Ce jeune crĂ©ateur fait aujourdâhui partie des plus grands stylistes de mode installĂ©s sur le sol amĂ©ricain.
Comment avez vous débuté dans ce métier ?
HICHAM OUMLIL : Jâai dâabord commencĂ© par travailler dans des maisons de couture avant de mâintĂ©resser au stylisme pour mon propre compte. CâĂ©tait ma destinĂ©e. Un ami peintre grec mâa aidĂ© Ă organiser mon premier dĂ©ïŹlĂ© en septembre 2006, et câest ainsi que jâai Ă©tĂ© remarquĂ©. En 2008, jâai remportĂ© le trophĂ©e du Groupe international de mode des jeunes talents. Ă partir de lĂ , les choses sont allĂ©es trĂšs vite. Jâai dĂ©crochĂ© de nombreuses couvertures de magazine et les VIPs ont commencĂ© Ă assister Ă mes shows. Jâai dĂ» redoubler dâefforts pour me faire un nom.
Pourquoi vous spécialiser dans les créations pour homme ?
Sans doute pour prouver que la mode nâa rien de superïŹciel. Câest un art et les hommes sont trĂšs sensibles Ă lâart. Par ailleurs, mon savoir-faire sâexprime beaucoup mieux Ă travers les vĂȘtements masculins que fĂ©minins.
Ă qui sâadressent vos collections ?
Ceux qui achĂštent mes crĂ©ations sont gĂ©nĂ©ralement des optimistes, trĂšs jeunes dans leur tĂȘte, aimant les arts et la dĂ©couverte de nouvelles cultures. Pour moi, la mode nâexiste pas grĂące aux vĂȘtements, mais grĂące aux gens qui les portent et qui inspirent leur crĂ©ation. Ces gens nous rappellent Ă quel point la vie peut ĂȘtre belle.
Que représente pour vous votre récente nomination par le guide American Beauty dans le groupe des meilleurs créateurs de mode des USA ?
Câest non seulement un grand honneur pour moi, mais ça lâest Ă©galement pour mon pays. HonnĂȘtement, jâai Ă©tĂ© trĂšs surpris dâavoir Ă©tĂ© classĂ© parmi des designers ayant plus de 30 ans dâexpĂ©rience. Nous Ă©tions dâailleurs seulement deux crĂ©ateurs pour homme (Thom Browne et moi).
Que gardez-vous de vos passages chez HermĂšs et Versace ?
Le premier mâa enseignĂ© lâimportance dâun savoir-faire minutieux tandis que le second mâa appris Ă ĂȘtre audacieux et imaginatif. Des qualitĂ©s indispensables dans ce domaine.
Est-ce que ça a Ă©tĂ© difïŹcile de faire votre place Ă New York en tant que Marocain ?
Le plus grand obstacle dans cette ville est dâordre ïŹnancier. Les AmĂ©ricains vous adoptent trĂšs facilement lorsque vous avez du talent, mais il faut savoir ĂȘtre patient. Jâai dĂ©butĂ© mon affaire dans un petit local avec seulement 3 000 dollars en poche, personne ne mâaurait pris au sĂ©rieux si ce nâĂ©tait mon CV en bĂ©ton. Ă New York, le Maroc a une trĂšs bonne rĂ©putation, mon approche a consistĂ© Ă en donner une image moderne et le public a accrochĂ©. Aujourdâhui jâaimerais que mon histoire serve dâexemple Ă tous les jeunes qui souhaitent emprunter cette voie.
Comment se fait-il que vous soyez plus connu aux Ătats-Unis que dans votre propre pays ?
La Fashion Week de New York est un Ă©vĂ©nement majeur qui concentre Ă©normĂ©ment de stylistes, de photographes et de magazines. Ce qui mâintĂ©resse le plus, câest avant tout de reprĂ©senter mon pays, pas de devenir cĂ©lĂšbre.
Quel est votre créateur marocain préféré?
Jâadore le travail dâAlber Elbaz pour Lanvin. Je suis sĂ»r que trĂšs peu de Marocains savent que ce styliste hors pair est nĂ© Ă Casablanca et nâa quittĂ© le Maroc pour IsraĂ«l quâĂ lâĂąge de 9 ans. Il parle toujours de son pays natal comme dâune immense source dâinspiration. Il est tout simplement gĂ©nial!
Propos recueillis par Sabel Da Costa |