Le Salon du livre et de l’édition se tient à Casablanca depuis le 10 au 19 février, avec l’Arabie saoudite en invitée d’honneur. Un nouveau ministre et de nouvelles orientations.
C’est le nouveau ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi, en fonction depuis un mois, qui a annoncé l’ouverture officielle de la 18e édition, du Salon international de l’édition et du livre de Casablanca (Siel).
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Pour sa première sortie médiatique, le ministre était plutôt détendu et assez confiant. A juste titre ! En peu de temps, Sbihi a réussi là où Himmich a échoué, c’est-à -dire rassembler autour de cet événement – si souvent désavoué – l’Association des éditeurs et l’Union des écrivains du Maroc.
De plus, aucun boycott n’a été annoncé jusqu’à présent. Lors de son discours tenu à l’occasion de la conférence de presse à Rabat, le 8 février, le ministre a misé sur la carte de la nouveauté et du changement.
D’abord, l’homme fort du ministère de la Culture promet « des rencontres régulières avec la presse pour la tenir au courant des différents programmes et leur avancement, et aussi mettre à profit les critiques (des médias) pour mieux avancer ! ».
Des promesses séduisantes, et le ministre ne s’arrête pas en si bon chemin. Il s’engage très vite sur d’autres fronts. Après avoir présenté cette nouvelle édition, Sbihi promet de revenir sur le bilan du Siel, et d’associer les différents partenaires, éditeurs et libraires à ses réflexions, pour donner à cet événement la dimension qui lui revient, et surtout un « cachet et une signature » afin de le différencier des autres rendez-vous livresques.
Cette recherche d’identité semble arriver à temps, à l’heure où le salon se disperse, manque d’originalité et de ligne éditoriale. Sbihi s’est également engagé sur la création d’autres salons régionaux, à travers tout le Maroc… des promesses à suivre de très près !
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Pourquoi le choix de l’Arabie saoudite ?
« Un temps pour lire, un temps pour vivre ! » est la thématique de cette 18e édition du Siel. L’Arabie saoudite, invitée d’honneur du Salon, est-elle à la hauteur de ces aspirations ? C’est-à -dire, proposer de bonnes feuilles à lire, à côté du religieux qui, souvent, fait l’apologie de l’idéologie wahhabite ?
« La production culturelle de l’Arabie saoudite ne peut être limitée au livre religieux, encore que le livre religieux a lui-même un public. Il y a aujourd’hui une émergence de la vie culturelle de l’Arabie saoudite et un regain d’intérêt pour la chose culturelle dans son aspect large, et ouvert sur le monde.
Il faut le soutenir, et lors de ce salon, vous le verrez, il y aura également des recueils de poésie, des romans, à côté, certainement, de livres religieux. Notre démarche est un soutien à cette nouvelle vie en Arabie saoudite », justifie le ministre. La lecture n’est-elle pas une aventure ? Jetons-nous à l’eau et essayons de croire à ces belles paroles car l’heure n’est certainement pas au bilan !
Comme tous les ans, et cela est devenu une tradition, il y a bien sûr la polémique ! Si la surface dédiée à l’événement est toujours de 23 000 m2, le prix de la location des espaces a, quant à lui, augmenté de 20%. Ce qui a soulevé quelques indignations chez les éditeurs. Abdelkader Retnani de La Croisée des chemins appelle à la sagesse, et sa priorité est de « participer au salon. Nous négocierons les prix après », insiste-t-il. La magie Sbihi semble opérer !
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Honneur aux femmes
S’il n’y pas de femmes au gouvernement, on peut par contre se réjouir de les voir dignement représentées au stand du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). L’orchestre des femmes de Tétouan, l’interprête du malhoun Touria Hadraoui, Fatima Aït Bounoua, Hassnae Bouazza, Samira El Ayachi, Meriem Laslami, et bien d’autres auteures et artistes seront également à découvrir lors des rencontres programmées par le CCME. Et parce qu’un livre, peut aussi être « écouté », Amal Ayouch lira des extraits de La civilisation à ma mère de Driss Chraïbi.
Les rencontres entre le public et les auteurs sont aussi une raison d’être du Salon du livre. Des plus attendues, celle avec Mohamed Tozy, qui abordera un sujet d’actualité : les Marocains du monde dans la nouvelle Constitution.
On a, par contre, du mal à avoir une vision globale de la programmation du Siel. La version 2012, qui est toujours aussi dispersée, (le ministère n’annonce que sa propre programmation), a misé sur la quantité (40 pays, 700 maisons d’édition) mais reste toujours aussi classique.
Dédicaces ou débats peu stimulants avec des thématiques assez obscures : L’écriture et l’espace marginal ; Les défis renouvelés ; La société du savoir et les défis du développement...Et on se demande pourquoi ces conférences n’attirent pas beaucoup de monde !
Amira GĂ©hanne Khalfallah |