ă ceux du sud-ouest de la mĂ©tropole (Hay Hassani et quartier des facultĂ©s), en passant par le centre-ville. Le tout pour transporter jusquâĂ 250â000 passagers par jour Ă travers 50 stations. Mais, les Casablancais qui, eux, continuent de subir quotidiennement les dĂ©sagrĂ©ments de ce grand chantier, ne sont pas pour autant rassurĂ©s. Ils savent que tant que les travaux perdureront, ils vont devoir encore prendre leur mal en patience. En dĂ©pit des affirmations des officiels, les autres travaux relatifs au rĂ©amĂ©nagement des carrefours et Ă la rĂ©novation urbaine semblent sâĂ©terniser avec tout leur lot de dĂ©sagrĂ©ments.
En attendant, la sociĂ©tĂ© chargĂ©e du chantier vient dâannoncer une Ă©conomie de 500 millions de dirhams sur les 6,4 milliards de dirhams prĂ©vus initialement. Une premiĂšre puisque, dans les marchĂ©s publics, lâhabitude est plutĂŽt aux rallonges. Cependant, «âil faut attendre la mise en service du tram avant de se rĂ©jouir dâun allĂšgement de la factureâ», prĂ©vient un Ă©lu de la ville.
Khadija El Hassani
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