Le Cirque du Soleil débarque pour la première fois à Casablanca du 6 au 15 avril. Une venue historique pour une troupe dont la réputation n’est plus à faire. Nous sommes partis en éclaireurs à Rome, histoire de voir à quelle sauce vous serez émerveillés.
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Saltimbanco, le show incontournable, traditionnel du Cirque du Soleil, fêtera ses vingt ans à Casablanca du 6 au 15 avril. L’idée du spectacle, pouvait-on lire sur les affiches, était de retranscrire un monde urbain dans lequel des personnages étranges sautent, courent, rient. De rappeler que la ville, ce ne sont pas que des visages sans expression qui partagent à contrecœur une banquette dans un autobus. Ou du moins que ça ne devrait pas être seulement ça. De manière générale, le message n’a pas grande importance. Le spectacle a le mérite de nous faire ouvrir des yeux de gamins en deux temps, trois mouvements.
La représentation commence avec une petite introduction qui déride rapidement le public. Tout le monde éteint volontiers son téléphone portable sur le conseil aigu de la jeune femme en robe rose. Tout va bien, on peut commencer.
Le groupe se met en branle et les éclairages s’agitent. Une guitare électrique commence à se lamenter, soutenue par un orgue et une voix de femme à la limite du lyrique. Un groupe de virtuoses oscillant entre rock et funk, déguisés en clowns, de la basse à la batterie. Une véritable cour des miracles se déploie sur la scène dans un tourbillon de couleurs. C’est un peu déstabilisant. Au début du moins. Des créatures multicolores rampent, puis se jettent sur des mâts et y grimpent à l’aide de leurs seules mains. Tout est synchronisé, tout arrive d’un coup dans les yeux et dans les oreilles. On n’entend pas de « ooooh » ni de « aaaaah » du côté du public, mais c’est tout comme.
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Un clown à l’ancienne
L’ambiance, bourrée de rebonds et de couleurs, conserve malgré tout un potentiel inquiétant, obscur. Il y a quelque chose derrière le voile multicolore. C’est surtout la musique, grandiloquente, qui laisse deviner que d’un moment à l’autre l’ambiance peut basculer du jour à la nuit. Le clown illustre bien le caractère doux-amer du spectacle.
Pas de doute, c’est un clown, un vrai de vrai. Un clown à l’ancienne, avec un bermuda rouge et un sourire béat. Il se déplace sur scène en faisant des bruits rigolos avec sa bouche. Une gamine, sur la gauche, commence à éclater de rire et contamine rapidement le reste du public. Eddy le clown s’invente des jouets avec une facilité déroutante. Une corde à sauter apparaît, une corde à sauter qui continue de tourner quand il la lâche. On rit de bon cœur. Mais vers la fin de son numéro, il se laisse bêtement enfermer dans les toilettes et manque de se noyer. On continue à rire mais c’est moins drôle. L’ambiance se fait plus pesante, les gamins moins rigolards.
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On en prend plein la vue
Saltimbanco se plaît aussi à montrer des personnages hauts en couleur, comme par exemple le Boleador. Les bolas, ce sont ces boules reliées à des chaînes qui tournoient dans l’air pour former des spirales. On l’appelle le boleador parce qu’il dompte ses bolas comme un taureau, et qu’il en profite pour leur faire frapper le sol dans un rythme de flamenco. Mais ce n’est pas son seul talent. Il est aussi très doué pour jouer du tambour. Pour finir quatre personnages en blanc s’accrochent à des trapèzes, se laissent tomber, remontent à l’aide d’élastiques, échangent leurs places, se jettent en avant, en arrière. On frissonne. On ne comprend pas très bien ce qui se passe. ça fait plus d’une heure et demie qu’on en prend plein la vue, qu’on se demande comment tout ça, techniquement, peut être possible et là , à la fin, on n’a même plus la force de s’étonner. On se contente de s’émerveiller tranquillement. Tout au long de la représentation, le public italien aura applaudi environ toutes les trente secondes. Dans un spectacle comme celui-là , l’enthousiasme n’a de cesse de culminer. C’en deviendrait presque fatigant. Bien sûr il resterait beaucoup de performances à décrire, mais il serait criminel de vous en ôter la surprise…
Nicolas Salvi |
Lever de Soleil
C’est le genre de choses qui commence par un simple rêve, et qui marche à force d’énergie et d’imagination. Quand on pense au Cirque du Soleil, à l’ampleur actuelle du phénomène, on imagine facilement qu’il tourne depuis de nombreuses décennies, que tout a commencé avec une troupe de troubadours qui, déjà au XVIe siècle, divertissaient les plus grands monarques du monde.
Eh bien non. Le Cirque du Soleil a commencé bêtement en 1984 à Montréal, au Québec. Au départ, c’est un jeune Québécois qui vole vers l’Europe pour devenir musicien ambulant. Guy Laliberté, le bien nommé, enjambe donc l’Atlantique à 18 ans. Là -bas, il prend goût aux arts de rue et au feu. De retour au pays, il rencontre d’autres artistes ambulants. Ils décident ensemble de prendre le taureau par les cornes et de faire du cirque leur gagne-pain. Epreuve ardue pour Laliberté et ses nouveaux compagnons de route, Gilles Sainte-Croix et Daniel Gauthier. Pour monter le projet de troupe itinérante de leurs rêves, les trois compères imaginent une opération de communication détonante. Gilles Sainte-Croix marchera les 90 kilomètres qui le séparent de la ville de Québec sur des échasses pour réclamer des subventions du gouvernement et ça paie !
La suite, vous la connaissez. Le Cirque du Soleil tourne d’abord au Québec, au Canada, puis dans le monde, se développe et rencontre un succès croissant. Les fondateurs Guy Laliberté et Daniel Gauthier se retrouvent à la tête d’une énorme machine qui semble encore aujourd’hui bien rodée. Le Cirque du Soleil rassemble désormais une vingtaine de spectacles, tous tendus vers une vision spécifique du cirque, sans animaux, avec une importance spéciale accordée aux acrobaties, au théâtre et à la musique. |
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