Il y a eu, pendant le Festival international du film de Marrakech, des histoires drôles ou tristes à voir. Il y a eu aussi des histoires moins drôles que nous avons vécues et que nous vous proposons dans ce spécial festival. La coquetterie des organisateurs n’avait d’égal que les caprices des stars, et le tapis rouge s’est avéré être une drogue dure !
U n festival, c’est d’abord une ambiance. Et selon le degré de notoriété des participants, – star internationale, vedette nationale, débutant, figurant, journaliste étranger ou marocain –, l’ambiance était excellente, bonne, moins bonne ou carrément exécrable ! Entre les afters au très sélect So et la soirée de clôture surpeuplée au Pacha, les videurs se faisaient une joie de refouler les journalistes qui n’avaient pas de pass et autres « indésirables » qui essayaient de se faufiler.
Dans cette organisation assez chaotique, nous avons tout de même réussi à nous infiltrer. Et pour rester dans le mood, commençons par la fin : le palmarès. Le suspense autour du film gagnant n’a pas marqué la dernière journée du festival.
Dans les couloirs du Palais des congrès, on se souciait davantage de la soirée de clôture que des pronostics du palmarès. C’est donc (avec ou sans surprise) le long-métrage danois Out of bounds de Frederikke Aspock qui a obtenu le Grand prix.
Le Prix de l’interprétation masculine a été décerné à Daniel Henshall pour son rôle dans le film australien Snowtown, alors que celui de la meilleure actrice est revenu à Joslyn Jensen pour son rôle dans le long-métrage américain Without.
Le Prix du jury, présidé par Emir Kusturica, a été décerné au long-métrage australien Snowtown de Justin Kurzel. A ne pas confondre avec le Prix du jury du meilleur réalisateur, lequel a été attribué aux frères italiens Gianluca et Massimiliano De Serio pour leur film Seven Acts of Mercy.
Côté ambiance, Emir Kusturica a essayé de détendre l’atmosphère en tentant quelques jeux de mots, en vain. Les ovations étaient nourries, mais simulées. Mécaniques même. L’on voulait juste être de la partie ce soir-là .
La convivialité, la chaleur et l’émotion étaient absentes. Côté courts, L’arroseur de Mohamed Aouad a obtenu le Prix de la compétition Cinécoles de cette 11e édition. Emu, le jeune lauréat n’a pas trouvé de mots pour exprimer sa joie. Ce fut probablement le moment le plus sincère de la soirée !
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Moins de paillettes
Dans leurs petits mots de circonstance, les lauréats ont tous parlé de leur amour pour Marrakech, certains ont remercié le roi et les organisateurs mais personne n’a mis l’accent sur la manifestation.
En dépit d’un grand effort dans la sélection des films, le FIFM semble poursuivre encore sa quête identitaire. Après avoir vainement tenté de rivaliser avec les grands, le festival de Marrakech a, depuis 2006, commencé à se tourner davantage vers un cinéma d’auteur avec moins de paillettes. Etant de plus en plus ouvert sur les premiers films, le festival devrait servir de rampe de lancement pour les jeunes cinéastes. Or, souvent, les films primés à Marrakech ne vont pas très loin.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la conjoncture arabe actuelle fait que le FIFM a de moins en moins de concurrents, (annulation du festival d’Alexandrie). Mais il ne faut pas oublier le mastodonte du festival d’Abu Dhabi qui, à titre d’exemple, va permettre à Hicham Lasri de réaliser son nouveau film grâce à la bourse Sanad d’un montant de 20 000 dollars.
A Abu Dhabi, les artistes et les réalisateurs ne font pas que passer. Beaucoup de rencontres (one to one) sont organisées officiellement entre réalisateurs, producteurs et différents intervenants dans la chaîne de création cinématographique.
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Le FIFM a tout intérêt à se repositionner après onze années d’existence, et à s’investir davantage dans la création cinématographique afin d’étendre son influence au-delà de l’événement.
Ali Hassan Eddehbi et Amira Khalfallah
Reportage photo Brahim Taougar/actuel |