Cette année, Génération Mawazine joue les finitions : peaufiner les derniers détails à quelques jours du coup d’envoi de la 10e édition du festival Mawazine, tout en offrant aux lauréats un nouveau départ. Reportage.
***
Explosion de joie. A l’annonce de leurs noms, les gagnants se sont précipités sur la scène pour brandir leur trophée : Awson, rbati, lauréat de la catégorie électro, les Rwapa Crew, venus de Fès pour défendre avec succès les couleurs du rap, et le groupe Babel de Mohammédia, grand vainqueur de la catégorie fusion.
En coulisses, les membres du jury félicitent les lauréats, et prodiguent leurs derniers conseils à ceux qui repartiront sans trophée. On s’embrasse, on se félicite et, pour certains, on y va même de sa petite larme. « Ça fait des années qu’on y travaille. On revient de loin et nous sommes très reconnaissants à Génération Mawazine, au jury et au public », confie le leader du groupe Rwapa Crew, encore sous le coup de l’émotion.
« En réalité, précise l’un de ses acolytes, c’est maintenant que le travail va vraiment commencer. On ne sait pas encore comment tout cela va se dérouler, mais on compte beaucoup sur cet encadrement que promet Génération Mawazine pour nous faire progresser et évoluer. »
La tension retombe certes d’un cran, mais pas pour tout le monde. Particulièrement sous pression, les forces de l’ordre et les auxiliaires de sécurité ont été sur le pied de guerre toute la soirée pour s’assurer que la manifestation se déroule sans heurts. Il faut dire que l’ombre de l’attentat à Marrakech plane encore.
Sans compter qu’avant le coup d’envoi du concert, les manifestants anti-Mawazine n’ont pas manqué de faire entendre leur voix, avant d’être dispersés par les forces de l’ordre. « C’est un peu un test aujourd’hui », reconnaît l’un des membres de l’organisation, à moins de deux semaines du coup d’envoi du festival Mawazine.
Malgré ces contraintes, le public n’a pas boudé son plaisir. Selon les organisateurs, plus de 15 000 spectateurs ont fait le déplacement. Aux abords de la scène, les familles ont préféré éviter la fosse pour profiter sereinement du spectacle.
Cette année, la finale du concours s’est déroulée près du Bouregreg, sur l’une des plus importantes scènes du festival, offrant aux candidats en lice une plateforme de choix pour exprimer leur talent, et aux organisateurs l’occasion de prendre la mesure de la logistique à déployer dans les prochaines semaines.
« Coaching artistique »
Si la finale a permis de donner un pré-coup d’envoi et de roder les équipes au bon déroulement de Mawazine, elle marque aussi un nouveau départ pour les candidats grâce à l’accompagnement artistique et médiatique offert aux vainqueurs.
« Il y a du potentiel mais un handicap à surmonter : si les leaders de la scène actuelle marocaine se sont inspirés de la scène internationale, la nouvelle vague se base sur la scène locale. On ne peut pas se contenter de puiser ses influences parmi des artistes qui sont eux-mêmes en train de se chercher », analyse Nabyl Guennouni, l’un des cinq membres du jury de cette 6e édition.
Ce dernier ajoute que le jury assurera, comme depuis deux ans déjà , un suivi hebdomadaire des gagnants, véritable « coaching artistique ». Il cite en exemple le groupe Africa United, lauréat de la catégorie fusion en 2010.
« Africa United a beaucoup évolué, cela s’est vu ce soir ; et cela m’a fait très plaisir de constater leur bon niveau. Aujourd’hui, ce sont de jeunes talents capables d’animer une scène », se félicite Nabyl Guennouni. Pour les lauréats, l’aventure ne fait en somme que commencer.
|