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Hindi Zahra, la Billie Holiday marocaine 
actuel n°56, vendredi 16 juillet 2010
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L’une des plus brillantes révélations musicales de l’année sera ce dimanche à l’affiche du festival de Casablanca. Rencontre.

***

En attendant l’apothéose d’un concert à Casablanca dimanche soir, elle s’est produite dans la capitale du Souss la semaine dernière (voir page 50 à 54), C’est une région qui lui est chère puisque sa famille en est originaire, et un pays rêvé pour une artiste comme elle : « Déjà, dans le sud de la France, la réaction des spectateurs est très différente... méditerranéenne. Encore un peu plus en Espagne et encore mieux au Maroc ! »

Hindi semble tout simplement heureuse de retrouver un public qui lui est familier. Née au Maroc il y a trente et un ans, elle s’installe avec sa famille en France à l’âge de 13 ans. La jeune fille n’en a pas perdu pour autant un lien très fort avec son pays d’origine. Elle connaît bien le Royaume pour l’avoir parcouru au fil des mutations de son père, à l’époque militaire de carrière. Sa langue maternelle, ce n’est pas la darija, mais l’amazigh. C’est la seule langue – avec l’anglais – dans laquelle elle se sent vraiment à l’aise pour chanter. Sur son album intitulé Handmade sorti en janvier chez EMI Blue Note, elle se livre à une sorte de « grand écart » entre une langue « minoritaire » à l’échelle planétaire, et l’anglais qui règne en maître aujourd’hui sur le monde. Quelques chansons en berbère, et un grand nombre en anglais. Pourquoi ce choix ? « L’anglais est clairement pour moi la seule langue qui va droit au but, qui permet de dire les choses de façon limpide au plus grand nombre de personnes. C’est une langue facile à maîtriser dans laquelle je me sens à l’aise, qui est adaptée à l’improvisation. C’est aussi la langue avec laquelle j’ai fait mes premiers pas dans la chanson, lorsque j’ai commencé par des improvisations. »

Mais Hindi va plus loin en mêlant avec goût et intelligence les deux langues. Le titre Oursoul en est le parfait exemple. « Passé révolu », tel est son sens en berbère – au sujet des mariages arrangés – fait aussi penser à « notre âme » en anglais.

« La liberté de créer »

C’est comme chanteuse de jazz que Hindi a commencé sa jeune carrière. Mais il faut remonter beaucoup plus loin pour retrouver les traces d’une enfance baignée par la musique. Enfant, sa famille vit déjà au rythme de la world music avant l’heure : le chaâbi, Oum Kalsoum, le raï, le rock, le reggae, la soul, le jazz… « Comme dans toutes les familles marocaines, nous vivions ensemble à plusieurs générations, et chacun écoutait sa musique. Cela a sûrement créé un climat propice à la création musicale. » Toutefois, parmi toutes ces sonorités, c’est avec le jazz qu’elle se sent vraiment en affinité. « Le jazz, c’est le seul endroit où j’ai pu reconnaître des notes de chez moi. Le jazz, c’est la liberté de créer. C’est une grande école », déclare-t-elle dans sa biographie officielle. La filiation entre les créations musicales de Hindi et le jazz est telle que The Wire, le magazine britannique, n’a pas hésité à comparer la jeune Marocaine à Billie Holiday ! Pour elle, le jazz a un lien très fort avec la musique orientale : « Je reconnais beaucoup de notes orientales et berbères dans le jazz. »

Mais sa source d’inspiration, c’est aussi son pays d’origine. « J’ai eu la chance immense de grandir dans un pays très ouvert d’un point de vue culturel. Le Maroc, c’est une terre miraculeuse en matière de musique, on peut tout y écouter. La musique arabe, africaine, occidentale. Loin de vivre juxtaposées, ces musiques s’y mélangent. » A n’en pas douter, ce terreau favorable est à l’origine de ses créations marquées par le mélange des genres musicaux – tango, musique

tzigane, jazz, rythmes gnaoua – très caractéristique de l’album de Hindi Zahra. Les musiques qu’elle aime en particulier ? Tinariwen, Khaled, qu’elle qualifie de véritable « roi », mais aussi le rap de H-Kayne.

Autodidacte

Parmi les anciens, Nass el Ghiwane retient clairement son attention… Son album, elle l’a aussi voulu comme un hommage au travail manuel qu’elle estime trop souvent dénigré, à tort. « Ma musique est un hommage à toutes ces mains qui jouent de la musique, qui travaillent, qui fabriquent. J’ai été élevée parmi les femmes qui confectionnaient des merveilles, rien qu’avec leurs mains… »

Si les mélodies de Handmade paraissent toutes simples, elles n’en sont pas moins le fruit d’un travail de longue haleine. Hindi confie avoir écrit une cinquantaine de chansons ces cinq dernières années. L’autodidacte se révèle ainsi particulièrement prolifique, et farouchement indépendante. Elle écrit les textes, compose les musiques, arrange les titres. Modeste, elle avoue « avancer à un rythme de dromadaire ». Très lentement, mais sûrement. Avec la certitude que c’est avant tout son travail, elle sait clairement où elle va : « Je veux tout contrôler. C’est tout de même ma musique ! » Du « cousu main », en quelque sorte.

Un prochain album dans les tuyaux ? Pas pour tout de suite, elle verra après sa tournée composée de plusieurs dizaines de dates réparties jusqu’au début de 2011, sans aucune coupure ou presque. Un véritable marathon qui la mène sur les routes de France et d’Europe, avec une incursion au Québec. Après Agadir et Casablanca en juillet, elle sera de retour au Maroc puisqu’elle se produira à Fès en octobre. Artiste complète, Hindi a d’autres talents, moins connus mais bien réels. Ainsi, outre la musique, Hindi peint. Elle a réalisé les illustrations de l’album, et avoue posséder un stock de toiles qu’elle exposera, « un jour peut-être… »

Cyril Bonnel Ă  Paris

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