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RĂ©cit : On n’a pas fini de rĂ©Ă©crire l’histoire 
actuel n°152, jeudi 26 juillet 2012
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Journaliste et correspondant de guerre puis fondateur de journaux, Christian Houel était proche tantôt de Moulay Hafid, tantôt des militaires et des colons. Il raconte le Maroc, plutôt ce qu’il a vu du Maroc à partir de 1907.

 

Christian Houel est journaliste, enfin, entre autres ! L’auteur de Mes aventures marocaines, paru à Casa Express Editions, est également aventurier. Il est le premier journaliste à arriver au Maroc juste avant le débarquement de Casablanca. S’exprimant parfaitement en arabe, vu qu’il est né à Médéa (Algérie), il sait aussi s’habiller, selon les circonstances, en Marocain ou en Français. Drapé dans ses amples burnous et djellabas, l’envoyé spécial du Matin et de La Dépêche marocaine (et futur fondateur de La Vigie marocaine) a été le témoin de troubles majeurs qui ont secoué le pays : la révolte de Casablanca, le dépeçage du Maroc, la prise de pouvoir de Moulay Hafid… Le journaliste se découvre d’ailleurs de nouvelles vertus et devient émissaire de ce dernier auprès de l’armée française. Caméléon, aventurier, journaliste, selon les circonstances, il s’adapte à ses intérêts ou encore aux idées qu’il défend. « Je me moque bien de la politique ! Je suis le Huron qui ne sait plus ni qui il est, ni où il va, mais qui est curieux d’aller voir d’autres gens de la Huronie », confesse-t-il. Transcrivant parfois à moitié des événements, comme le massacre des Chaouias en 1907, les récits d’Houel font écho à des histoires lues et apprises autrement. En tout cas, il nous donne de nouveaux éléments qui permettent de recouper des événements historiques. Le fil conducteur du livre est l’auteur, ses rencontres, ses aventures. Ce recueil d’articles, paru pour la première fois en 1954, a été retrouvé par Guillaume Jobin, éditeur de Casa Express Editions, qui a décidé de les republier. Un livre qui vient lier notre histoire à notre présent.

Amira-GĂ©hanne Khalfallah

 

«L’époque était très violente»

 

Entretien avec Guillaume Jobin, coĂ©diteur de la jeune maison d’édition  Casa Express Editions et prĂ©sident de l’Ecole supĂ©rieure de journalisme Ă  Paris.

 

actuel. Christian Houel paraît insaisissable. Etait-il du côté des Français ou des Marocains ?

Guillaume Jobin. Quand on lit la partie dans la Chaouia, on voit bien qu’il n’est pas du côté des pachas, glaouis, etc. C’est un vrai Marocain. Il est très légitimiste, et du coup il ne sait plus très bien où prouver sa légitimité. Il n’est pas du tout pro-protectorat. Il n’est pas anti non plus mais il n’est pas pro.

 

C’est tout de même un caméléon…

Oui, il se fait plein d’ennemis. C’est donc un bon journaliste. J’aime bien son style très fluide et puis il n’a pas ce côté condescendant des Français de l’époque, du genre le Maghrébin est fier mais attention, il est fou.

 

Dans le passage sur l’arrivée des Français à Casablanca, on a l’impression que les bombardements ne font pas de morts et que les tribus de la Chaouia massacrent tout le monde.

Oui, on sait que les troupes françaises massacraient tout ce qui bougeait dans la médina. L’époque était violente. En 1907, les événements qui ont conduit au débarquement étaient très violents. Plus violents que ce que Houel laisse entendre d’ailleurs.

 

Il y a tout de même des passages assez incroyables. Quand il parle des troupes de la marine qui tirent par hasard sur des alliés marocains. Et ça ne lui fait ni chaud ni froid...

Il n’y a pas de sentiment dans ce métier. Toutefois, on sent qu’il aime bien les Marocains quand même, ce qui n’est pas le cas des journalistes de l’époque. J’ai trouvé un seul livre pro-Marocains. Maurice Tranchant de Lunel, l’architecte en chef de Lyautey, faisait dans le pro-maghrébisme à outrance mais il était le seul. Les autres sont marqués par l’époque coloniale.

Christian Houel est-il vraiment le premier journaliste à débarquer au Maroc ?

Il y a pléthore d’intellectuels marocains qui me disent qu’il y avait d’autres journalistes mais à chaque fois que je vérifie, je me rends compte que les autres ne sont pas journalistes mais plutôt chroniqueurs. Walter Harris, par exemple, est un espion même s’il a écrit quelques papiers dans le Times.

 

Qu’est devenu Houel après son départ du Maroc ?

On ne sait pas. J’ai cherché ses ayants droit et je ne les ai pas retrouvés. J’ai entendu dire qu’en France il avait agi avec les pétainistes et qu’il était dans la collaboration et l’anti-sémitisme. C’est le bruit qui court mais je ne sais pas si c’est vrai.

Il était tout de même du côté des juifs qui se sont fait massacrer par les tribus qui déboulaient sur Casablanca. Moi, je ne l’imagine pas antisémite. Je pense qu’il a voulu se racheter une conduite en 54. Peut-être. De toute façon, on n’a pas de certitude, on est obligé de faire de l’archéologie.

 

Ce livre est en quelque sorte un crescendo à l’envers. ça commence extrêmement fort et puis on arrive à un récit moins épique avec l’installation du protectorat...

Pour moi, le dernier chapitre est particulièrement intéressant parce que l’histoire de la monnaie hassanie est connue, mais Houel la présente sous un autre angle qui rappelle l’affaire des piastres en Indochine.

 

Comment est née Casa Express Editions ?

Notre maison d’édition est née un soir, suite à un dîner avec Karim Boukhari. En constatant mutuellement qu’on ne trouvait pas ce qu’on cherchait dans les librairies. La conversation venant, on s’est dit qu’il fallait monter une maison d’édition. Moi, c’était un de mes vieux fantasmes... pour perdre de l’argent !

 

Vous ĂŞtes Ă©diteur Ă  la base ?

J’ai écrit deux livres mais je n’ai jamais édité. Nous avons une quinzaine de parutions en préparation. Notre ligne éditoriale est simple, nous publions des livres de journalistes ou en rapport avec le journalisme.

 

Quel est votre circuit de distribution ?

Nous sommes distribués au Maroc par Sochepresse et, en France, par Oiseau Indigo qui touche quelque 200 librairies dans l’Hexagone, ayant un rapport avec le Maghreb au sens large.

 

Votre prochaine publication ?

On va éditer un recueil de chroniques de Zakaria Boualem. Je suis à la 21e lecture et je ne m’en lasse toujours pas.

 

Propos recueillis par Slimane Ammor et Amira-GĂ©hanne Khalfallah

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