Du 29 février au 4 mars, Marrakech accueille sa quatrième biennale dédiée aux arts plastiques, à la littérature et au cinéma. Toute la cité sera traversée par un courant... d'art !
Quatre mois après le Marrakech Art Fair, la ville ocre s’ouvre à des plasticiens venus des quatre coins du monde. Pour cette édition, les attentes sont énormes. Un des événements phares de cette biennale est l’exposition « Higher Atlas », à laquelle participent 35 artistes.
Parmi eux, des noms qui nous sont familiers : Younes Baba Ali, Hassan Darsi ou encore Faouzi Laatiris qui se frottent à d’autres noms célèbres de la scène internationale comme la sulfureuse et anticonformiste Phoebe Collings-James, et la spécialiste des contrastes, Chi Wo Leung, pour ne citer que ceux-là .
S’il est permis de visiter autant d’univers artistiques en quelques jours et dans le même espace, c’est grâce à deux commissaires d’exposition bien connus dans le monde de l'art, Carson Chan et Nadim Samman, dont le CV est impressionnant malgré leur jeune âge. Entretien avec l’un des architectes de « Higher Atlas », Carson Chan.
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actuel : L’exposition « Higher Atlas » est un clin d’œil à la région de Marrakech, mais au-delà de la géographie, comment l'avez-vous construite ?
Carson Chan : Nous avons essayé, à travers cette exposition, de faire passer des idées contemporaines dans les domaines de l’art. Le principal enjeu est de présenter un travail qui soit accessible à un large public comprenant ceux qui ont un accès restreint à l’art contemporain mais aussi les personnes habituées à cette forme d’expression. C’est d’ailleurs pour cela que c’est la ville dans son ensemble qui va porter l’exposition. Ainsi, la place Jamaâ El Fna, le Cyber Parc, ainsi que le Théâtre royal tout près de la gare, vont tous se transformer en musées temporaires.
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Nous retrouvons dans une seule exposition des univers artistiques aussi éloignés que ceux de Hassan Darsi et de Luca Pozzi par exemple...
Hassan Darsi et Luca Pozzi ont, en effet, peu de choses en commun, mais je ne pense pas que la similarité entre les pratiques soit une condition pour rassembler des artistes autour d’un même événement.
L’exposition est davantage basée sur le modèle d’un « festival » que sur celui de biennales thématiques. En fait, c’est la diversité des expressions artistiques que nous voulions mettre en avant. Nous présentons des œuvres qui ne demandent pas un background pour être comprises. L’essentiel est de rassembler autour de la création.
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Comment s’est faite la collaboration avec Nadim Samman? Quelles sont vos différences essentielles et en quoi vos avis convergent ?
Nous avons découvert des artistes et des pratiques que nous ne connaissions pas auparavant, et nous avons monté une exposition qu’aucun d’entre nous n’aurait pu faire dans d’autres circonstances. Ma formation initiale étant l’architecture, je dirais que j’apporte une dimension spatiale à l’événement.
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Que pensez-vous de la scène artistique contemporaine au Maroc et de son évolution ?
Découvrir le développement de la scène artistique au Maroc a été un véritable apprentissage. Ce que j’ai lu avant de m’installer à Marrakech a enrichi mes connaissances, mais rien ne peut remplacer le fait d’être simplement sur place. Je dirais que la scène artistique contemporaine ici, comme dans les autres villes du monde, est connectée à ce qui se passe à l’international grâce à Internet. Ici, les artistes s’observent les uns les autres, répondent à des codes sociaux spécifiques mais sont, comme partout ailleurs, influencés par l’extérieur.
Propos recueillis par Amira-GĂ©hanne Khalfallah |