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Tanger Le cinĂ©ma marocain en fĂȘte
actuel n°32, samedi 30 janvier 2010
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Quinze longs mĂ©trages et autant de courts en compĂ©tition cette annĂ©e. Le cinĂ©ma marocain prend de l’ampleur et gagne en diversitĂ©. Morceaux choisis.

Il pleut sur la ville, la nuit est tombĂ©e, mais dans la petite rue du cinĂ©ma Roxy, un spot inonde de lumiĂšre des groupies tangĂ©rois et les invitĂ©s pressĂ©s. C’est l’ouverture du 11Ăšme Festival national du ïŹlm. Tapis rouge, lustres et escalier Ă  double rĂ©volution : le Centre cinĂ©matographique marocain connaĂźt ses classiques et rien ne peut rĂ©ellement commencer sans la sacrosainte sĂ©ance photo.

RaïŹk Boubker, roi de la comĂ©die, rit Ă  gorge dĂ©ployĂ©e tandis que le tĂ©nĂ©breux jeune comĂ©dien, Rabie Kati, fait rougir les objectifs et que Lahcen Zinoune, rĂ©alisateur en 2007 de La beautĂ© Ă©parpillĂ©e, donne sa premiĂšre interview. Dans l’unique et historique salle de projection, plus une place et plus un bruit quand dĂ©bute l’hommage aux « regrettĂ©s » du cinĂ©ma marocain. Les photos de Abdelkader LotïŹ , Driss Karim, Omar Chenbout et Moulay Ahmed Idrissi apparaissent sur l’écran et ce soir, on verra rejouer Mohamed Said AïŹïŹ dans Elle est diabĂ©tique et hypertendue et elle refuse de crever de Hakim Noury. « Pardonnez mon Ă©motion, mais j’aimais le talent, la beautĂ© et la culture de cet acteur que beaucoup de jeunes comĂ©diens n’ont pas aujourd’hui. C’était un grand angoissĂ©, un perfectionniste », raconte le rĂ©alisateur.

Le ïŹlm dĂ©bute, le Festival est lancĂ©. La soirĂ©e se prolonge au Rif avec Rachid El Ouali, acteur dans le long mĂ©trage en compĂ©tition, Les gars du Bled, ou encore Hassan Benjelloun, lui aussi attendu avec Les oubliĂ©s de l’ histoire. Mais Ă  Tanger, pas de limousine en warning ni de champagne en fontaine, le cinĂ©ma marocain aime la proximitĂ© sociale. A deux pas du Roxy, il sufïŹt de boire un cafĂ© chez Madame Porte pour rencontrer les rĂ©alisateurs et revenir avec Aziz Salmy sur ses Amours voilĂ©es (2008).

L’histoire d’une jeune femme voilĂ©e de vingt-huit ans, qui dĂ©couvre l’amour et transgresse tous ses principes, a fait scandale mais, un an plus tard, le rĂ©alisateur y trouve son compte. « J’ai des sujets Ă  dĂ©fendre et je suis lĂ  pour bouleverser les habitudes. Le public a Ă©tĂ© choquĂ© parce qu’il a justement tout compris, c’est de l’ hypocrisie sociale. Attendez de voir le prochain ! » Rachid El Ouali conïŹrme : « Nous ïŹlmons les problĂšmes sociaux, mĂȘme si une frange du public n’aime pas voir Ă  l’écran ce qu’elle vit dans la rue. J’aimerais avoir l’audace de faire un ïŹ lm sur l’ homosexualitĂ©, sur ces enfants rejetĂ©s dĂšs leur plus jeune Ăąge parce qu’on les croit malades. »

« Tu Ă©tais magniïŹque »

Ces dix derniĂšres annĂ©es, le cinĂ©ma marocain a Ă©voluĂ© avec les mƓurs et le changement politique ; c’est un honneur pour le critique Mohamed Bakrim de penser que « le cinĂ©ma s’ancre dans l’actualitĂ©, provoque le dĂ©bat et sert de vitrine au Maroc moderne ». Il est vrai que le comitĂ© d’organisation a frappĂ© fort cette annĂ©e en ouvrant avec Terminus des Anges. L’ignorance, la stigmatisation et le sida broient dans une mĂȘme torpeur trois vies, racontĂ©es en histoires courtes par trois rĂ©alisateurs. Narjiss Nejjar, Mohamed Mouftakir et Hicham Lasri ont chacun leur style et le ïŹlm en a dĂ©routĂ© plus d’un.

Mais le tournage mĂȘme de ce ïŹlm est intĂ©ressant : les acteurs ont acceptĂ© de commencer sans salaire. L’envie a primĂ©. Quand les lumiĂšres se sont allumĂ©es, la talentueuse Nadia Megri, Ă©mue, s’est simplement approchĂ©e de Sanaa Akroud, sa camarade de jeu : « Tu Ă©tais magniïŹque. » Sanaa Akroud joue Ă©galement avec Rabie Kati pour IsmaĂ«l Saidi dans Ahmed Gassiaux, l’histoire d’un jeune homme qui grandit sans son pĂšre et dĂ©veloppe un sentiment nationaliste jusqu’à participer Ă  l’avĂšnement de l’indĂ©pendance.

Dans ChĂątiment de Hicham Aayane Alhayat, deux femmes qui ont perdu parents, enfants ou mari tentent de retrouver les coupables. Tout aussi Ă©garĂ©es, les Ăąmes tangĂ©roises dans Fissures, le dernier ïŹ lm de Hicham Ayouch, et celle du personnage jouĂ© par Said Bey dans The man who sold the world des frĂšres Noury. Si l’on se contente de lire les synopsis, les ïŹlms choisis pour la compĂ©tition ofïŹcielle ne semblent pas hilarants. « C’est vrai que les Marocains ont un petit goĂ»t pour les tragĂ©dies familiales Ă  l’égyptienne et que la sĂ©rie mexicaine Ayna Abi fait un carton, commente une cinĂ©phile de 28 ans. Mais on ne pourrait pas se passer de comĂ©dies ! »

Bienvenue alors dans le destin fabuleux de Rouiss, Ex chamkar, comĂ©die en compĂ©tition de Mahmoud Frites. On y retrouve Said Bey, Bouchra Ahraich, Majdouline Drissi et RaïŹk Boubker dans le rĂŽle d’un SDF qui tombe amoureux de Malak, une jeune ïŹlle issue des beaux quartiers.

Casanegra aux Oscars

« C’est toute la diversitĂ© de notre cinĂ©ma, revendique Rachid El Ouali. MĂȘme si l’on s’inquiĂšte des fermetures de salles, le public est toujours lĂ  » et les choses pourraient mĂȘme Ă©voluer. En ouverture du festival, le maire de Tanger a promis de rĂ©nover les salles de cinĂ©ma de la ville du dĂ©troit. Applaudissements de la salle. 700 000 tickets ont Ă©tĂ© vendus en 2009, un bon chiffre pour le Maroc.

Rien de comparable Ă©videmment avec les dix millions d’entrĂ©es, dĂšs janvier, du super high-tech Avatar de James Cameron mais les statistiques le prouvent : au moins deux ïŹlms marocains sont arrivĂ©s l’an passĂ© en tĂȘte d’afïŹche devant des productions hollywoodiennes et bollywoodiennes, chose rare.

Les AmĂ©ricains ont eux-mĂȘmes bien regardĂ© de ce cĂŽtĂ©-ci de l’Atlantique puisque Casanegra a Ă©tĂ© choisi Ă  l’unanimitĂ© parmi dix ïŹlms en compĂ©tition pour reprĂ©senter le Maroc aux Oscars 2010. Les europĂ©ens viennent aussi faire leur marchĂ©. Salvatore Leocata est italien et travaille pour le Festival belge du ïŹ lm de Bruxelles. Avec lui, quatre reprĂ©sentants du Festival français du ïŹ lm arabe : « Nous venons dĂ©couvrir et choisir les long mĂ©trages que nous programmerons chez nous en octobre. Notre festival sera cette annĂ©e entiĂšrement consacrĂ© au Maroc. » A la table voisine, Hassan Benjelloun discute avec Lahcen Zinoune. Un petit thĂ© et puis s’en vont, le prochain ïŹ lm va bientĂŽt commencer.

Maud Ninauve (Tanger)

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