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Le jour oĂą Benohoud a repris ses pinceaux 
actuel n°54, samedi 3 juillet 2010
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En réalisant des toiles qui s’inspirent de l’univers numérique, le grand photographe évite de tomber dans le cliché. Parcours d’un artiste complet.

***

Quand je suis devenu prof d’arts plastiques, j’ai pris conscience que je ne savais pas dessiner. » Hicham Benohoud avait pourtant tout appris au lycée technique de Marrakech : le modelage, le fusain, les perspectives. Mais pas les techniques de reproduction de la réalité qu’il considère comme les plus importantes : le dessin, la peinture à l’huile… Il est vrai que dans les années 80 à Marrakech, on ne trouvait que des crayons basiques HB. Alors, Hicham Benohoud, jeune professeur, prend le train en direction de Casablanca pour acheter de vrais crayons de pro à trois dirhams pièce. Son objectif, c’est alors de dessiner avec la précision d’une photo. « J’ai commencé par faire des séries, les yeux puis les oreilles, le nez, de face, de profil. Puis j’ai attaqué le portrait. » Une fois le dessin acquis, il passe à la peinture à l’huile. « J’ai repris le train pour Casablanca, on n’en trouvait pas non plus à Marrakech. » Il apprend grâce à un livre à mélanger les couleurs, comment rendre un dégradé, peindre les ombres en bleu et pas en noir... Il s’initie à la peinture académique. La vraie, la classique, celle qui s’expose du Louvre à Florence. Deux petits portraits de cette période sont exposés à l’Atelier 21. Ils prouvent la très grande maîtrise du peintre autodidacte. La technique du clair-obscur fait penser aux tableaux de Georges de La Tour.

Un peintre ambitieux

Hicham sait peindre comme un photographe du XXe ou un maître du XVIe. Ce sont de Vinci, David et Rembrandt qui l’inspirent. « Ce qui m’intéressait, c’était le côté technique de la peinture. Je voulais peindre comme les classiques. » Une question le taraude alors : « Pourquoi les peintres arabes n’ont jamais peint de manière classique ? Il n’y a pas que Cherkaoui, Belkahia, Kacimi... même les figuratifs comme El Glaoui peignent de manière stylisée. » Les artistes d’ici se sont inscrits dans l’universalité de l’art moderne à travers des signes et des symboles qui rappelaient leurs origines marocaines. Benohoud, lui, tourne le dos à ce refus de l’académisme en reproduisant la tradition classique européenne.

Et puis du jour au lendemain, il abandonne la toile. « Une fois la technique apprise, j’avais besoin de m’exprimer le plus librement possible. » Et pendant quinze ans, Hicham Benohoud devient photographe. C’est même l’un des photographes marocains les plus reconnus. Il expose en Europe et en Amérique. Après avoir intégré la discipline artistique de l’Occident, il s’approprie une liberté d’expression encore impensable en terre musulmane. Il photographie des corps et des têtes, il les découpe, il les triture. Il transforme son crâne chauve en logo. C’est son signe qu’il expose et customise. Mais toujours en photo.

Jusqu’à cette année. Jusqu’à sa première exposition à Casablanca, à l’Atelier 21. C’est l’espace de cette galerie qui lui a donné envie de reprendre ses pinceaux. Il comprend trois lieux distincts pour lesquels il conçoit trois séries : des photographies grand format de son buste et de sa tête transformés en poupées de cellophane ou en boule de billard, des répétitions de mini-photographies comme des planches de timbres-poste et de très grandes toiles exposant à nouveau son crâne. Le résultat est moins dérangeant que sur les photos, mais pas moins étonnant. L’oeuvre la plus singulière de cette série est une toile pixélisée, véritable clin d’oeil à son oeuvre de photographe. Son visage est découpé en centaines de carrés et l’effet est saisissant surtout quand on s’avance lentement vers l’oeuvre habilement placée face à l’entrée. Quand la peinture à l’huile brouille une photographie numérique, c’est un art séculaire qui se confronte à un visuel hyper moderne. Un pinceau vaut bien Photoshop.

Benohoud peut revenir au pays. Après quinze ans d’exil, l’artiste s’installe à Casablanca. La boucle est bouclée.

Eric Le Braz

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