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CinĂ©ma cherche monteur dĂ©sespĂ©rĂ©ment 
actuel n°132, vendredi 9 mars 2012
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Au Maroc, les rĂ©alisateurs ont du mal Ă  trouver un chef monteur. Souvent,  ce sont des Français qui interviennent pour les films marocains. Jusqu’à quand ?  Les Ă©coles de l’audiovisuel forment-elles au montage ou seulement Ă  la technique ?


 

 On l’appelle « la chambre Ă  coucher », les histoires se font et se dĂ©font dans une salle de montage. Mais surtout, l’histoire finale du film est rĂ©Ă©crite Ă  ce moment-lĂ . C’est l’étape initiale de la post-prod. Toutefois, le rĂ´le du monteur demeure mĂ©connu du grand public. Ces orfèvres de l’image ne sont pas mĂ©diatisĂ©s, ils sont quasi invisibles et c’est d’ailleurs leur mĂ©tier qui l’exige !

Lorsque l’on parle de la réussite d’un film, on se réfère au réalisateur, aux comédiens, mais jamais au monteur. Il est pourtant celui qui donne à l’œuvre son rythme, sa dernière écriture. Godard n’appelait-il pas le montage, son « beau souci » ?

 

Trois mois de tournage, sept mois de montage

Pour saisir l’importance de ce métier, un exemple s’impose. Easy rider, de Dennis Hopper, film culte des années 70, a été tourné en trois semaines seulement, mais le montage a duré sept mois, et ce n’est pas une exception ! En clair, un réalisateur passe plus de temps en montage qu’en tournage.

Voir les images, les revoir, s’arrêter, reprendre le film au début… voir, revoir à nouveau dans le détail, choisir, confronter des plans… Ces interventions ponctuent les longues heures que passe un monteur devant son écran. Le monteur est, avant tout, un créateur d’émotion. Sinon les histoires qu’on nous raconte au cinéma seraient linéaires, banales, « du théâtre filmé ».

 

Le maillon faible

Si le montage n’avait pas existĂ©, le cinĂ©ma serait mort ! D’ailleurs, les frères Lumière, eux-mĂŞmes, ne croyaient pas en l’avenir de leur invention. Mais si le film a Ă©voluĂ©, c’est parce qu’il a trouvĂ©  son propre langage, a inventĂ© sa propre grammaire, et on peut dire aujourd’hui que le montage a rĂ©volutionnĂ© le monde du cinĂ©ma.

« Les histoires que l’on raconte au cinéma sont les mêmes depuis longtemps. Mais la créativité, c’est la forme par laquelle on raconte cette histoire. Et c’est là que le monteur intervient. Ce dernier va apporter une nouvelle façon de voir le film. Il peut surprendre le réalisateur et sortir des effets que l’on n’avait pas imaginés au départ », explique le réalisateur et producteur, Ali Essafi.

Malheureusement, ce maillon de la chaîne de production fait défaut au Maroc, et l’on fait très souvent appel à des compétences étrangères, souvent françaises. Le cinéma marocain a pourtant connu une sommité dans le domaine. Mohammed Bouanani, qui nous a quittés l’année dernière, était celui qui avait donné à Wachma (un grand classique marocain réalisé par Hamid Bennani en 1970), sa dramaturgie finale. Que s’est-il passé depuis que ce monstre sacré a quitté le cinéma ? « Bouanani a formé tout une génération au Centre cinématographique marocain, poursuit Ali Essafi, mais comme il n’y a pas d’écoles, la transmission n’a pas poursuivi son chemin. »

 

Enfin des Ă©coles !

Depuis quelques annĂ©es, de plus en plus d’écoles d’audiovisuel forment au son, Ă  l’image et au montage. Mais cela ne semble pas suffisant et on continue d’importer le savoir-faire Ă©tranger. « Il faut faire la diffĂ©rence entre deux aspects, prĂ©cise Ali Essafi, dans le montage, il y a le chef monteur et le technicien. Le technicien peut coller, couper, monter des pubs, des films institutionnels, voire mĂŞme des tĂ©lĂ©films. Un chef monteur est davantage dans la  structure, dans la narration, il faut qu’il ait un background très important. Et beaucoup d’expĂ©rience de montage pour rĂ©aliser ce travail avec succès. »

 

Pas de matières d’éveil

Pour Hicham Bajjou, monteur et enseignant Ă  l’école d’audiovisuel, Studio M, Ă  Casablanca, le problème vient de très loin. « Chez nous, il n’y a pas d’introduction Ă  la culture de l’image avant d’arriver Ă  une spĂ©cialisation comme le montage. Le jeune qui a Ă©tudiĂ© Ă  l’école marocaine, n’a pas ces rĂ©fĂ©rences-lĂ . Parce qu’on n’enseigne pas les matières d’éveil dans notre système scolaire. Les Ă©tudiants qui arrivent dans les Ă©coles d’audiovisuel n’ont pas un bagage qui leur permette de faire une critique d’image, d’avoir une opinion. On laisse le soin Ă  la tĂ©lĂ© de leur enseigner la culture »,  s’indigne Bajjou.

A Studio M, les étudiants passent par une remise à niveau de trois mois avant d’accéder à une spécialisation. Le cycle de deux ans aboutit à la formation de techniciens monteurs. A l’Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech (Esav), en revanche, le cycle de formation est de quatre ans, dont une année de tronc commun. Beaucoup d’étudiants se dirigent vers cette école dont la formation commence à porter ses fruits. En effet, Youssef Mernissi (promotion 2010) a été chef monteur de Zéro de Noureddine Lakhmari. Ghislane Assif, également lauréate de l’Esav, a obtenu le prix du meilleur montage au festival de Tanger pour le film Le scénario.

Vincent Melilli, directeur général de l’Esav semble plutôt optimiste, « Tous les ans, l’école forme une dizaine de monteurs. Il faut dire aussi que le mythe du réalisateur disparaît peu à peu. Nous formons de plus en plus de monteurs », se réjouit-il. En attendant, les réalisateurs cherchent toujours des monteurs, certains se chargent eux-mêmes de cette étape primordiale et le résultat n’est pas toujours convaincant !

Amira GĂ©hanne Khalfallah

D’abord, un métier de femmes

Au début du cinéma, le montage était d’abord un métier de femme, d’ouvrière, proche de celui des couturières. Il fallait une grande précision et beaucoup de patience, des vertus qu’on attribuait exclusivement aux femmes. Armées de leurs ciseaux, les monteuses passaient leurs journées dans les studios à couper et à coller. A ce moment-là de l’histoire du cinéma, le réalisateur n’assistait pas au montage, c’est le producteur qui suivait ce qu’on appelle toujours d’ailleurs « the final cut ».

Mais alors, quand les hommes sont-ils arrivés ? Eh bien, dès le début du cinéma parlant. La cause ? A l’époque, elle semblait évidente pour ces messieurs. L’arrivée du son et de l’appareillage électrique qu’il nécessitait a entraîné l’évolution du matériel jusque-là essentiellement mécanique. Le métier devenait d’un seul coup plus technique, donc plus masculin, et avait de quoi satisfaire leur testostérone !
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