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Yasmina Khadra : Ă  charge et Ă  dĂ©charge
actuel n°41, samedi 3 avril 2010
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Dans L’Olympe des Infortunes, l’auteur nous plonge dans l'ambiance glauque d’une décharge municipale et de ses clochards. Intéressant mais sans plus.

***

Yasmina Khadra sait « dragĂ©ifier » le sordide et le rendre plus digeste Ă  son lectorat. C’est le moins que l’on puisse dire après avoir passĂ© 232 pages dans les bas-fonds d’une dĂ©charge municipale, sans la moindre envie d’en sortir pour s’asperger de DDT.  Un phĂ©nomène qui trouve son explication dans les nombreuses  similitudes existant entre cette « poubelle gĂ©ante » et notre environnement rĂ©el.

 Dans l’Olympe, il y a, comme chez nous, des sages et des râleurs, des lèche-bottes et des braves, des manipulateurs et des pigeons. Chacun se dĂ©mène pour tirer son Ă©pingle du jeu et passer pour moins imbĂ©cile que son voisin.

 Ach, le personnage central vit dans ce lieu depuis des annĂ©es avec Junior, le simplet. Son quotidien, il le passe Ă  mettre en garde son jeune protĂ©gĂ© contre les mĂ©faits de la ville, des biens  matĂ©riels ou tout simplement contre les autres marginaux de l’endroit. MĂŞme s’il justifie ce trop plein de sermons par la grande affection que lui porte le vieillard, Junior ne peut s’empĂŞcher de se sentir  Ă©touffĂ©. EtouffĂ© et irrĂ©sistiblement attirĂ© par les lumières de cet ailleurs interdit.

 L’auteur distille son histoire sans nous encombrer de moralitĂ© dont sont friands bon nombre de ses pairs. L’Olympe des Infortunes (Dieu merci !) n’est pas lĂ  pour purifier nos âmes, ou changer nos vies, le livre est lĂ  pour tĂ©moigner des faits en leur apportant quelques  touches de cynisme, d’humour et accessoirement de romantisme ! Les plus belles dĂ©clarations peuvent parfois surgir d’un tas d’ordures et ĂŞtre prononcĂ©es avec la plus grande sincĂ©ritĂ© par deux amants Ă©mĂ©chĂ©s et fortement « testostĂ©ronĂ©s ». Bien vu ! Oui Ă  la crasse, oui Ă  l’ivresse, oui Ă  la philosophie de la benne mais non aux lourdeurs du rĂ©cit.

 En voulant trop jouer avec les mots et les mĂ©taphores, ce livre devient très vite un bourbier oĂą viennent se cĂ´toyer un registre soutenu et une dĂ©contraction un peu obscène. La grossièretĂ© gicle très souvent pour rien. Dans la foulĂ©e, on finit  aussi par se rendre compte que notre connaissance des personnages demeure assez superficielle. Difficile de vraiment s’imprĂ©gner de l’œuvre lorsque l’on ne sait des hĂ©ros que les quelques bribes concĂ©dĂ©es par l’auteur. Ce dernier pèche Ă©galement par un certain manque d’inspiration sur  la fin ; nous obligeant Ă  la relire juste pour vĂ©rifier  que la sensation de vide Ă©prouvĂ©e n’est pas due Ă  quelques incomprĂ©hensions, mais bel et bien Ă  un dĂ©nouement abrupt. Yasmina Khadra donne l’impression d’avoir trop vite voulu passer Ă  autre chose, son prochain roman peut ĂŞtre...

 Sabel Da Costa

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