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Du rire aux larmes 
Actuel n°89, vendredi 8 avril 2011
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Sur un sujet tragique, le terrorisme, une comédie bien rythmée et désopilante. Opération Casablanca est en avant-première mondiale au Mégarama dès le 13 avril.


***

Ne vous y trompez pas, Opération Casablanca ne se passe pas à Casablanca alias « Casanegra » ; il s’agit de la Maison-Blanche rebaptisée ainsi par des terroristes arabes.

Après Fragile, son premier long-métrage, Laurent Nègre a réalisé une comédie hilarante sur une thématique sensible, le terrorisme. Et surtout, il nous fait découvrir un comédien marocain talentueux, Tarik Bakhari.

Tous les clichés sont au rendez-vous

Du délit de faciès au tapis de prière, en passant par la violence du militantisme fanatique, les prétextes politiquement incorrects à une comédie sont tous réunis. Et dans une atmosphère du culte du politiquement correct et de la langue de bois, le film fait tache et surprend agréablement.

Enfin, on peut rire et tourner en dérision des représentations pour la plupart infondées : tous les Arabes sont des terroristes, tous les Maghrébins veulent s’installer en Europe à n’importe quel prix...

Le personnage principal du film est interprété par un nouveau visage de la scène marocaine, Tarik Bakhari. Laurent Nègre a fait un casting à Casablanca pour trouver Saâdi, cet « immigré clandestin typé » qui va s’embourber dans une situation pour le moins loufoque.

Saâdi a la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Naïf et déterminé à s’établir en Suisse, il est accusé d’être à la tête de la cellule Casablanca qui a enlevé le secrétaire général de l’ONU, un Japonais friand de sushis.

Dès lors, les événements s’enchaînent, et le jeune Marocain est balloté du quartier général de la police à celui des terroristes qui, grâce à un subterfuge, le prennent pour un des leurs. On ne s’ennuie pas une minute, l’action est omniprésente et le rire aussi.

Humour féroce et regard aiguisé

Laurent Nègre a réussi le pari de nous faire franchement rire avec des situations et des répliques coups de poing, à la fois choquantes de vérité et hilarantes, par leur dérision féroce.

Le personnage interprété par Tarik Bakhari comprend rapidement qu’il faut qu’il s’en sorte coûte que coûte et joue sur tous les tableaux. Faisant face aux terroristes, il se fait passer pour leur chef, puisque que dans les organisations clandestines, personne ne connaît personne.

Le scénario, écrit par Laurent Nègre, démontre une véritable connaissance de la culture maghrébine, du rôle de la mère dans la famille, de la darija et de ses jeux de mots, de la relation à la religion et aux traditions. Une vraie chasse aux idées reçues à travers les dialogues et le jeux des acteurs.

Bahaa Trabelsi

Tarik Bakhari  A star is born

D’une carrure moyenne, timide et d’une grande modestie, Tarik Bakhari pourrait ĂŞtre monsieur-tout-le-monde si ce n’est cette facultĂ© qu’il a Ă  investir les rĂ´les. Tragique dans L’os de fer de Hicham Lasri et comique  dans OpĂ©ration Casablanca, il passe d’un registre Ă  l’autre avec aisance. « Le comĂ©dien est un compositeur qui doit s’adapter au rĂ´le et il faut savoir jouer plusieurs mĂ©lodies », explique Tarik Bakhari qui a d’abord commencĂ© par le théâtre avant le cinĂ©ma. Le conservatoire chez Afifi, puis trois ans avec Tayeb Saddiki, le cinĂ©ma est venu après.


Questions à Laurent Nègre, Réalisateur de Fragile et d’Opération Casablanca.

« Ce film est une sorte de pont entre Casa, Genève et…Tokyo »

Votre premier long-métrage était un drame, le passage à la comédie n’a pas été trop abrupt ?

L’argument d’Opération Casablanca précède Fragile. Il m’a été difficile à l’époque de convaincre les partenaires de production de se lancer dans un film comme Opération Casablanca qui est un projet conséquent pour un premier long-métrage.

Avec le recul, je suis content d’être passé par la réalisation de Fragile qui m’a permis d’être plus en confiance dans mon travail. Le passage de l’un à l’autre n’a pas été abrupt : ce qui compte pour un film de ce genre, c’est de bien préparer le terrain et le scénario d’abord, puis de s’entourer de personnes qui partagent la vision du projet.

Avec Tarik Bakhari, cela a été un coup de cœur ?

J’ai eu la chance d’être accompagné, pour le casting, par un complice d’expérience, M. Mostafa Ziraoui, qui a très bien perçu le personnage. J’ai dû voir une quarantaine de comédiens à Casablanca.

Parmi eux, de nombreuses personnes de talent. Quand Tarik est entré dans la pièce, très vite, je me suis senti arriver à bon port. Les deux propositions de scènes étaient interprétées avec une extrême justesse.

Pourquoi cette volonté de tourner en dérision les clichés sur le terrorisme ?

Le cortège de clichés sur le « terrorisme arabe », c’est le triste fardeau d’un cinéma de genre (action, thriller) principalement américain, et qui me gave au plus haut point. Ce cinéma très cher, très républicain, simplifie tout et empêche de prendre du recul vis-à-vis du réel.

Ce que peut la comĂ©die par rapport aux sujets difficiles, c’est amener un dĂ©calage vis-Ă -vis des clichĂ©s pour permettre au spectateur de rĂ©flĂ©chir,  et de dĂ©compresser.

On peut lire sur votre site : « La comédie est pour moi une planche de salut dans un monde qui devient chaque jour un peu plus absurde. » Le rire est une panacée ?

La panacée je ne sais pas, mais un remède homéopathique sûrement ! A prescrire d’urgence. Nuit et jour !

A travers les répliques, on a l’impression que vous maîtrisez la darija...

Maîtriser la darija, j’aimerais tellement ! Sur la base du scénario, on a pu prendre le temps avec Tarik et d’autres comédiens et intervenants, de réfléchir, de transformer des concepts, des gags en dialogues solides et réalistes vis-à-vis du personnage de Saâdi.

Pourquoi avoir choisi Casablanca pour une première mondiale ?

Avec Dan Wechsler, le producteur, on en a rêvé comme d’un pari surréaliste. Aujourd’hui, grâce aux efforts et au coup de cœur du distributeur marocain, Mégarama, ce pari est relevé et j’en suis très heureux. Je crois que ce film a du sens ici, aujourd’hui, comme une sorte de grand pont entre Casa, Genève et…Tokyo.

Propos recueillis par Bahaa Trabelsi

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