Onze ans de festival, de paillettes et de stars… Cette année, le Festival international du film de Marrakech mise moins sur les têtes d’affiche et donne plus de visibilité aux nouveaux cinéastes ainsi qu’au cinéma marocain.
Du 2 au 10 décembre va se dérouler, à nouveau, le tapis rouge, vont s’enchaîner films, master classes, hommages, coups de cœur… avec une petite variante. Cette année, le FIFM se concentre sur les découvertes.
Pour cette onzième édition, dix des quinze films en compétition sont des premiers films. Le festival met ainsi en avant des cinéastes méconnus. Une ligne que semblent partager les différents membres de la fondation porteuse de l’événement (voir entretien ci-contre).
Cette édition propose de nouvelles formes cinématographiques à travers des cinémas très différents. C’est L’amante du Rif de Narjiss Nejjar qui ouvrira le bal. La réalisatrice du film primé Les yeux secs revient à son Rif natal. Mis à part le synopsis, on ne sait pas grand-chose sur ce long-métrage. De plus en plus, les cinéastes semblent avoir du mal à se confier sur leur nouveau-né...
Ce n’est pas un hasard si l’on a choisi un film marocain à l’ouverture. Cette année, le festival semble donner un peu plus de visibilité au cinéma national en marge de la compétition officielle.
Dans la catégorie coup de cœur on pourra voir The end de Hicham Lasri, Andalousie mon amour de Mohamed Nadif ou encore Le retour du fils d’Ahmed Boulane. Hors compétition, nous aurons droit à du bon cinéma avec, Death for sale de l’excellent Faouzi Bensaïdi, ou encore Omar m’a tuer de Rochdy Zem.
Le jury présidé par Emir Kusturica devra évaluer des films marocain, danois, mexicain, espagnol, iranien… quinze pays au total ! Malgré la diversité géographique, et la pluralité des regards cinématographiques, toutes ces nouvelles productions semblent traversées par un dénominateur commun.
Le monde va mal, le cinéma le raconte
A la lecture des synopsis, un fait est frappant ! Le drame social semble phagocyter le cinéma d’aujourd’hui. Les thématiques abordées sont aussi touchantes que l’histoire des survivants du génocide de Srebrenica, racontée par Ahmed Ivanovic dans Belvédère, ou celle d’une infirmière aux Philippines essayant de faire de son mieux malgré le peu de moyens pour soigner ses patients dans Baby Factory du Philippin Eduardo Roy Jr, ou le vécu de pauvres et attendrissants voleurs relaté par l’Iranien Amir Hossein Saghafi dans Death is my profession.
La terre outragée de Michale Boganim (France-Allemagne-Pologne) expose le drame de la radioactivité, lorsque Tongpong Chantarangkul (Thaïlande) décrit une mère dans le coma dans I carried you home.
Les drames familiaux et sociétaux inspirent les cinéastes d’aujourd’hui. Le monde va mal et rien ne semble éclaircir les horizons.
Jouant sur la corde de la sensibilité, les réalisateurs annoncent-ils une nouvelle tendance cinématographique plutôt dramatique ? Les tragédies de la vie semblent frapper les réalisateurs de quinze pays différents, espérons que le traitement ne soit pas tiède !
Amira GĂ©hanne Khalfallah |