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Tremplin: 3 Jours, 3 ScĂšnes, 3 Styles
actuel n°40, samedi 27 mars 2010
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Le tremplin est bien plus qu’une compĂ©tition, ce sont trois jours de culte musical oĂč amateurs et professionnels se produisent devant un public des plus fervents.

C’est Ă  l’endroit oĂč le sang coulait Ă  flot autrefois que le tremplin du boulevard des jeunes musiciens a Ă©tabli son QG ! L’espace de trois jours, les anciens abattoirs de Casablanca se transforment en une petite ville oĂč se cĂŽtoient jeunes et moins jeunes. Le premier jour, les t-shirts larges, hauts en couleurs, et les allures bling-bling pas toujours rĂ©ussies annonçaient la journĂ©e hip-hop.

Un premier coup d’Ɠil au tremplin, puis un tour du cĂŽtĂ© de la scĂšne jam qui, sous ses airs conviviaux, vous invite Ă  vous y attarder avant d’aller faire quelques emplettes au souk associatif. Les allers-retours entre les deux scĂšnes sont tellement frĂ©quents qu’on ne sent pas le temps passer. Et il est dĂ©jĂ  temps de rejoindre, quelques dizaines de mĂštres plus loin, la scĂšne pro qui accueille des invitĂ©s venus du Maroc et d’ailleurs, non sans quelques frictions ; des vieilles rancunes entre Rbatis et Casaouis refont surface durant la prestation de l’ex-gangster Jallouta.

Grand dĂ©ïŹlĂ© de looks

Samedi, l’esprit du tremplin est bien installĂ© et c’est le grand dĂ©ïŹlĂ© des looks, des plus extravagants aux plus sobres ; c’est clair, les rockeurs marocains ne manquent pas d’inspiration. Les prestations sur la scĂšne du tremplin allument le feu chez les spectateurs, un feu que mĂȘme la pluie passagĂšre n’arriva pas Ă  Ă©teindre. Le groupe Old School prend les commandes et nous balance de bonnes vieilles mĂ©lodies bien thrash, un mĂ©lange de compositions et une superbe reprise de Sad but true de Metallica qui nous fera pousser la chansonnette Ă  l’unisson, avant de ïŹnir sur l’hymne national auquel ils nous ont habituĂ©s. Le groupe Despotism reprend le ïŹ‚ ambeau aprĂšs une longue pĂ©riode d’absence ; meilleur que jamais, il a repris du soufïŹ‚ e pour les annĂ©es Ă  venir. AprĂšs ces riffs lourds, c’est le groupe hollandais rock-folk The cosmic carnival qui calmera l’atmosphĂšre et crĂ©era la surprise gĂ©nĂ©rale, faisant danser un public plutĂŽt froid.

Un gars et... quatre ïŹlles

EnïŹn la clĂŽture de la soirĂ©e reviendra Ă  X Syndicate, ce groupe composĂ© d’un garçon et de quatre ïŹ lles qui n’ont rien Ă  envier aux autres groupes 100 % masculin, tout en dĂ©bordant de fĂ©minitĂ©. Dans un milieu assez machiste en gĂ©nĂ©ral, ces ïŹ lles ont montrĂ© qu’il n’y avait pas que les mecs qui savaient manier les instruments. On espĂšre que nos rockeuses en prendront de la graine pour franchir cette ultime marche qui les sĂ©pare de la scĂšne. On ne se lassera pas d’écouter de la fusion bien de chez nous, devant des groupes – certes participant au tremplin – mais toutefois d’un niveau et d’une originalitĂ© impressionnants !

Énorme foule dominicale

On court prendre place dans l’énorme foule dominicale, ça saute et ça chante de partout avec Gnawa Click, ça applaudit devant le projet de crĂ©ation urbaine qui rĂ©unit Amine Bendriouch aux Allemands Dissidenten. Ces derniers inviteront plusieurs artistes sur scĂšne comme Simo de Fez city clan ou encore David Hoofer de Bizz2risk.

Ensuite vient le tour de Precious makina qui nous ont fait dĂ©couvrir les premiĂšres saveurs de leur prochain album prĂ©vu pour ce printemps. L’excitation bat son plein devant l’artiste le plus attendu de ce week-end musical qui n’est autre qu’Amazigh Kateb. Il prouve encore une fois son amour pour un public qui le soutient depuis toujours, et qui l’accueille chaudement avec des applaudissements, des cris... l’accompagnant en chƓur sur la plupart des morceaux. Cette Ă©dition aura mobilisĂ© le public encore une fois, pour trois jours Ă©phĂ©mĂšres qui nous auront Ă©puisĂ©s, fait perdre la voix mais qui auront rassasiĂ© notre soif musicale, au moins jusqu’à mai prochain, date du festival L’Boulevard.

And the winners are


AprĂšs chaque compĂ©tition, il y a un gagnant, c’est la rĂšgle ! MĂȘme si le niveau cette annĂ©e Ă©tait trĂšs apprĂ©ciable, certains ont su ĂȘtre originaux, d’autres ont pris du plaisir et l’ont partagĂ© avec le public alors que quelques-uns ont Ă©tĂ© envahis par le stress. Souvent ça se joue Ă  un ïŹ l ! C’est pourquoi, mĂȘme s’ils ne ïŹgurent pas parmi les gagnants, beaucoup d’entre eux auront marquĂ© les esprits comme Radiolla ou encore Under Slave Authority. Mais pour gagner le fameux prix, c’est le jury qu’il fallait impressionner. Voici les groupes qui ont dĂ©crochĂ© le jackpot (20 000 dirhams pour le premier, 10 000 dirhams pour le second et l’enregistrement de deux morceaux pour les gagnants de chaque catĂ©gorie).

FUSION

Fuzz Anarouz
C’est la rĂ©union de dix musiciens de Khmisset qui a donnĂ© lieu Ă  cette formation talentueuse, fortement inspirĂ©e des chants et des troubadours de l’Atlas. Leur premier objectif Ă©tait de sĂ©duire le public puis le jury avec un mĂ©lange audacieux de musique traditionnelle et de rythmes occidentaux modernes, crĂ©ant un univers propre au groupe. Le groupe Anarouz (espoir en amazigh) porte bien son nom. Avec ce premier prix du tremplin, le groupe prend un nouveau tournant dans sa carriĂšre.

Salfa3ouss Band
Ce groupe transfuge qui jouait du rock/mĂ©tal, il y a quelques annĂ©es, s’est trouvĂ© une nouvelle voie dans la fusion ; un changement qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© judicieux puisqu’ils ont raïŹ‚Ă© le deuxiĂšme prix de cette catĂ©gorie. En crĂ©ant un doux mĂ©lange entre plusieurs instruments, et entre reggae et rock, le groupe aura dĂ©veloppĂ© un son recherchĂ©, puisĂ© dans plusieurs inïŹ‚uences. On espĂšre dĂ©sormais que le groupe marrakchi s’en tiendra Ă  la world music !

ROCK

Nightologia
Ces quatre musiciens de diffĂ©rentes nationalitĂ©s ne pouvaient que remporter le premier prix puisque, dotĂ©s d’une grande expĂ©rience et d’une vĂ©ritable aisance sur scĂšne, les quadras se sont dĂ©marquĂ©s dĂšs les premiĂšres notes. Puisant leur inspiration des sons des annĂ©es 60 et 70, le groupe a dĂ©jĂ  un album Ă  son actif, et beaucoup de pratique ! Ce premier prix du boulevard des « jeunes » musiciens est la cerise sur le gĂąteau
Toutefois n’aurait-il pas Ă©tĂ© plus judicieux de les faire jouer comme invitĂ©s pour Ă©viter que leur envergure ne fasse de l’ombre Ă  tous les autres.

Govils
Le groupe gadiri vient nous rappeler que le rock/metal n’est pas limitĂ© Ă  Casa ou Ă  Rabat ! Bien qu’il soit passĂ© en premier devant un public clairsemĂ©, le groupe a dĂ©montrĂ© son professionnalisme, avec des sons tantĂŽt rock, tantĂŽt mĂ©tal, qui donneront le coup d’envoi d’une journĂ©e riche en headbang et en sonoritĂ©s. Le groupe compte proïŹter de son prix pour s’offrir du nouveau matĂ©riel et rĂ©enregistrer sa premiĂšre dĂ©mo sous le nom de Someone looking for something.

HIP-HOP

M-Boy
Contrairement aux autres catĂ©gories, le hip-hop Ă©tait 100 % casaoui cette annĂ©e. M-boy a prouvĂ© qu’il pouvait voler de ses propres ailes. Membre du groupe Thug Gang initialement, il a dĂ©cidĂ© de tenter sa chance en solo, en parallĂšle avec l’activitĂ© de sa formation. AprĂšs avoir enregistrĂ© un maxi sorti en 2007, ce premier prix est le bienvenu pour qu’il puisse mener Ă  bien sa carriĂšre solo. Le rappeur nous promet un album pour la ïŹ n de 2010.

Sa3er Man
Le parcours de ce rappeur n’est pas trĂšs diffĂ©rent de celui de M-Boy. AprĂšs avoir dĂ©couvert le rap en 2004, c’est avec la formation Under Casa qu’il fera ses classes avant de dĂ©cider de prendre le large comme un grand. Une audace rĂ©compensĂ©e par un deuxiĂšme prix hip-hop, qui lui sera sĂ»rement bĂ©nĂ©ïŹ que puisque il est en train d’enregistrer son premier album Kaina L’i3aqa.

Meriama Moutik

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