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Bouanani rĂ©Ă©ditĂ© en France et au Maroc 
actuel n°153, jeudi 2 août 2012
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L’hôpital d’Ahmed Bouanani sort le 4 octobre en France et au Maroc. Deux éditeurs s’associent pour faire ressusciter un texte majeur de la littérature marocaine.

 

Rares sont ceux qui ont lu L’hĂ´pital de Bouanani, pourtant un chef-d’œuvre de la littĂ©rature marocaine, une Ĺ“uvre forte et toujours retentissante. Le rĂ©cit, Ă©ditĂ© en 1990 chez Al Kalam, est en rupture de stock depuis de nombreuses annĂ©es. La bonne nouvelle, c’est qu’il est toujours  possible de se rattraper grâce aux Ă©diteurs français Verdier, et casablancais Dar El Kitab. Un hommage est enfin rendu Ă  l’immense talent de l’artiste, hĂ©las, une annĂ©e après sa mort ! Eh oui, les bonnes nouvelles se dissocient rarement des mauvaises ; et telle fut la vie du monstre sacrĂ© du cinĂ©ma marocain, une succession de drames et de rĂ©ussites.

Connu en tant que cinéaste, Ahmed Bouanani, né en 1938, a marqué plusieurs décennies par une œuvre foisonnante dont la résonance se fait encore entendre aujourd’hui. Ce touche-à-tout s’est essayé avec brio tout autant au cinéma qu’à la littérature. Poète de l’image mais aussi par les mots, Bouanani a disparu dans le silence le 6 février 2011. Il est mort dans une grande solitude, à Aït-Oumghar, dans la localité de Demnat.

Parmi ses ouvrages, L’hôpital. Lorsque je l’ai lu pour la première fois, je l’ai trouvé d’un réalisme déconcertant. En le relisant aujourd’hui, je trouve une fable inépuisable, des images qui s’étirent à l’infini, cet autre film que l’auteur n’aura pas réalisé.

Le roman raconte la force et la fragilité à la fois, dans une langue épurée où la poésie se cache et se dévoile dans les replis des phrases. Un livre qui soigne ou qui emprisonne. En tout cas qui ne laisse pas indifférent.

Amira-GĂ©hanne Khalfallah

 

 

Entretien avec David Ruffel qui dirige la collection  « ChaoĂŻd » chez Verdier.

«Une part importante de la littĂ©rature marocaine est en train de disparaĂ®tre» 

 

actuel. Qui est à l’origine de cette initiative ?

David Ruffel . A l’origine de cette réédition, il y a Omar Berrada pour les éditions Dar El Kitab, et moi pour les éditions Verdier où je dirige la collection « Chaoïd ». Deux éditeurs se sont associés pour faire ressusciter un même texte : un éditeur français pour assurer une bonne réception de ce texte en France et dans le monde francophone, un éditeur marocain pour une meilleure réception au Maroc et au Maghreb.

 

Pourquoi avoir choisi ce livre parmi tant d’autres ?

C’est un texte universel, un grand texte de littérature, aujourd’hui quasiment oublié et introuvable. C’est le travail d’un éditeur de littérature contemporaine que de faire renaître pour un large public des textes essentiels oubliés, qui sont des jalons importants dans l’histoire de la modernité mais aussi d’un pays. Une part importante de l’histoire de la littérature marocaine moderne (textes, fonds, etc.) est en train d’être oubliée ou de disparaître, faute de soins. Rééditer L’hôpital, c’est participer avec d’autres à rendre vivant et disponible cet héritage, capital pour le présent. Car cette fable violente et poétique, cette allégorie de l’enfermement, qui a comme source réelle un institut pour tuberculeux à Rabat, renvoie évidemment à la société marocaine des années 1980, et au-delà, à tous les systèmes politiques d’oppression.

Nous souhaitons enfin contribuer Ă  faire redĂ©couvrir aujourd’hui Ahmed Bouanani, artiste et intellectuel marocain essentiel au Maroc et ailleurs. En septembre, une rĂ©trospective de ses films est prĂ©vue Ă  Paris au Jeu de Paume, et Ă  la cinĂ©mathèque de Tanger en octobre. En 2011, c’est la Tate Modern Ă  Londres qui lui  a rendu hommage.

 

Quelle résonance peut avoir ce livre aujourd’hui ?

Dans le contexte politique marocain et arabe actuel, ce texte est d’une grande actualité et devrait trouver une résonance particulière pour les lecteurs marocains, français et francophones. Il y a aussi la volonté de faire lire en France un récit qui ne correspond pas à ce qu’on lit actuellement de la littérature marocaine : un texte proche de certains grands écrits de la modernité, comme ceux de Walser, Kafka… et dont la langue d’écriture, le français, porte en profondeur la langue et la culture populaire marocaines.

 

Propos recueillis par Slimane Ammor et Amira-GĂ©hanne Khalfallah

Un avant-goût de L’hôpital, Al Kalam, 1990.

 

Extrait

« L’atmosphère de ces lieux facilite la croissance d’étranges champignons dans l’imagination. Je suis à toute heure pris entre le vertige et le délire. Je sens chaque jour ma mémoire se cicatriser sur sa purulence, réduit à un être squelettique à faire rigoler les corbeaux et les vautours que je devine tournoyer autour de moi dans des cauchemars. Il va falloir m’habituer à cohabiter avec mes compagnons d’infortune dans ce monde pas plus étrange qu’un autre, où seul, quelquefois, le silence ressuscite, bien malgré moi, des saisons douloureuses. Mes compagnons ? Pour la plupart, ils n’ont plus de bonne raison pour repartir d’ici, égarés dans l’épaisseur de leurs rêves. Quant à moi, il me semble que je suis venu pour la journée, il y a quinze jours ou un siècle, et que j’ai oublié de repartir. Vers où ? Dans un autre temps, au-delà des murailles de l’hôpital, là où j’avais un nom, une occupation, une raison d’être. Aujourd’hui, mon nom est un numéro, j’occupe le lit n° 17 dans le Pavillon C, je suis un pyjama bleu fripé parmi d’autres pyjamas bleus fripés, membre d’une frairie mélancolique et joyeuse, qui ne se pose plus de questions depuis longtemps. Je ne me confesse pas. Je ne cherche pas à soulager ma conscience comme on soulage ses intestins ou sa vessie… »

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